http://fr.wikipedia.org/wiki/Lagash
Lagash est une ancienne cité du pays de Sumer, capitale de l'État du même nom. Cette ancienne cité-État comprenait, en plus de la ville de Lagash, située sur le site actuel d'Al-Hiba, Girsu, ville sainte où se trouve le sanctuaire de la divinité tutélaire lagashite, Ningirsu, et Nigin, située au sud du territoire, dans une région marécageuse.
Cet État et sa région est le mieux connu de basse Mésopotamie pour la seconde moitié du IIIe millénaire.
Cela est avant tout dû aux nombreuses trouvailles artistiques et épigraphiques effectuées sur le site de Tello, correspondant aux ruines de Girsu, qui ont permis de redécouvrir la civilisation sumérienne à la fin du XIXe siècle. Le site de la ville Lagash, le tell actuel de Al-Hiba, a été fouillé plus tardivement, et à livré moins de sources.
La période couverte par les découvertes effectuées sur ces deux sites correspond donc à environ cinq siècles, de 2500 à 2000 avant J.-C. Cela recouvre trois périodes de l'histoire mésopotamienne : le Dynastique archaïque IIIB (DA IIIB, 2500-2340), la période d'Akkad (2340-2150), et la période néo-sumérienne (2150-2000).
Le panthéon local et la vie religieuse
Si la religion pratiquée dans la région de Lagash s'inscrit dans le cadre religieux sumérien et sud-mésopotamien, les dieux vénérés y sont plutôt ceux d'une sorte de panthéon local, constitué de dieux propres à Lagash. Ils sont cependant liés, notamment par des liens familiaux, aux autres dieux sumériens.
Le dieu principal de la région de Lagash est Ningirsu, le « Seigneur de Girsu », qui dispose de son temple principal (l'É.NINNU, « Maison des cinquante ME ») dans cette dernière cité, mais en avait également un à Lagash. Il est considéré comme étant le fils de Enlil et Ninhursag. Ningirsu est perçu comme étant le vrai maître de l'État de Lagash, dont les souverains ne sont que les « vicaires » (ENSI). Il entretient cependant une relation privilégiée avec eux, et peut leur apparaître en rêve pour leur dicter ses volontés, comme c'est le cas pour Gudea. Le roi était le premier pourvoyeur du culte des dieux locaux : il leur faisait de riches offrandes, et restaurait leurs temples.
La parèdre de Ningirsu est la déesse Ba'u, dont le grand temple, l'É.TAR.SIR.SIR, se trouvait également à Girsu. D'autres textes lui attribuent parfois comme parèdre une autre déesse, Gatumdug. Ningirsu et Ba'u ont au moins deux fils, Shul-Shagana et Ig-alima. La famille royale semble dans son ensemble se reconnaître dans cette famille divine, comme le montre sous le règne d'Urukagina le fait que le roi s'attribue le domaine du temple du grand dieu, la reine celui de la déesse Ba'u, et probablement celui d'un fils du couple divin pour le prince du royaume.
Les autres divinités locales importantes sont les sœurs de Ningirsu, Nanshe, vénérée à Nigin, et Nisaba, qui n'est pas spécifique à Lagash et est vénérée notamment à Umma.
Un groupe de personnages mythologiques qui auraient été vaincus par Ningirsu apparaît dans certains textes, surtout des hymnes du règne de Gudea. Parmi eux se trouvent le Roi-palmier, le Seigneur Saman, peut-être d'anciennes divinités mineures du pays de Lagash, et des animaux mythologiques comme le bélier à six têtes, le serpent à sept têtes, et l'oiseau Imdugud. Un autre mythe existait aussi sur l'affrontement entre ce dernier et Ningirsu, aprèsque l'oiseau mythique ait dérobé les Tablettes de la destinée à Enlil (version ancienne du mythe du combat de Ninurta contre Anzu). Imdugud est d'ailleurs devenu un animal-attribut de Ningirsu, et c'est sous sa forme que le dieu apparaît en songe à Gudea.
De la même manière que la tradition mésopotamienne postérieure a oublié les rois de Lagash, les dieux de la cité n'eurent pas de postérité : Ningirsu est assimilé à Ninurta, lui aussi fils d'Enlil, originaire de Nippur.
De nombreuses œuvres d'art et des textes provenant du royaume de Lagash sont relatifs à la vie religieuse, et aux rapports entre hommes et dieux. La plupart des objets exhumés à Tello témoignant du travail des artistes de cet État étaient destinés à être donnés en offrande aux dieux (voir plus bas). Les rois entretenaient les grands temples du royaume et leur personnel, en leur concédant notamment des terres. Le dossier le mieux connu concernant les rapports entre un roi et le dieu Ningirsu est celui du règne de Gudea, qui entreprend la reconstruction du grand temple de la divinité tutélaire de son royaume, l'É.NINNU, en même temps qu'il restaure les autres temples principaux du royaume. Cette restauration nous est notamment connue par des documents exceptionnels, deux cylindres d'argile inscrits en cunéiforme relatant l'événement[11]. Le « Cylindre A » raconte l'apparition du dieu dans un rêve du roi, lui ordonnant de construire son temple, en réunissant des matériaux provenant de tout le monde connu alors, et comment le roi se met ensuite à l'ouvrage. Le « Cylindre B » prend la suite, et relate comment, après la construction du temple, une grande fête religieuse est organisée pour permettre l'installation de Ningirsu et de sa parèdre Ba'u dans le sanctuaire qui devient leur résidence terrestre, le rituel décrit prenant l'apparence d'une hiérogamie (Mariage sacré).
Hieros Gamos ou Hiérogamie, (du Grec hieros = sacrée et gamos = mariage, rapport sexuel), désigne une union sacrée à caractère sexuel, un accouplement (parfois mariage) le plus souvent entre deux divinités ou entre un dieu et un homme ou une femme.
En Mésopotamie, au printemps, le rite du mariage sacré unissait le Roi (remplaçant le dieu Dumuzi) et la prêtresse (représentante de la Déesse Ishtar). Les festivités étaient très joyeuses et se déroulaient dans l’allégresse. L'existence de tels rituels depuis des temps immémorables a souvent laissé des traces dans plusieurs cultures, ce qui a suscité des accusations de relations incestueuses à l'égard de plusieurs groupes religieux jugés d'hérétique comme le paulicianisme, le bogomilisme, le catharisme, l'alévisme ou le sabbétaisme. Un exemple moderne de hiérogamie se trouve dans la religion Wicca, dans laquelle les participants s'engagent dans ce que Gerald Gardner, fondateur du culte, appelait le "Grand Rite". Un homme et une femme, assumant les identités du Dieu cornu et de la Déesse, s'engagent dans une union sexuelle pour célébrer la conjonction sacrée des principes opposés/complémentaires masculin et féminin de l'Univers.