Civilisation Indus !!?? Culture unifiée !!

 

Oubliée par l’Histoire jusqu’à sa redécouverte dans les années 1920, la civilisation de l’Indus se range parmi ses contemporaines, la Mésopotamie et l’Égypte ancienne, comme l’une des toutes premières civilisations, celles-ci étant définies par l’apparition de villes, de l’agriculture, de l’écriture, etc.

Si la civilisation de l’Indus n’est pas la première civilisation antique, la Mésopotamie et l’Égypte ayant développé des villes peu avant, elle est cependant celle qui connaît la plus grande extension géographique. À ce jour, sur les 1 052 sites qui ont été découverts, plus de 140 se trouvent sur les rives du cours d'eau saisonnier Ghaggar-Hakra. D’après certaines hypothèses, ce système hydrographique, autrefois permanent, arrosait la principale zone de production agricole de la civilisation de l’Indus.

La plupart des autres sites se situent le long de la vallée de l’Indus et de ses affluents mais on en trouve aussi à l’ouest jusqu’à la frontière de l’Iran, à l’est jusqu’à Delhi, au sud jusque dans le Maharashtra et au nord jusqu’à l’Himalaya. Parmi ces sites, on compte de nombreuses villes comme Dholavira, Ganweriwala, Harappa, Lothal, Mohenjo-daro et Rakhigarhi. À son apogée, sa population pourrait avoir dépassé cinq millions de personnes.

Les prédécesseurs [modifier]

La civilisation de l'Indus a été précédée par les premières cultures agricoles de l'Asie du Sud qui sont apparues dans les collines du Balouchistan, à l'ouest de la vallée de l'Indus. Le site le mieux connu de cette culture est Mehrgarh, datant des années 6500 av. J.-C.. Ces premiers fermiers maîtrisèrent le blé et domestiquèrent une grande variété d'animaux, en particulier ceux constituant le bétail. La poterie y était utilisée vers 5500 av. J.-C. La civilisation de l'Indus s'est développée à partir de cette base technologique, en se répandant dans la plaine alluviale de ce que sont, de nos jours, les provinces actuelles pakistanaises du Sindh et du Penjab.

Autour de 4000 av. J.-C., une culture régionale originale, appelée pré-harappéenne, apparaît dans cette aire (elle porte ce nom car les sites de cette culture sont retrouvés dans les premières strates des villes de la civilisation de l'Indus). Des réseaux commerciaux la relient avec des cultures régionales parentes et avec des sources de matières premières, telles que le lapis-lazuli et autres pierres fines utilisées dans la fabrication de perles à collier. Les villageois ont domestiqué à cette époque un grand nombre d'espèces tant végétales dont les petits pois, les pois chiches, les grains de sésame, les dattes et le coton, qu'animales telles que le buffle, un animal qui reste essentiel à la production agricole dans toute l'Asie actuelle.

Émergence de la civilisation [modifier]

Autour de 2600 av. J.-C., quelques sites pré-harappéens se développent en cités, abritant des milliers d'habitants, essentiellement des agriculteurs. Par suite, une culture unifiée apparaît dans toute la zone, aplanissant les différences régionales de sites éloignés de plus de mille kilomètres. Cette émergence est si soudaine que les premiers chercheurs ont pu penser qu'elle résultait d'une conquête extérieure ou d'une migration. Depuis, les archéologues ont fait la preuve qu'elle est issue de la culture pré-harappéenne qui l'a précédée. En fait, il semble que cette soudaineté soit le résultat d'un effort délibéré, planifié. Par exemple, quelques sites paraissent avoir été réorganisés pour se conformer à une planification réfléchie. C'est la raison pour laquelle la civilisation de l'Indus est considérée comme la première à avoir développé une planification urbaine.

Déclin et effondrement [modifier]

Durant 700 ans, la civilisation de l'Indus fut prospère et ses artisans produisirent des biens d'une qualité recherchée par ses voisins. Puis aussi soudainement qu'elle était apparue, elle entra en déclin et disparut.

Vers 1900 av. J.-C., des signes montrent que des problèmes apparaissent. Les gens commencent à quitter les cités. Ceux qui s'y maintiennent semblent avoir des difficultés à se nourrir. Autour de 1800 av. J.-C., la plupart des cités ont été abandonnées. L'âge d’or du commerce interiranien, marqué par la présence de nombreux « trésors » et riches métropoles (coupe sur pied et bol tronconique), semble prendre fin vers -1800 av. J.-C. à -1700 av. J.-C., au moment même où les textes mésopotamiens cessent de parler du commerce oriental. Les grandes agglomérations de Turkménie orientale (Altyn-depe et Namazga-depe) sont abandonnées et les grandes métropoles de la vallée de l’Indus disparaissent. Dans l'aire correspondant à la civilisation de l'Indus, le processus de régionalisation s’accentue avec la disparition des éléments le plus caractéristiques de l’unité harappéenne : l’écriture, les sceaux ou les poids. De nombreux éléments survivent pourtant au long du IIe millénaire av. J.-C. dans les régions orientales et méridionales de la zone.

