L'akkadien (lišānum akkadītum) est une langue sémitique qui fut parlée du IVe au Ier millénaire av. J.-C..Elle se divise en deux dialectes : le babylonien, au sud de la Mésopotamie (voir Babylone) et l'assyrien, au nord (voir Assyrie).
L’akkadien, langue vernaculaire [modifier] désigne également l'habitant du
L’akkadien, langue vernaculaire [modifier]
L’akkadien a été la langue vernaculaire des peuples sémites de Mésopotamie au moins depuis le IIIe millénaire. Son aire de diffusion inclut la Basse-Mésopotamie, la Susiane et la Mésopotamie centrale, où se parle ce que l’on appelle traditionnellement le « babylonien » (parce que parlé dans le royaume babylonien du IIe millénaire, même s'il est présent dans d‘autres royaumes durant les périodes précédentes), tandis que plus au nord est parlée la deuxième grande variante de l’akkadien, l’ « assyrien » (attesté par les sources venant d'Assyrie). Ces deux formes de l’akkadien restent assez proches et connaissent des évolutions parallèles (voir plus bas). Sur la région du Moyen-Euphrate, une autre langue, l’éblaïte (de la ville d’Ebla), dont on ne sait pas si elle est de type est- ou ouest-sémitique, est attestée depuis la moitié du IIIe millénaire. Il est donc probable que l’akkadien n’y fut jamais la langue vernaculaire, puisque cette région est par la suite dominée par des peuples parlant des langues ouest-sémitiques (Amorrites, Araméens).
Étant donné que ces langues ne sont connues que par les documents écrits, il est cependant impossible de savoir avec certitude quelle langue était parlée, et les avis des spécialistes divergent parfois sur cette question..
L’akkadien ancien est la langue des textes de la période des Dynasties archaïques, et surtout de l’Empire d'Akkad. Les textes les plus anciens en langue akkadienne ont été retrouvés à Abu Salabikh, Nippur ou Kish, et datent du XXVIe, alors que l‘immense majorité des textes écrits le sont en sumérien. À la période de l’Empire d’Akkad, l’akkadien devient la langue officielle de ce royaume, et prend donc une grande importance sur la plan international, devenant la langue diplomatique des populations sémites qui sont dominantes depuis le pays d’Akkad jusqu’à la Syrie du Nord. Après la chute de cet empire, on voit un retour à l’utilisation du sumérien au premier plan avec la Troisième dynastie d'Ur. Quand cette dernière chute à la fin du XXe siècle, l’akkadien devient la langue écrite dominante, alors que le sumérien n’est sans doute plus parlé.
L’akkadien, langue internationale [modifier]
À l’époque amorrite (première moitié du IIe millénaire), l’akkadien a définitivement supplanté le sumérien au niveau international, après la chute de la Troisième dynastie d'Ur. L’akkadien diplomatique suit toujours la forme pratiquée dans le sud mésopotamien, le babylonien, du fait de la position dominante de cette région sur le plan culturel (l’émergence de l’akkadien littéraire se fait parallèlement). Au deuxième millénaire, l’akkadien est écrit dans tout le Proche-Orient, de l’Anatolie à l’Iran occidental, en Égypte, et jusque dans le Golfe Persique : il est devenu la langue véhiculaire de cette région du Monde. Cette place ne lui est ravie que dans la première moitié du Ier millénaire, par l’araméen. Pendant toute cette période qui constitue son apogée, l’akkadien est pratiqué partout, et son utilisation ne se limite pas aux échanges internationaux, mais concerne aussi en de nombreux endroits les écrits littéraires, juridiques, commerciaux. C’est le phénomène de l’akkadien périphérique. Le site de Boğazköi, l’antique Hattusha, capitale des Hittites, a livré de nombreux textes en langue akkadienne, que ce soient des textes littéraires, religieux, ou diplomatiques (traités, correspondance internationale). L’adoption de l’akkadien par la chancellerie de Hattusha se fait dès les débuts du royaume, à la fin du XVIe siècle, quand Hattushili Ier étend la puissance hittite en direction de la Syrie. Mais l’akkadien était déjà connu en Anatolie auparavant, du temps des comptoirs commerciaux assyriens en Cappadoce (XIXe siècle av. J.