Des équidés sont représentés par l'homme dès le XXXe millénaire av. J.-C. dans des peintures rupestres, mais ces animaux sauvages n'étaient probablement que chassés pour leur viande. La découverte la plus récente concernant la domestication du cheval la fait remonter à 5 500 ans, dans l'actuel Kazakhstan, au sein de la culture Botai[32]. Auparavant, on ne disposait d'une preuve irréfutable de la domestication du cheval qu'avec la découverte de trace d'utilisation de chariots funéraires dans la Culture d'Andronovo vers le IIe millénaire av. J.-C.. Selon l'hypothèse kourgane, la domestication des chevaux eut lieu en Ukraine vers IVe millénaire av. J.-C.
Depuis les premières représentations sur les parois des grottes comme la grotte de Lascaux, le cheval a toujours été présent dans la culture, que ce soit par le biais de mythes et de légendes, d'œuvres d'art ou d'œuvres de fiction.
Le cheval possède une vaste symbolique et des histoires à propos de chevaux fabuleux se retrouvent dans des pays aussi éloignés que la Grèce antique, l'Inde, la France, l'Iran ou les Philippines. Des qualités particulières et des attributs fantastiques peuvent être associés à ces chevaux, souvent décrits comme les montures des rois, des prophètes et des héros.
Le cheval est très présent dans la mythologie grecque, notamment avec Pégase, le fameux cheval ailé, et les Centaures, créatures mi-homme mi-cheval. Les cavales de Diomède sont des juments carnivores et sauvages capturées par Héraclès[51] ,[52]. Selon la tradition, Bucéphale, cheval d'Alexandre le Grand, descendrait de l'une des juments de Diomède[53]. Chez les Dieux, le cheval est l'attribut de Poséidon, dieu des océans et des mers, qui a créé cet animal et a appris aux hommes à le monter[54].
Le cheval a une grande place pour les peuples celtes à travers Epona, la déesse-jument gauloise dont le culte a été reprit par les romains, puis Morvac'h, un cheval noir du folklore breton, capable de courir sur l'eau. Certaines traditions perdurent jusqu'à nos jours, telle celle de la Kelpie, un cheval aquatique du folklore écossais qui transporte ses victimes dans l'eau. La mythologie nordique mentionne aussi un très grand nombre de chevaux dont le plus célèbre est Sleipnir, l'étalon à huit jambes du Dieu Odin. Au moyen-âge, l'image du cheval apparaît à travers la licorne, animal fantastique qui possède une longue corne sur son front. Elle ne pouvaient être approchées que par de jeunes vièrges. Saint Georges, martyr chrétien, est souvent représenté à cheval en train de terrasser un dragon. Il est le saint patron des chevaliers. Nombre de peuples indo-européens, tels les Germains et les Celtes[57], développèrent des cultes liés au cheval, que l'on sacrifiait rituellement. Certains vieux rituels, mal compris des romains, trouvent leur explication dans les Brâhmana[58]. Ainsi, le rituel romain d'October Equus, impliquant le sacrifice d'un cheval en octobre, est rapproché du rituel indien ancien appelé ashvamedha, bien mieux connu par les textes. Les mythes indo-européens sont fortement influencés par la domestication du cheval. En Allemagne du Nord, plus précisément dans la région de Basse-Saxe et de la lande de Lunebourg, on trouve encore beaucoup de maisons anciennes ornées de deux têtes de chevaux en bois : on pense qu'il s'agit là de la marque d'une tradition qui remonte aux temps où les têtes des chevaux sacrifiés étaient fixées sur les huttes pour protéger les habitants et bannir le mal. On a trouvé un cimetière en France contenant des tombes d'hommes et de chevaux disposés volontairement dans certaines positions[58]. Dans la tradition chinoise, le cheval représente les nomades des steppes. Il est aussi le symbole des « barbares ». Les Chinois s'en servaient pour tirer les chars mais évitaient de le monter,[réf. nécessaire] ce que semble attester le mythe de Chollima en Corée, un cheval ailé trop rapide pour être monté. Un autre mythe de cheval ailé existe au Bangladesh, celui de Ponkhiraaj. Un signe zodiacal chinois correspond au cheval. En Inde, un des avatars de Vishnou est le cheval blanc et cet animal est aussi lié aux hymnes à Indra, divinité de la guerre. Une figure mythique du cheval est le qilin, espèce de licorne asiatique. Dans la religion chrétienne, les cavaliers de l'Apocalypse montent chacun un des quatre chevaux apparus à l'ouverture des quatre sceaux. Ils sont mentionnés dans la Bible, dans le 6e chapitre du Livre d'Apocalypse, qui prédit qu'ils chevaucheront lors de la fin du monde. Les quatre cavaliers sont nommés « Guerre », « Famine », « Pestilence » et « Mort ». Selon certains contes, Allah créa le cheval à partir d'un pincée de vent et le donna au guerrier en lui déclarant : « Va et, sur son dos, tu goûteras aux jouissances que je te réserve dans mon paradis. »[59]. Kuhaylan est considéré comme étant le premier cheval dressé dans l'histoire de l'humanité pour les Arabes. Il s'agit du cheval d'Ismaël, fils d'Abraham. Les chevaux jouent un rôle important dans tous les textes fondateurs arabes. Ainsi, Al-Bouraq, dont le nom signifie « éclair », est le cheval ailé à tête de femme et queue de paon sur lequel Mahomet, guidé par l'archange Gabriel, a voyagé de nuit de La Mecque à Al-Aqsa (la mosquée lointaine) au cours du Miraj. Le Bouraq ou Burak est, selon la tradition islamique, un coursier fantastique venu du paradis, dont la fonction est d'être la monture des prophètes. Selon l'histoire la plus connue, au VIIe siècle, le Bouraq fut amené par l'archange Gabriel pour porter le prophète de l'islam, Mahomet, de La Mecque à Jérusalem, puis de Jérusalem au ciel avant de lui faire effectuer le voyage de retour au cours de l'épisode dit Isra et Miraj (signifiant respectivement en arabe : « voyage nocturne » et « échelle, ascension », qui est le titre d'un des chapitres du Coran). Le Bouraq a aussi porté Ibrahim (Abraham) lorsqu'il rendit visite à son fils Ismaïl (Ismaël), à la Mecque. Il est un sujet d'iconographie fréquent dans l'art musulman, où il est généralement représenté avec une tête de femme, des ailes, et une queue de paon.Mentions Le bouraq est lié au voyage nocturne de Mahomet, qui fut effectué par le prophète entre La Mecque et Jérusalem en une nuit, le nom d'« ascension » désignant son ascension de Jérusalem au ciel. Tout au long du voyage, le Prophète fut accompagné par l’Archange Gabriel (Jibril en arabe) qui le guida et lui montra les nombreux spectacles de l’Enfer et du Paradis. Selon certains textes, Gabriel mit à la disposition du Prophète une monture nommée al burāq, qui faisait des bonds gigantesques. Arrivé au plus haut des Cieux, le Prophète put s’entretenir avec Dieu, qui lui prescrivit les prières quotidiennes que les musulmans font[1].
