Chaque altepetl (cité-État) nahua était dirigé par un souverain appelé « tlatoani » en nahuatl (« celui qui parle[53] » ou « celui qui commande[62] », du verbe « tlatoa », « parler »). À la veille de la conquête espagnole, le tlatoani mexica était appelé huey tlatoani (grand tlatoani), car son pouvoir s'était étendu à d'autres altepetl ; les Espagnols, en tentant d'adapter cette fonction à leurs références européennes, l'ont traduit par « empereur ».
Tous les Tlatoanis aztèques sont issus de la même famille, mais la succession ne se faisait pas nécessairement de père en fils. Frères, neveux ou petits-fils entraient en ligne de compte. Les chroniqueurs espagnols ne s'accordent d'ailleurs pas sur l'ordre suivi[63].
Aux débuts de l'histoire aztèque, il était désigné par l'assemblée générale des guerriers[62]. En tant que huey tlatoani, son statut était devenu semi-divin mais il restait nommé par un grand conseil. Cette assemblée choisissait le membre de la famille qu'elle jugeait le plus compétent[64]. Ce choix devait être approuvé par les autres membres de la Triple Alliance, c'est-à-dire les souverains de Texcoco et de Tlacopan. L'intronisation proprement dite n'avait lieu qu'après que le souverain eut fait preuve de ses capacités en menant une série de conquêtes.
Lorsqu'il est représenté dans les manuscrits indigènes, on le distingue entre autres par la volute qui se dégage de sa bouche et qui indique la parole. Il porte un diadème d'or et de turquoises ainsi qu'un manteau bleu-vert[64].
L'empereur devait remplir ses devoirs envers les dieux et protéger le peuple aztèque. Il avait pour conseillers intimes le Cihuacoatl et certains grands dignitaires. Il avait en charge tout ce qui concernait les affaires extérieures à la cité. À Texcoco, le tlatoani régnait sans cihuacoatl mais était entouré de quatre conseils : gouvernement et justice, finances, guerres et musique.
Le Cihuacóatl, dont le nom signifie littéralement « serpent-femme »[65] et qui représente la divinité du même nom, était le deuxième personnage de l'État aztèque après le Tlatoani[64]. Il organisait des expéditions armées, jugeait en appel et remplaçait l’empereur en son absence. C'est Itzcoatl qui avait créé cette fonction pour l'aider dans sa tâche et avait nommé son neveu Tlacaelel à ce poste[66]. Tlacaelel fut aussi le principal conseiller des deux empereurs suivants, Moctezuma Ier (son frère) et Axayacatl. La fonction resta ensuite occupée par son fils puis son petit-fils.
Quatre grands dignitaires militaires, dont le tlacateccatl (« qui commande les guerriers ») et le tlacochocalcatl (« préposé à la maison des javelines »), suivaient le Cihuacóatl dans la hiérarchie des conseillers du tlatoani mexica.
Tous les grands dignitaires faisaient partie de l'assemblée du « tlacocan » (« lieu de la parole », ou « Grand Conseil »), qui était consultée avant toute décision importante et pouvait refuser jusqu'à trois fois une proposition du tlatoani[67]. Ses membres étaient désignés par le souverain ou recrutés par cooptation.
Principes guerriers [modifier]
Les Aztèques se battaient pour conquérir plus de terres ou simplement pour faire des prisonniers à sacrifier à leurs dieux. C'est pourquoi ils organisaient régulièrement des chasses à l'homme appelées guerres fleuries contre les peuples périphériques de l'empire. Ces raids rapides et efficaces n'empêchaient pas pour autant l'empire aztèque, dans ses désirs d'expansion, de s'engager dans de longues guerres en territoire ennemi. Il avait donc besoin de guerriers résistants et déterminés.
Prêtres
Les prêtres étaient exemptés d'impôts et menaient une vie célibataire, rythmée par les jeûnes, les rituels et les pénitences[73]. Ils recevaient leur formation dans le calmecac. Ils avaient un rôle social en s'occupant des hôpitaux et en gardant les livres sacrés. Le clergé recevait de nombreuses offrandes gérées par un trésorier général (tlaquimiloltecuhtli).
Le clergé était ouvert aux femmes et hiérarchisé : les temples de quartiers étaient confiés à de simples desservants. Les provinces étaient sous la responsabilité de prêtres supérieurs. À Tenochtitlan, le Mexicatl Teohuatsin était une sorte de vicaire général[73]. Enfin, deux grands-prêtres s'occupaient du grand temple de la capitale.
