« Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un ange avec une épée de feu dans la main gauche. Elle scintillait et émettait des flammes qui devaient, semblait-il, incendier le monde. Mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui. (Ceci semble signifier une intervention maternelle de la Vierge. Elle empêche la paternité de Dieu d’amender l’humanité en la frappant. Elle obtient de laisser agir patiemment la loi des conséquences du péché). L’ange, indiquant la terre avec sa main droite dit: “ Pénitence! Pénitence! Pénitence! ” Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir, un évêque vêtu de blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père.
Nous vîmes divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne liège avec leur écorce. Avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coup avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classe et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »
Une objection importante doit être faite ici. Parler d’un martyre de l’Église visible ne s’oppose-t-il pas à la promesse de Jésus faite à Pierre*: « Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle.[73] » Appuyé sur une telle parole, ne doit-on pas affirmer qu’il y aura toujours dans le monde un sacerdoce ministériel et donc un pape?
Pour répondre à cette objection, il convient de rappeler une autre promesse du même type faite à Marie au jour de l’Annonciation: « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il régnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ». Il convient de relire cette prophétie divine en regardant la croix de Jésus. Il existe une distance entre ce texte pris à la lettre et sa réalisation. Jésus est-il grand à la croix? Certainement pas extérieurement mais… spirituellement. Pourtant, Marie eut le cœur assez dilaté pour croire que les prophéties de gloire étaient accomplies ici et maintenant. A la fin du monde, il existera quelques chrétiens semblables à Marie qui comprendront, en contemplant le sacrifice final de Pierre, que les portes de l’enfer sont vaincues.
Il ne faut pas se tromper sur le sens réel des paroles de Dieu. Qu’on se souvienne du trouble analogue qui saisit la réflexion juive de l’Ancien Testament dans la tension d’une foi enseignant sans ambiguïté que “ Dieu comble de biens les hommes droits et renvoie les riches les mains vides ” et la constatation quotidienne de l’inverse. Cette dramatique expérience fut source d’une mutation spirituelle majeure depuis le livre de Job vers celui de la Sagesse, en préparation de la venue de Jésus. Au temps de leur gloire, les Juifs tuaient comme hérétiques les prophètes qui osaient annoncer, chose impossible en raison de la présence réelle de Dieu, la destruction du Temple de Jérusalem. Il fallut plusieurs ruines et déportations d’Israël* pour que certains comprennent que ce qui importe à Dieu, c’est le temple spirituel du cœur de chaque homme.
Il faut remarquer que Dieu se plaît dans d’apparentes contradictions. On en est frappé à l’évocation des nombreux exemples qui jalonnent l’Écriture ou la vie des saints. Jeanne d’Arc, demandant à ses voix si elle serait sauvée s’entendit répondre: « oui, par grande victoire! » Elle se réjouit fort, et se prépara à la venue de Charles VII, son roi. Le lendemain, elle était brûlée vive. Ses voix lui avaient-elles menties? Jeanne, dans un grand sanglot, le crut d’abord. Juste après sa mort, elle comprit à quel point ses voix avaient dit vrai, plus vrai qu’elle ne l’imaginait.
Pour le théologien, l’opposition apparente entre foi et réalité, loin d’être une torture, constitue le lieu théologique par excellence, le lieu des découvertes. Deux vérités apparemment contradictoires, dont l’une procède de la foi (les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur l’Église) et l’autre de l’expérience (l’Église disparaîtra de façon visible de la surface du monde) et qui sont comparables à deux silex durs qu’on frotte. La lumière en jaillit. Quand nous voyons horreur, martyre sanglant ou échec politique, Dieu voit victoire, règne éternel et gloire. Pour lui, la victoire réelle est celle qui se termine en Vie éternelle (donc, encore et toujours humilité et charité). Elles le seront de fait car le pape et le clergé de cette époque seront disposés à faire de leur sacerdoce et de leur vie une offrande d’amour, une dernière messe unie à la Messe éternelle de Jésus. Le Ciel entier sera ébranlé devant leur sainteté et le retour du Christ ne sera plus lointain. Tel est l’objet du chapitre suivant.