Dans les siècles suivants et contrairement à ses contemporaines, la Mésopotamie et l'Égypte ancienne, la civilisation de l'Indus disparaît de la mémoire de l'humanité. Contrairement aux anciens Égyptiens et Mésopotamiens, les Indusiens n'ont pas construit d'imposants monuments de pierre dont les vestiges perpétuent le souvenir.

En fait, le peuple indusien n'a pas disparu. Au lendemain de l'effondrement de la civilisation de l'Indus, des cultures régionales émergent qui montrent que son influence se prolonge, à des degrés divers. Il y a aussi probablement eu une migration d'une partie de sa population vers l'est, à destination de la plaine gangétique. Ce qui a disparu, ce n'est pas un peuple mais une civilisation : ses villes, son système d'écriture, son réseau commercial et – finalement – la culture qui en était son fondement intellectuel.

Causes de l'effondrement [modifier]

Une des causes de cet effondrement peut avoir été un changement climatique majeur. Au XXVIe siècle av. J.-C., la vallée de l'Indus était verdoyante, sylvestre et grouillante de vie sauvage. Beaucoup plus humide aussi. Les crues étaient un problème récurrent et semblent, à plus d'une occasion, avoir submergé certains sites. Les habitants de l'Indus complétaient certainement leur régime alimentaire en chassant, ce qui semble presque inconcevable aujourd'hui quand on considère l'environnement desséché et dénudé de la zone. Autour de 1800 av. J.-C., le climat s'est modifié, devenant notablement plus frais et plus sec. Mais cela ne suffit pas pour expliquer l'effondrement de la civilisation de l'Indus.

Tracé hypothétique de la Sarasvatî et des cours d'eau voisins au moment de l'existence de la civilisation de l'Indus, selon la théorie l'identifiant à la civilisation des véda

Le facteur majeur pourrait être la disparition de portions importantes du réseau hydrographique Ghaggar-Hakra, identifié par certaines théories au fleuve Sarasvatî. Une catastrophe tectonique pourrait avoir détourné les eaux de ce système en direction du réseau gangétique. En fait, ce fleuve, jusqu'alors mythique, fait irruption dans la réalité lorsqu'à la fin du XXe siècle, les images satellitaires permettent d'en reconstituer le cours dans la vallée de l'Indus[réf. nécessaire]. De plus, la région est connue pour son activité tectonique et des indices laissent à penser que des événements sismiques majeurs ont accompagné l'effondrement de cette civilisation. Évidemment, si cette hypothèse était confirmée et que le réseau hydrographique de la Sarasvatî s'est trouvé asséché au moment où la civilisation de l'Indus était à son apogée, les effets ont dû être dévastateurs. Des mouvements de population importants ont dû avoir lieu et la « masse critique » indispensable au maintien de cette civilisation a pu disparaître dans un temps assez court, causant son effondrement.

Une autre cause possible de l'effondrement de cette civilisation peut avoir été l'irruption de peuples guerriers au Nord-Ouest de l'actuelle Inde et qui auraient provoqué la rupture des relations commerciales avec les autres pays (les actuels Ouzbékistan et Turkménistan méridionaux, la Perse, la Mésopotamie). Or le commerce est l'une des raisons d'être des villes : elles se développent surtout autour des ports ou des nœuds routiers. Ces peuples guerriers étaient peut-être les Indo-Aryens qui se trouvaient en Bactriane aux alentours de l'an 2000 av. J.-C.. Ce sont eux qui ont apporté le sanskrit en Inde. Ils auraient donc indirectement provoqué la désorganisation des cités de l'Indus avant de s'installer en Inde vers 1700 av. J.-C.[1].

Article détaillé : Théorie de l'invasion aryenne.

Au XIXe siècle, les ingénieurs britanniques découvrent des ruines qui ne stimulent pas leur curiosité mais qui sont des sources abondantes de briques, un matériau commode pour la construction des chemins de fer. Leur exploitation a détruit un certain nombre de sites archéologiques.

 

Les bâtiments principaux étaient construits en briques, cuites ou crues, d'une forme rigoureusement standardisée. Un système décimal de poids et mesures était utilisé dans toute l'aire. Les villes les plus peuplées comptaient jusqu'à 30 000 habitants.