Rôle et fonction à l'époque du paganisme nordique Les théories sur le rôle de Sleipnir dans la religion nordique tournent beaucoup autour de la notion de monture chamanique et d'animal psychopompe chargé d'emporter les morts au Valhalla[28]. La figure du cheval à huit jambes semble par ailleurs plus ancienne que celle du dieu Odin[29]. Régis Boyer attribue une fonction chamanique et psychopompe à Sleipnir, et note qu'avec Grani, il est le seul cheval mentionné comme capable de se rendre dans le royaume des morts[30], bien que des théories plus simples existent, comme celle qui veut que la représentation des huit jambes de Sleipnir soit issue du fait qu'il y avait deux chevaux à l'origine[28]. L'une des fonctions les plus fréquemment attribuées à Sleipnir est celle de monture pour le voyage chamanique, ainsi, les chevauchées qu’Odin et Hermodr font sur Sleipnir semblent s'apparenter à celle que les chamans sibériens font aussi sur leur monture[31] , et qui consiste à passer entre les mondes et par différents états de conscience. Le chaman est parfois capable de prendre lui-même la forme d'un oiseau ou d'une autre créature volante, mais il peut aussi utiliser une monture, le cheval est alors un véhicule et c'est l'esprit du cavalier qui le dirige[32]. Selon le Gylfaginning, Freyja aurait en effet apprit l'initiation chamanique nommée seidhr aux Ases, mais seul Odin serait devenu un maître dans cette forme de chamanisme épuisante[33]. Les surnoms « Hrossharsgrani » et « Jalkr » attribués au Dieu Odin indiquent aussi que celui-ci possède peut-être le hamr du cheval[29]. Le poème runique islandais de la rune Raido (qui signifie à la fois « chevauchée » et « voyage »), semble pouvoir s'appliquer à la fois à un voyage à cheval bien réel et à un voyage chamanique sur un cheval imaginaire, qui permet d'éviter que le pratiquant du seidhr ne s'épuise[31] : Sleipnir n'est pas le seul cheval dans la mythologie nordique décrit comme capable de voler par dessus les mers, puisque Gullfaxi est une monture de géant qui possède le même pouvoir[43]. Par ailleurs, de tels chevaux se retrouvent également dans la mythologie celtique à travers Enbarr, la monture de Manannan Mac Lir et de Niamh, ou encore dans le légendaire breton avec Morvac'h. Monture psychopompe et démoniaque
Tous les animaux d'Odin (Geri et Freki, Huginn et Muninn et Sleipnir) possèdent une symbolique à la fois positive et négative[42], et bien qu'il soit dépeint comme un cheval de bataille et une monture de héros, Sleipnir est également capable de descendre jusqu'au domaine spirituel des morts et d'en franchir les barrièrees, cette simple association en fait un animal « démoniaque » et mortuaire[49],[50],[13]. Un lien étroit a été mit en évidence entre Sleipnir et le Helhest, un cheval démoniaque issu du folklore danois, dans une étude de 1841. Sleipnir est la monture de la chasse sauvage, le « père des enchantements, capable de descendre dans les régions infernales », et Odin, le souverain des hommes, selle son cheval et descend dans les enfers souterrains de Hel avec lui. « Sleipnir est donc aussi le Helhest, ou cheval de l'Enfer, enfourché par Hel quand elle répand tous les maux imaginables sur la terre »[51]. Selon une étude du paganisme indo-européen par Jérémie Benoît, Odin n'est pas qu'un dieu guerrier, il est également magicien et possède une personnalité inquiétante, sa monture est donc vue comme un animal psychopompe et « démoniaque » par son origine comme par sa capacité à descendre dans les enfers de Hel sans aucune peur. La figure de Sleipnir comme psychopompe pourrait ainsi être à l'origine de diverses croyances mentionnant des chevaux maléfiques, comme le cheval Mallet du folklore français, la monture de la Guillaneu[52], ou encore la mara, personnification des cauchemars qui se matérialisait parfois sous la forme d'une jument nocturne tourmentant les dormeurs[53].
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Monture chamanique