NOTES [1] Le chapitre qui suit peut paraître désespérant. En fait, il ne supprime pas l’espérance. Il montre qu’il n’y a pas d’espoir. Ces deux notions ne doivent pas être confondues. L’espoir vise une réussite terrestre. On espère, de cette manière, quand on est chrétien, que tous les hommes adhèrent à la foi dès cette terre. L’espérance, au contraire, vise une victoire éternelle. Elle n’attend que la victoire de Dieu, sachant qu’elle n’est promise dans sa plénitude que pour l’autre monde. Distinguer espoir et espérance est essentiel, sous peine de confondre le christianisme et son Royaume qui n’est pas de ce monde avec un millénarisme. [2] Matthieu 24, 15. [3] 2 Thessaloniciens 2, 1-12. Rappelons encore une fois, afin d’éviter le scandale de certains théologiens exigeants au plan de la précision, que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que l’autorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. L’exemple de la fameuse parole de l’archange Gabriel à la Vierge Marie: « Ton fils régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. » (Luc 1, 33) le prouve. Marie aurait pu comprendre l’annonce d’une royauté terrestre, puis éternelle. L’ange ne parlait que d’abord d’une royauté spirituelle, par la croix, puis d’une royauté totale dans la gloire éternelle. Il était aisé de se tromper. [4] D’après l’abbé Augustin Lemann, L’Antéchrist, 1905. [5] 1 Jean 4, 3. [6] 1 Jean 2, 18. [7] Voir les génocides de Palestiniens commandés par Josué et Yahvé lors de la conquête de la terre sainte. Voir par exemple Josué 6, 17. [8] De par sa canonisation, ses écrits et ses visions reçoivent une certaine autorité de l’Église dont le degré est précisé dans la dernière partie de cet ouvrage. [9] Manuscrit des prophéties de sainte Odile qui, étant une sainte canonisée, a donc un certain niveau d’autorité dans ses écrits, niveau dont le degré n’apporte rien au contenu de la foi mais peut, dans le cas qui nous occupe, éclairer le mode de l’action de Dieu sur les générations humaines. L’original du texte est conservé à la Bibliothèque Nationale de France. [10] Matthieu 10, 28. [11] Luc 12, 4. [12] Daniel 8, 22-26. Rappelons que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que l’autorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple et ambigu. La parole suivante de Jésus « Il annonçait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu » (Jean 21, 19) l’indique. Il parlait certes de la mort de Pierre (sens littéral historique)… Il parle sans doute aussi de l’Église, dans sa partie visible et sacerdotale. [13] « Ce sera pendant ce temps que naîtra l’Antéchrist, d’une religieuse hébraïque, d’une fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de l’impureté. Son père sera év. (évêque). En naissant, il vomira des blasphèmes. Il aura des dents. En un mot, il sera le diable incarné. Il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que d’impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu’ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants du mal. A douze ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires chacun à la tête des armées, assistés par les légions de l’enfer. » [14] 2 Thessaloniciens 2, 9: « Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers. » [15] Voir par exemple Apocalypse 19, 20.
Il s’agit d’abord d’observations théologiques. Dieu aime donner des prophéties dont le sens est d’abord symbolique. Mais il se plaît à les réaliser matériellement. Il y a de plus une série d’observations sociologiques: l’humanité peut se laisser entraîner à tout, jusqu’à la folie.
[17] Voir chapitre 4, fin, le dernier des antichristianismes.
[18] Matthieu 24, 15.
[19] Daniel 9, 26-27.
[20] Daniel 12, 5-13.
[21] 1 Mac. 1, 41-64. 2 Mac. 6, 1-9.
[22] Matthieu 24, 15.
[23] Daniel 8, 22.