À Harappa, Mohenjo-daro et sur le site récemment découvert de Rakhigarhi, les plus connues et probablement les plus peuplées des villes de cette civilisation, la planification urbaine incluait le premier système au monde de traitement des eaux usées. À l'intérieur des villes, l'eau était tirée de puits. Dans les maisons, une pièce était destinée aux ablutions, les eaux usées étaient dirigées vers des égouts couverts qui longeaient les rues principales. Les maisons ouvraient seulement vers des cours intérieures ou sur des petites ruelles, se tenant ainsi éloignées des éventuelles mauvaises odeurs.

Le rôle de la citadelle est encore sujet à débat. Contrairement aux civilisations contemporaines de la Mésopotamie et de l'Égypte, aucune structure de grande taille n'était ici construite, aucune ne semble avoir été un temple ou un palais donc pas de trace matérielle prouvant l'existence de roi, d'armées ou de prêtres. Certaines structures sont cependant identifiées comme des greniers qui signifierait l’existence de surplus agricoles, une raison de cette floraison urbaine.

Les maisons sont d’une superficie de 50 à 120 m2. Elles possèdent un étage auquel on accède par un escalier intérieur. Certaines sont dotées d’un puits privé, les autres sont approvisionnées en eau par des puits publics. Les maisons sont équipées de salles de bain dont les eaux usées sont évacuées par une rigole en plan incliné qui conduit au caniveau de la rue.

Les différents quartiers de Mohenjo-Daro ont été reconstruit à plusieurs reprises suivant le même plan. À chaque fois, le système de canalisation et d’égout a été réaménagé, ce qui suppose l’existence d’une autorité publique. Pourtant, aucun des bâtiments de Mohenjo-Daro et de Harappa ne peut être considéré comme un temple ou un palais. Aucune trace n’indique avec certitude la prédominance d’une classe de rois ou de prêtres.

La plupart des habitants des villes semblent avoir été des commerçants ou des artisans, vivant ensemble dans des zones bien définies déterminées suivant leur activité. Des matériaux, provenant de régions lointaines, étaient utilisés dans la confection de sceaux, de perles et d'autres objets. Les sceaux comportent des représentations animales, divines et des inscriptions. Quelques-uns d'entre eux étaient utilisés pour faire des sceaux dans l'argile mais ils avaient probablement d'autres emplois. La découverte de sceaux jusqu’en Mésopotamie atteste de l'existence d'un commerce lointain.

Bien que certaines maisons soient plus grandes que d'autres, il ressort de l'observation de ces villes, une impression d'égalitarisme, de vaste société de classe moyenne, toutes les maisons ayant accès à l'eau et au traitement des eaux usées.

À la lumière de la dispersion des objets manufacturés de la civilisation de l'Indus, son réseau commercial intégrait une immense zone, incluant des parties de l'actuel Afghanistan, du Nord et du centre de l'actuelle Inde et s'étendant des régions côtières de la Perse à la Mésopotamie.

À partir de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C., des échanges entre la vallée de l’Indus et le golfe Arabique sont attestées par les tablettes sumériennes qui font référence à un commerce oriental important avec la lointaine contrée de Meluhha – à rapprocher du mot sanskrit mleccha, non-aryen – qui semble se référer aux Indusiens, le seul indice qui nous permet de penser que son peuple utilisait ce mot pour se nommer. De nombreux objets de type Indus (jarres, cachets, poids de pierre) ont été découvert sur les sites du Golfe, région identifiée avec Dilmun qui, dans les textes mésopotamiens, sert d’intermédiaire avec Meluhha. Des sites harappéens apparaissent à des distances considérables de la vallée de l’Indus, notamment à Shortugaï (sur l’Oxus au Nord-Est de l’Afghanistan), à Sutkagan-dor (frontière entre le Pakistan et l’Iran) ou à Lothal (au Gujarat). De vastes agglomérations se développent également en Turkménie méridionale (Altyn-depe, Namazga-depe) où les contacts avec le Baloutchistan sont attestés depuis le Ve millénaire av. J.-C.

 Agriculture [modifier]

La nature du système agricole de la civilisation de l'Indus est toujours largement sujet à conjectures du fait de la pauvreté des informations qui ont pu nous parvenir. Quelques spéculations sont envisageables néanmoins.

La civilisation de l'Indus devait être fortement productive. En effet, son agriculture devait engendrer des surplus permettant de nourrir les dizaines de milliers d'urbains qui n'étaient pas impliqués dans la production agricole, au moins de façon primaire. Elle devait s'appuyer sur les importants progrès techniques de la culture pré-harappéenne dont la charrue. Cependant, bien peu de choses sont connues sur ces agriculteurs et sur leurs méthodes. Certains d'entre eux devaient probablement exploiter les sols alluviaux fertiles laissés par les cours d'eau après les crues saisonnières mais cette méthode n'est pas considérée comme suffisamment productive pour combler les besoins des villes. On ne trouve cependant pas de traces de systèmes d'irrigation bien que ceux-ci aient pu être détruits par des crues fréquentes et catastrophiques.