-C.), sous la forme paléo-assyrienne. Les archives de Nuzi datant du XIVe siècle sont rédigées en akkadien, alors que la ville est peuplée en majorité de personnes parlant le hourrite. Cette langue est de type médio-babylonien, mais les scribes ne maniaient pas bien cet idiome, commettant de nombreuses fautes, et employant des mots, expressions ou tournures hourrites. Les archives cunéiformes retrouvées sur le site égyptien d’el Amarna (l’antique Akhetaton), sont pour la plupart rédigées en akkadien, de type babylonien standard. Une trentaine des textes retrouvées sont de type littéraire, tandis que les 350 autres constitue la correspondance des rois égyptiens du milieu du XIVe siècle (Amenhotep III, Akhénaton, Toutankhamon). Du fait de leurs provenances diverses, elles présentent les caractéristiques propres à leur pays d’origine (Hatti, Mitanni, Babylone, …). Le cas le plus intéressant pour la linguistique est celui des lettres dites « cananéennes », écrites par les royaumes vassaux de l’Égypte situés sur le Levant (Tyr, Byblos, Gaza, …). La langue de ces lettres présente de nombreux traits propres aux langues ouest-sémitiques parlées dans ces pays, les langues « cananéennes ». Elles se rapprochent de ce fait des textes akkadiens retrouvés à Ougarit. Les archives akkadiennes d’Ougarit (XIVe-XIIIe siècles) concernent surtout les textes diplomatiques, ainsi que quelques lettres. Les textes concernant les affaires internes de ce royaume étaient essentiellement rédigé en langue ougaritique, dans un alphabet (dit aussi ougaritique). La langue akkadienne écrite à Ougarit, de type médio-babylonien, était influencée par la langue ougaritique, à laquelle elle emprunte du vocabulaire, ainsi que certaines tournures. A l’époque paléo-babylonienne (ou amorrite), l’akkadien est la langue dans laquelle sont conçues les grandes œuvres littéraires, religieuses, scientifiques, en lieu et place du sumérien. On l’utilise pour les inscriptions royales, les textes mythologiques, les hymnes, les prières, les incantations, etc. Cette forme de l’akkadien présente des aspects particuliers, notamment de nombreux traits archaïsants, visant à lui donner un aspect vénérable. L’akkadien littéraire a quelques originalités du point de vue phonologique : moins de contractions et d’harmonies vocaliques, chute de la voyelle finale des prépositions ina, ana et eli, qui deviennent proclitiques, l’état construit du nom a une finale en -u au singulier et au féminin pluriel, etc. On emploie aussi certaines tournures de langues plus souvent qu’en akkadien courant, comme le locatif ou le terminatif, et la syntaxe est plus lâche (le verbe n‘est pas toujours à la fin de la phrase). Le babylonien standard est élaboré dans les cercles lettrés de la Babylonie kassite dans la seconde moitié du IIe millénaire. Ce langage se situe dans la droite ligne du paléo-babylonien littéraire, tant au niveau des sujets que les écrits qui sont faits dans cette langue qu’au niveau des particularités de celle-ci. S’il reprend de nombreux traits du paléo-babylonien littéraire, le babylonien standard est influencé par les formes vernaculaires de l‘akkadien qui lui sont contemporaines. La mimation disparaît donc, le š après une dentale (d, t, ṭ) devient un l, etc. Du point de vue de la morphologie, les cas nominaux sont moins marqués (confusion entre le nominatif et l’accusatif), le ventif est très courant, sans avoir de fonction précise, les pronoms enclitiques -šu et -ša sont souvent confondus, les formes de l’état construit du paléo-babylonien littéraires sont reprises, etc. Le babylonien standard est non seulement utilisé en Babylonie (sa forme standard étant celle qu‘il prend dans l'Enuma Elish), mais aussi en Assyrie, les inscriptions royales néo-assyriennes étant écrites dans cette forme de l’akkadien, et non en assyrien (malgré la présence de quelques « assyrianismes »). L’akkadien est la plus ancienne langue sémitique qui nous soit connue. Elle présente les principales caractéristiques de cette langue : racines consonantiques à dominante trilitères, conjugaison, vocabulaire de base. L’akkadien conserve certains traits archaïques, notamment les différents cas nominaux. Parmi les langues sémitiques, cette langue constitue le rameau dit oriental, avec éventuellement l’éblaïte. Dès l'époque la plus ancienne où elle nous est connue, la langue akkadienne a subi une forte influence de la part du sumérien, langue que ses locuteurs côtoient beaucoup. Elle lui a emprunté plusieurs de ses traits : verbe en fin de phrase, prédilection pour les phrases nominales. De nombreux mots akkadiens sont hérités du sumérien. Généralement, on le repère par le fait que leur consonne finale, précédant la désinence casuelle, est redoublée lors du passage en akkadien. Par exemple DUB.SAR, le scribe, devient tupšarru(m). De même É.GAL, littéralement grande maison, c'est-à-dire le palais, donne ekallu(m). Cet héritage venant d’une langue profondément différente des langues sémitiques constitue la principale originalité de l’akkadien par rapports aux autres langues de ce groupe. Cela a pour conséquence de rendre impossible le classement par racines dans les dictionnaires d’akkadien, comme on le fait pour les autres langues sémitiques. Il est également à signaler que l’akkadien a aussi influencé le sumérien de son côté, au moins le