[24] Voir chapitre 4. Voir aussi notre description du « Temps de l’apostasie en marche ».
[25] Daniel 8, 23.
[26] Apocalypse 13, 1-8 ; Daniel7, 20-26.
[27] Genèse 3, 3. Tout au long de l’Écriture Sainte, Dieu frappe l’homme de divers fléaux. Son but n’est pas de le rendre esclave mais de façonner son cœur dans l’humilité, l’amour, afin de le sauver.
[28] Apocalypse 16, 9. Face à des cœurs orgueilleux, l’expérience de la souffrance peut avoir l’effet inverse: elle durcit la peau et fortifie la dureté du cœur.
La parole de Jésus en Luc 4, 4 est citée à cause de sa vérité devenue évidente après l’échec des matérialismes. Mais elle est dévoyée au service d’une autre religion, celle de l’ange des ténèbres. Le démon n’a pas intérêt à nier la vérité. Il ne fait que la détourner de son but. Le paradis qu’il propose à l’homme est réel en ce sens qu’il est une vie éternelle indépendante et libre. Mais c’est en vérité un enfer (l’enfer tel que le définit l’Église catholique) où le cœur brûle car l’amour y est rejeté. Saint Paul explique que l’adhésion à l’Évangile de l’homme impie ne peut venir qu’après la disparition de la vraie religion de Dieu. Voir la deuxième lettre aux Thessaloniciens, 2, 6-8: «Vous savez ce qui retient aujourd’hui l’apostasie et l’Homme impie, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment.. »
[39] Un texte de l’Apocalypse de saint Jean 13, 15 : « On lui donna même d'animer l'image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la Bête. » La bête est Lucifer (c’est le dragon rouge-feu de la Bible). L’image de la bête est l’idéologie qui motiva sa révolte originelle contre Dieu. Mais c’est aussi, très matériellement, le monde des dinosaures, ces dragons disparus depuis 65 millions d’année. Il y aura certainement à cette époque des correspondances très curieuses, comme la renaissance par l’image ou même par génie génétique de certaines de ces espèces du passé, afin que tous les hommes, même les moins réfléchis, ne soient pas totalement étrangers aux signes des temps. [40] Daniel 8, 24. [41] On peut les distinguer avec facilité en considérant l’ordre d’importance donné aux vertus: Dans cet évangile luciférien, la première est la liberté, la deuxième est la puissance. La concorde entre les hommes ne vient qu’en fonction de ces deux principes. L’Évangile du Christ est celui de la petitesse et de l’amour poussé, s’il le faut, jusqu’au mépris de sa propre liberté. [42] L’Antéchrist, 1905. [43] II Thessaloniciens, 2, 9. [44] S. Augustin, La cité de Dieu, liv. XX, n° XX. [45] Apocalypse 11. [46] 2 Thessaloniciens 2, 4. [47] Décret sur les religions non chrétiennes. [48] Galates 1, 8. [49] La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* vit au XIXème siècle ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de l’Apocalypse : « Mais cette ignoble fiancée voulait se marier et, qui plus est, à un jeune prêtre pieux et éclairé. Je crois que c’était un des douze que je vois souvent opérer des œuvres importantes sous l’influence de l’Esprit Saint. Il s’était enfui de la maison à la vue de cette femme. Elle le fit revenir en lui adressant les paroles les plus flatteuses. Quand il arriva, elle lui montra tout et voulait tout remettre entre ses mains. Il s’arrêta quelque temps. Puis il prit un air grave et très imposant. Il la maudit ainsi que tous ses manèges, comme étant ceux d’une infâme courtisane et se retira. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398). Ce texte représente bien cette dernière parole de la vraie Église au temps de l’Antéchrist. [50] Marc 13, 10. [51] Chapitre 5. [52] Daniel 8, 25. [53] 2 Théssaloniciens 2, 4. [54] …ou de ce qui précèdera sa venue, le dernier des antichristianismes. [55] Daniel 9, 26. [56] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.