L'hypothèse du despotisme hydraulique, concernant l'apparition de la civilisation urbaine et de l'État, semble donc être infirmée dans le cas de cette civilisation particulière. Celle-ci affirme, en effet, que les cités ne peuvent apparaître que lorsque des systèmes d'irrigation permettent de dégager des surplus agricoles importants. L'élaboration de ces systèmes implique l'émergence d'un pouvoir centralisé et despotique capable de supprimer tout statut social à des milliers de personnes et de les utiliser comme esclaves en exploitant leur force de travail. Il semble difficile de faire cadrer cette hypothèse avec ce que nous savons de la civilisation de l'Indus qui n'offre à ce jour aucune évidence de pouvoir royal, de présence d'esclaves, de mobilisation du travail par la force.

On considère souvent qu'une agriculture intensive requiert barrages, retenues et canaux. Cette supposition est aisément réfutée. Dans toute l'Asie, les riziculteurs produisent des surplus significatifs au moyen de rizières en terrasses à flanc de collines, en privilégiant un travail accumulé sur plusieurs générations, sans que cela implique quelque forme d'esclavage que ce soit. C'est peut-être ce type de stratégie qui avait été mis en œuvre ici.

 statues en calcaire [modifier]

Statuette du prêtre-roi trouvée à Mohenjo-Daro, National Museum, Karachi, Pakistan.

La représentation la plus courante d'une autorité étatique au sein de la civilisation de la vallée de l'Indus est celle d’un personnage barbu, coiffé d’un bandeau et portant un vêtement décoré de motifs de trèfles, souvent considérée, sans raisons véritables, comme celle du roi-prêtre de Mohenjo-Daro. Seule la tête et les épaules du personnages nous sont parvenues. L'hypothèse d'une autorité religieuse est due notamment aux yeux entrouverts du personnage, qui indiqueraient que l'homme est absorbé par la méditation, comme les dieux et ascètes de l'art indien. Néanmoins, les traits physiques et la cohérence dans l'éxécution des détails raprochent cette œuvre de la civilisation mésopotamienne. Son costume d'apparat, semé de dessins trifoliés (valeur symbolique?), n'a pas de comparaison en Inde, mais apparaît dans l'ancienne Mediterranée orientale. Les bijoux ornant la tête et le bras du personnage renforce l'hypothèse d'une figure importante de la société harrapéenne, peut-être un "roi-prêtre".

Glyptique [modifier]

Sceaux trouvés à Lothal.

De nombreux cachets en stéatite ont été découverts (environ 4 200 dont plus de 2 000 à Mohenjo-Daro). Ils portent des inscriptions dans une écriture pictographique composée de plus de 400 signes. Les cachets sont souvent décorés d’un animal unicorne mais aussi de zébus, buffles, tigres, éléphants, crocodiles et autres. D’autres cachets représentent des motifs mythologiques où un homme qui porte une coiffure à corne joue un rôle central. Il apparaît dans un arbre devant lequel se prosterne un autre individu. Parfois il est représenté assis à la façon des yogis et entouré d’animaux, ce qui explique qu’on en fait une représentation d’un proto-Shiva en Pashupati, une forme du dieu dite « maître des animaux ».

Écriture [modifier]

Article détaillé : Écriture de l'Indus.

Un autre domaine de la civilisation de l’Indus resté mystérieux est celui de l’écriture. Malgré de nombreuses tentatives, les chercheurs n’ont pas été capables, pour l’instant, de déchiffrer celle qui y était utilisée et dont certains pensent qu’elle transcrivait une langue proto-dravidienne. Le matériel disponible pose aussi problème, la plupart du temps il s’agit d’inscriptions sur des sceaux ou des pots de céramique et celles-ci ne dépassent guère quatre à cinq caractères, la plus longue en comprenant vingt-six. Par suite, on ne connaît pas non plus de fragments de littérature.

Du fait de la brièveté des inscriptions, quelques chercheurs ont suggéré que les inscriptions connues n’étaient peut-être pas une véritable écriture mais un système d’identification des transactions économiques, des signatures. Il est cependant possible que des textes plus longs aient existé mais ne nous soient pas parvenus si le support utilisé était périssable.

D’un autre côté, une large inscription a été découverte qui semble avoir été installée sur un panneau au-dessus d’une porte de la cité de Dholavira. On a émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’un panneau informant les voyageurs du nom de la cité, de façon assez semblable à ceux qui souhaitent la bienvenue aux visiteurs dans nos villes actuelles.

 

 Suite !!

 

 

 

 

 

 

 

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