vocabulaire. La base phonétique de l’akkadien est moins variée que celle de la plupart des langues sémitiques. Au niveau des semi-consonnes, seul l’aleph (’) reste présent tout le long de la période de documentation en akkadien, à l’état résiduel, et il intègre l’aïn (ˁ), le yod, le ġaïn, le h et le ḥ. Le w disparaît progressivement après le milieu du IIe millénaire. Le h de l’akkadien est une consonne dure, comme la jota espagnole, parfois écrite ḫ ou transcrite kh. Il n’y a pas de h glottal. Sinon cette langue a des emphatiques de k (q), t (ţ) et s (ṣ), et une chuintante, š. Les voyelles présentes sont le a, le u (ou), le i et le e, et peuvent être allongées de deux manières (ā, ū, ī, ē et â, û, î, ê). Il existe quelques règles phonétiques particulières en akkadien. La plus importante est la chute de la voyelle finale de la seconde syllabe dans une suite de deux syllabes ouvertes courtes : *parisū (pa-ri-sū) > parsū. Morphologie [modifier] Comme toutes les langues sémitiques, les mots, adjectifs et verbes akkadiens sont formés à la base par des racines consonantiques, dans leur immense majorité trilitères. On les représente par les consonnes les constituant : PRS, ŠPR, NDN, etc. Il existe quelques racines dites faibles, qui comptent une ou deux semi-consonnes (aleph, waw ou yod), ou bien une voyelle longue dans leur racine : ’LK, (W)BL, KūN, etc. Comme il a été dit plus haut, le principe des racines est limité en akkadien par les nombreux emprunts au sumérien effectués par cette langue. En akkadien, la racine servant de paradigme, surtout pour les verbes, est PRS, qui signifie « trancher », « décider ». L’akkadien a simplement deux genres : le masculin, et le féminin, distingué par le morphème –(a)t- ajouté à la racine, comme dans la plupart des langues sémitiques et afro-asiatiques. Trois nombres coexistent : singulier, pluriel, et duel (peu usité). Il existe trois cas différents : nominatif, marqué par une terminaison en –u(m), l’accusatif –a(m) et le génitif (qui a aussi une valeur de datif) –i(m). Au pluriel, ces deux derniers ne forment qu’un seul cas, dit oblique. Les noms ont aussi un état construit, qui consiste généralement en la chute de la désinence casuelle, et qui sert à introduire un génitif direct (le génitif indirect étant introduit par la préposition ša) : šar mati(m) = šarru(m) ša mati(m) = « le roi du pays ». Ils se trouvent généralement après le mot ou groupe de mots qu’ils déterminent. Ils se comportent comme des substantifs, et ont les mêmes genre, nombre et cas que ce qu’ils qualifient. Cependant, la déclinaison de l'adjectif diffère de celle du nom au niveau du masculin pluriel (-ūtum, -ūtim). L’akkadien ne distingue en principe que l’aspect des verbes (accompli ou inaccompli), et non le temps (passé, présent, futur). On distingue donc l’état d’accomplissement d’un action, selon si elle est finie (accompli) ou qu’elle est en train de se produire ou qu’elle n’a pas encore eu lieu (inaccompli). L’accompli correspond donc en français au passé composé, plus-que-parfait et futur antérieur (respectivement accompli du passé, du présent et du futur), tandis que l’inaccompli correspond au présent de l’indicatif, au passé simple et au futur simple (inaccomplis du passé, du présent, et du futur). Les autres formes verbales courantes sont l’impératif, le perfectif/parfait (indiquant une action consécutive à une autre), le précatif/cohortatif (indiquant un souhait), le statif (action qui dure, état permanent). Les formes infinitives et participe sont des substantifs formés sur la racine verbale. La personne est marquée par un préfixe, et parfois un suffixe : Voici un tableau de conjugaison de base ; les formes conjuguées sont à la troisième personne masculin singulier : Comme les autres langues sémitiques, le verbe akkadien se conjugue selon trois systèmes : Syntaxe [modifier] A la différence des autres langues sémitiques qui ont une syntaxe en SVO, l’akkadien a une syntaxe en SOV, du fait de l’influence du sumérien. Parmi l’objet, le complément direct (accusatif) précède le complément indirect (datif/génitif). Les propositions subordonnées sont généralement introduites par un pronom (souvent ša = « qui », « que »), et leur verbe se termine par un préfixe spécifique, -u en babylonien, –ni en assyrien.
Nuzi [modifier]
El Amarna [modifier]
Ougarit [modifier]
L’akkadien littéraire [modifier]
Le paléo-babylonien littéraire [modifier]
Le « babylonien standard » [modifier]
Principes de la langue akkadienne [modifier]
Parenté linguistique [modifier]
Place parmi les langues sémitiques [modifier]
Emprunts au sumérien [modifier]
Phonétique [modifier]
Les racines [modifier]
Noms [modifier]
Adjectifs [modifier]
Verbes [modifier]