Esclaves
L'esclavage existait chez les Aztèques : les esclaves appartenaient à un maître et n'avaient pas de droits civiques. Certains d'entre eux, capturés à la guerre, étaient destinés à être sacrifiés. Les autres, appelés tlatlacotin, pouvaient le devenir pour des raisons diverses : pour avoir commis un délit, ou encore parce qu'ils s'étaient vendus eux-mêmes ou avaient été vendus par leurs parents, lors d'une famine par exemple[77]. Ils semblent avoir été bien traités, certains possédaient des biens, des terres et même d'autres esclaves[76]. Ils pouvaient se marier et leurs enfants étaient libres. Ils pouvaient acheter leur affranchissement ou être libérés à la mort de leur maître. Les empereurs pouvaient décider d’affranchissements massifs[76]. Au moment de la vente d'esclaves, ceux qui réussissaient à s'enfuir et à franchir la porte du palais devenaient libres.
Éducation [modifier]
La civilisation aztèque est l’une des premières du monde à avoir imposé une éducation à tous les enfants, quel que soit leur sexe ou leur rang social.
Dans un premier temps, les enfants étaient éduqués par leurs parents dans le cadre du calpulli. Ils allaient régulièrement au temple local pour être testés. L’apprentissage de formules appelées huehuetlatolli constituait une grande partie de l’enseignement. Il s’agissait le plus souvent de formules pieuses et de proverbes basés sur les valeurs de la société aztèque. Elles étaient empruntées au fonds culturel nahua et ont évolué au cours des siècles. Les pères enseignaient à leurs filles de rester propres mais de ne pas trop se maquiller pour ne pas ressembler à des ahuianis. Les mères leur apprenaient à toujours aider leur futur mari. Les filles apprenaient les techniques artisanales et à élever les enfants. Elles n’apprenaient ni à lire, ni à écrire. Les garçons devaient être humbles, obéissants et travailleurs.
En principe, les enfants et les adolescents entre 10 et 15 ans devaient fréquenter les écoles qui étaient de deux types : les telpochcalli (« maison des jeunes ») dispensaient un enseignement de base (histoire, religion, artisanat, agriculture) et militaire. L'enseignement était gratuit pour les filles et les garçons dans collèges de quartier[79]. Les calmecac étaient spécialisées dans l’écriture, l’astronomie, l’administration et la théologie. Elles étaient fréquentées principalement par les fils des pillis. Les professeurs (tlamatimine) y imposaient une éducation sévère : bains froids le matin, punitions corporelles, saignées, tests d’endurance. Elles formaient des chefs (tlatoque), des prêtres (tlacuilo), des professeurs (tlatimini), des guérisseurs (tizitl) et des artistes (tlacuilos). Les élèves apprenaient les rituels, l’histoire, le calendrier, la géométrie, la poésie et les arts martiaux (telpochcalli).
Commerce
Dans la société aztèque, le commerce était extrêmement développé. Une circulation de biens entre les hautes terres productrices de maïs, de haricots... et les basses terres côtières tropicales beaucoup plus riches et qui fournissaient le cacao, le coton, les plumes d’oiseaux pour les parures, l'obsidienne, donnait lieu aux activités d’une classe spécialisée de marchands, les pochteca[45]. Cette circulation marchande doublait la circulation des mêmes produits sous la forme du tribut à l’État aztèque. Dans une lettre célèbre à Charles Quint, Hernan Cortez décrivit les immenses marchés de Tenochtitlan. Sur ces marchés, chaque produit avait un lieu de vente déterminé. La vente se réalisait à la pièce ou à la mesure. Les jours de marché étaient fériés. Des tribunaux spéciaux, contrôlés par les marchands, tranchaient les conflits entre vendeurs et acheteurs et le chef des marchands fixait le prix des marchandises. Il était interdit de vendre les produits en dehors des places de marché. Sur les marchés plus petits et dans les localités de moindre envergure, le commerce était aux mains de marchands appelés tlanecuilo. Ils vendaient des produits de consommation courante et de la nourriture. Les marchés locaux étaient essentiels pour les populations étant donné que les Aztèques n’avaient pas d’animaux de trait ou de bât.