Différentes étapes de la vie
La religion et les superstitions imprégnaient tous les aspects de la vie quotidienne des Aztèques.
Dans les quatre jours qui suivaient sa naissance, l'enfant recevait son nom par un prêtre. Il subissait un lavage rituel et la cérémonie était achevée par un banquet[85].
La cérémonie du mariage, organisée chez l'homme, donnait lieu à des rites comme le partage d'un plat commun par les époux. Après quatre jours de prières, le mariage pouvait être consommé sexuellement[86]. La polygamie était une pratique courante, surtout parmi les classes sociales élevées[87]. Certains seigneurs, ainsi que l'empereur, avaient une épouse principale et plusieurs épouses secondaires. Le divorce était autorisé et le remariage possible.
Une sage-femme s'occupait de la femme enceinte et veillait à ce que certains tabous soient respectés comme celui de ne pas regarder d'objet rouge[87].
À l'approche de la mort, le vieillard pouvait confesser ses fautes à un prêtre et devait faire pénitence (scarifications, jeûne, offrandes aux dieux)[88].
La plupart des morts étaient incinérés : les femmes mortes en couches, les noyés et les foudroyés étaient enterrés[82]. Au cours de la crémation, on brûlait de la nourriture ou un chien, car Xolotl, dieu à tête de chien avait triomphé des enfers[82]. L'esprit du chien était censé guider l'âme du défunt[68]. La famille du défunt devait encore brûler des offrandes 80 jours après le décès[89]. Le corps de l'empereur était incinéré avec un masque de pierre ou de turquoise ; ses cendres étaient placées dans une jarre avec morceau de jade, symbole de vie[89]. Puis la jarre était entreposée dans le temple de Huitzilopchtli.
Sacrifices humains
La religion aztèque pratiquait le rite du sacrifice humain de manière régulière et massive : Hernán Cortés a estimé que 3 000 à 4 000 personnes étaient sacrifiées par an[90]. Le nombre de sacrifiés le plus important évoqué dans les chroniques apparaît dans le codex Durán, qui affirme qu'en 1487, pour célébrer la rénovation du Templo Mayor de Mexico-Tenochtitlan par Ahuitzotl, 80 400 captifs auraient été sacrifiés en quatre jours[91], même si ce chiffre est probablement exagéré (le codex Telleriano-Remensis évoque quatre fois moins de victimes)[92],[80],[56].
Si, probablement, ce sont au départ essentiellement des esclaves qui étaient sacrifiés, comme cela resta le cas dans la civilisation maya, le caractère expansionniste de l'Empire aztèque fit des prisonniers de guerre les principales victimes des sacrifices humains avec les esclaves[93]. Réciproquement, le besoin de captifs à sacrifier augmenta avec l'expansion de l'Empire et explique les guerres perpétuelles des souverains successifs.
On sacrifiait également des condamnés, et certains rituels exigeaient le sacrifice de nobles, de femmes vierges, d'enfants ou encore de « personnes marquées », c'est-à-dire présentant une particularité physique, comme les nains et les bossus[94]. Certains Aztèques se portaient aussi volontaires pour être sacrifiés, afin d'être ainsi divinisés[95], car ils croyaient que leur destin après la mort dépendait non pas de leurs actions sur terre mais de la façon dont ils mouraient, et les deux morts qu'ils considéraient les plus glorieuses étaient la mort au combat et le sacrifice. Cette croyance était largement répandue en Mésoamérique : cela permet d'expliquer que les ennemis capturés ne résistaient pas quand ils étaient sacrifiés, d'autant qu'ils étaient épuisés après leur voyage du champ de bataille au temple, qu'ils trouvaient dans le sacrifice un moyen digne d'échapper à une vie d'esclave et qu'ils étaient probablement, au moins parfois, drogués.
Les sacrifices avaient généralement lieu dans la cité, dans une enceinte cérémonielle, devant un temple, le plus souvent en haut d'une pyramide dont la montée symbolisait l'approche vers le dieu. Cependant, comme les lieux de culte étaient très variés, on sacrifiait également, en fonction des circonstances, sur la lagune, dans les montagnes (dont les pyramides reproduisent la forme symbolique rapprochant la terre du ciel et abritant le temple-caverne des dieux), aux croisées des chemins ou encore sur le champ de bataille[96].
Les méthodes de sacrifice étaient variées — pendaison, crémation, noyade — et dépendaient du dieu auquel on consacrait les victimes ainsi que du rituel, mais la forme la plus fréquente était la cardiectomie (extraction du cœur) et se pratiquait sur une victime encore vivante, à l'aide d'un couteau d'obsidienne ou de silex.
Dans le cas de la cardiectomie, la victime était placée sur une pierre de sacrifice (« techcatl ») de forme variable (trapézoïdale, conique ou parallélépipédique), mais presque toujours plus haute que large (sauf dans le cas de l'utilisation des grandes pierres cylindriques semblables à la pierre du Soleil ou la pierre de Tizoc), et d'une taille verticale de plus ou moins 50 cm[97] ; on utilisait aussi parfois comme support des tambours (« teponaztli ») ou le dos d'un prêtre, dont on peut supposer que les chac-mool étaient des substituts en pierre[98].
