Un personnage mythique [modifier]
La question de l’historicité ou non du personnage biblique Abraham a fait l’objet d’un travail scientifique considérable par les archéologues. L’existence d’archives extraordinairement abondantes (tablettes d’argile) a permis de conclure que le nom « Abraham » se retrouve à différentes époques et en différents lieux de Mésopotamie, sans qu’aucune utilisation particulière à Ur puisse être notée[4
Le personnage d'Abraham apparaît dans la Genèse, au chapitre 11 (Ge 11. 21-29) d'abord sous le nom d’Abram (en hébreu : אַבְרָם, ābram, « père haut »), dans la généalogie qui suit l’épisode de la Tour de Babel. Il y est dit qu’Abram descend de Sem, l’un des trois fils de Noé, lesquels étaient retombés dans l’idolâtrie. Il est le fils de Terah et a deux frères, Nahor et Haran. Haran meurt, laissant un fils, Loth (qui est donc le neveu d’Abram). Abram épouse Saraï, sa demi-sœur, qui est stérile. Terah quitte Ur vers le pays de Canaan avec Abram et Loth son petit-fils (verset 31). Ils se fixent à Harran (Harra ou Charan), connu pour être à la fois un grand centre caravanier et l’un des deux principaux sanctuaires (avec Ur) qui soit dédié au Dieu-Lune Sîn vénéré par les Mésopotamiens. Au chapitre 12 (Ge 12), Abram reçoit l’ordre divin de quitter Harran avec sa famille et ses troupeaux pour, à l’âge de 75 ans, aller à l’endroit que lui désignera Dieu, tandis que son père reste à Harran et que son frère Nahor est en Mésopotamie. Il est accompagné de Loth (verset 4). Abram traverse alors sans doute l’Euphrate à Karkemish, puis il entre dans le pays de Canaan jusqu’au site de Sichem (verset 6), où Dieu lui apparaît à nouveau et lui promet « de donner cette terre à sa descendance ». Abram construit un autel, puis continue sa route dans la région de Bethléem et Aï, puis vers le Néguev d’où une famine le chasse vers l’Égypte. Là, le Pharaon enlève Saraï qu’Abram avait fait passer pour sa sœur (pour que sa vie ne soit pas menacée par la beauté de sa femme). Il finit par la libérer suite à des plaies infligées par Dieu. À son retour au pays de Canaan, Abram se sépare de Loth avec lequel des divergences apparaissent (Ge 13). Celui-ci s’installe près de Sodome. Dans le même temps, une coalition de quatre rois orientaux (Ge 14) tente de mater la rébellion de cinq rois cananéens. Les rebelles sont vaincus, Sodome et Gomorrhe mises à sac, Loth est fait prisonnier. Abram poursuit les assaillants et les défait près de Damas. Loth est ainsi libéré et le butin rendu intégralement. À son retour, Abram est accueilli avec bienveillance par les rois de Sodome et de Jérusalem. Il repart vers le Néguev et s’installe dans l’oasis de Beer-Sheva. Puis Abram reçoit la promesse de Dieu de multiplier sa descendance pour laquelle la terre de Canaan est destinée, « depuis le torrent d’Égypte jusqu’au grand fleuve d’Euphrate » (Ge 15. 18). Pour assurer à son mari une progéniture, Saraï donne à Abram sa servante, Agar, comme concubine (Ge 16). Ismaël naît de cette union. L'alliance d'Abraham [modifier]
Quatorze ans après la naissance d’Ismaël (Ge 17), Abram a 99 ans, et Dieu lui propose une alliance : « on ne t’appellera plus Abram (אברם ābrm), mais ton nom sera Abraham (אברהם ābrhm), car je te fais père d’une foule (hamon : ham est la fin du mot Abraham et le début du mot hamon), de nations (goyim). Je te fructifierai beaucoup, beaucoup, tu engendreras des nations, des rois sortiront de toi ». Abram accepte cette alliance qui passe par la circoncision de tous les hommes de sa maison et devient Abraham : « Abraham prit Ismaël, son fils, tous ceux qui étaient nés dans sa maison et tous ceux qu’il avait acquis à prix d’argent, tous les mâles parmi les gens de la maison d’Abraham et il les circoncit ce même jour, selon l’ordre que Dieu lui avait donné. Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, lorsqu’il fut circoncis. » La circoncision au huitième jour est le signe de cette alliance entre Dieu et la descendance d’Abraham. Saraï devient Sarah par la même alliance. Le chapitre 18 (Gn 18. 1-15) est celui de l’annonciation à Abraham et Sarah, par l’apparition de l’Éternel et de trois hommes qui leur font la promesse d’avoir un fils, Isaac (« rire, joie »), qui devra être circoncis à son huitième jour en signe de l’Alliance. Le nom de Isaac est lié à toutes les sortes de rires que provoque l’annonce de l’enfant : joie, émerveillement, mais aussi étonnement, incrédulité de Sarah qui est ménopausée et ne couche plus avec son mari. Au cours de la même visite, la destruction de Sodome et Gomorrhe est annoncée à Abraham. Les deux chapitres suivants (Ge 19-20) s’intercalent, comme s’il fallait séparer le plus possible la conception d’Isaac de sa naissance. Le texte enchaîne sur la condamnation de Sodome et Gomorrhe. Sodome est une ville où règne la confusion sexuelle. Des enfants naissent, mais il n’est pas possible de leur attribuer de père. Or pour qu’une ville se perpétue, il est fondamental qu’y siège un tribunal qui reconnaisse les filiations. Au verset 22, se mettent en place les deux interlocuteurs d’un marchandage entre Abraham et l’Éternel. Abraham marchande le nombre de membres de justes qu’il faudrait y trouver pour sauver la ville : 50, 45, 40, 30, 20 ? Finalement, dix justes auraient suffi pour sauver Sodome. Le miniane, le quorum nécessaire à toute cérémonie juive, est de dix membres.
Sodome et Gomorrhe [modifier]