Le cœur du sacrifié était ensuite brandi ou lancé vers un symbole du dieu auquel était dédié le sacrifice, voire frotté ou écrasé contre une représentation du dieu[99]. La plupart des sources indiquent que le cœur était finalement déposé dans un réceptacle, souvent un « cuauhxicalli » (« réceptacle de l'aigle »), pour que le dieu puisse le manger[100] ; il pouvait aussi être brûlé, enterré ou mangé[101]. Le sang et le crâne étaient aussi des éléments importants de l'offrande.
Le reste du corps des sacrifiés était généralement coupé en morceaux pour servir aussi bien de parure que de nourriture pour certaines personnes[100] ou des animaux sauvages gardés en captivité (serpents, jaguars)[102].
Centres religieux
C’était à Mexico que l’on trouvait l’acropole la plus importante, le Templo Mayor. Elle était située au centre géographique de la ville, la où se croisaient les trois routes principales qui reliaient la ville à la terre et était entourée d'une muraille appelée le mur des serpents. À l’intérieur se trouvaient plusieurs pyramides surmontées de temples pour des dieux différents. La pyramide la plus haute était le temple Mayor, qui lui était surmonté de deux temples et possédait deux escaliers côte à côte. Les deux temples en question étaient le temple de Tlaloc dieu de la pluie ( à gauche) surmonté d’une crête bleue et le temple de Huizipochtli (à droite) surmonté d’une crête rouge incrustée de crânes. À droite du temple Mayor il y avait le temple de Chicomecoalt, et à gauche celui de Tezcatlipoca. En face du temple Mayor, il y avait le temple de Quetzalcoalt. Puis, à droite et à gauche du temple de Quezalcoalt se trouvaient quatre temples pour les dieux des peuples conquis. Ensuite, derrière le temple de Quetzalcoalt se trouvait le jeu de pelote (voir dernier paragraphe). À gauche de celui-ci se trouvait le temple de Xipe Totec, qui lui aussi n’avait pas la classique forme pyramidale mais était composé par un enclos de murs bas, qui renfermaient une cour dans laquelle se trouvait un petit autel pour les sacrifices. À gauche du jeu de pelote se trouvait l’autel des crânes.
Le Templo Mayor (« Grand Temple » en espagnol), était le nom de la grande pyramide à degrés de Tenochtitlan, la capitale des Aztèques, ainsi que, par synecdoque, du centre cérémoniel dans lequel elle se situait[s 1] (également appelé Recinto sagrado en espagnol, c'est-à-dire « Enceinte sacrée »). Après la conquête espagnole, au XVIe siècle, le Templo Mayor fut détruit et son emplacement exact fut oublié, suite aux multiples chantiers de construction de la ville moderne, Mexico, jusqu'à ce que des fouilles archéologiques en mettent au jour les fondations à partir de 1978. Pour exhumer le site du Grand Temple, les archéologues ont fait raser des immeubles, des magasins et coupé une artère de la capitale mexicaine.
Historiographie et archéologie
Le Templo Mayor ne nous a longtemps été connu que par les témoignages des chroniqueurs du XVIe siècle (en particulier Bernal Díaz del Castillo et Bernardino de Sahagún).
Après la conquête espagnole, le temple avait été littéralement oblitéré par la ville coloniale et l'on avait oublié jusqu'à son emplacement exact.
Les premières découvertes furent celles des monolithes de Coatlicue, en 1790, et de la Piedra del Sol en 1791[1]. Leopoldo Batres dirige les premières fouilles archéologiques en 1900 et vers 1913 Manuel Gamio trouve l'angle sud-ouest du Templo Mayor[1].
Ce n'est que le 21 février 1978 que des ouvriers faisant des travaux pour la Companía de Luz y Fuerza ont mis au jour un disque de pierre, de 3,10 mètres, sur lequel était sculpté le corps démembré de la déesse Coyolxauhqui[2], déesse des Ténèbres. L'INAH (Institut National d'Anthropologie et d'Histoire) transforma alors son projet de création d'un musée de Tenochtitlan en un programme de fouilles de grande envergure, le Programme Templo Mayor, qui, sous la coordination d'Eduardo Matos Moctezuma, permit d'excaver les ruines monumentales du Templo Mayor qui mesure 80X90m[3].
Le Museo del Templo Mayor fut inauguré le 12 octobre 1987 dans le centre historique de Mexico pour exposer les résultats de ces travaux archéologiques. En mai 1992 est créé le programme d'archéologie urbaine (PAU)[2].
Situation
Le Templo Mayor se situait au nord de la place centrale de Tenochtitlan, qui coïncidait à peu près avec l'actuel Zócalo de Mexico[s 2].
Ce centre religieux était fortifié par une enceinte crénelée de têtes de serpents (Coatepantli, « muraille de serpents ») de 300 mètres de large sur 400 de long, qui longeait le nord de la place centrale et le flanc du palais de l'empereur (actuelle rue de la Moneda) et dont les portes étaient protégées par une garnison d'élite[s 3].
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