Conséquences délocalisations??

 

Conséquences dans les pays subissant les délocalisations

Les conséquences sont essentiellement de trois ordres : économiques, sociales et par conséquent également politiques.

Au plan économiquei

Au début des années 1990, des rapprochements statistiques ont été effectués entre les chiffres des emplois perdus depuis le début des années 70 dans l’industrie manufacturière des États-Unis et d’Europe, et les chiffres des emplois créés dans ces mêmes industries en Asie du Sud-Est. La convergence de ces deux statistiques (6,5 millions dans les deux cas) est troublante mais on sait que d’autres facteurs ont influencé la désindustrialisation des pays riches : la robotisation et la tertiarisation de l’économie par exemple.

On peut reprocher aux médias et aux politiques d’alimenter des polémiques sur des cas particuliers et de donner l’impression que les pays pauvres volent, par un dumping social déloyal, les emplois des pays riches. Des études montrent qu’en réalité, la nature et les causes des délocalisations ne sont pas si simples. En 1997, le National Bureau of Economic Research a publié une enquête consacrée aux grandes firmes américaines mettant en évidence que ces entreprises avaient bien réduit le nombre des emplois intérieurs, mais que les créations d’emplois qu’elles avaient en parallèle opérées à l’étranger avaient davantage profité à d’autres pays riches qu’aux pays pauvres.

Il est notable qu’au plan économique les délocalisations permettent :

  • D’accroître la compétitivité des entreprises résidentes, notamment en abaissant les coûts de certaines consommations intermédiaires,
  • D’abaisser le prix des biens de consommation, ce qui favorise le pouvoir d’achat des ménages. Au début du XIXe siècle, David Ricardo (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital, 1815) faisait remarquer que la baisse des prix des céréales permise par leur production à l’étranger permettrait de réduire les coûts salariaux et donc de favoriser l’industrie.
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Au plan social

Les délocalisations ont de nombreuses répercussions sur le plan social dans les pays subissant les délocalisations. Les principales sont de :

  • Générer des licenciements, et des pertes d'emplois indirects, difficiles à compenser dans les pays présentant des faiblesses compétitives.
  • Être utilisé comme une menace et donc comme un moyen de pression sur les conditions de travail (amplitude horaire quotidienne, travail de nuit, durée des congés payés, sécurité sociale, âge et taux de retraite) lorsque celles-ci posent un problème économique.
  • Entraîner la faillite de certains sous-traitants d'entreprises ayant délocalisé. Lorsqu'une entreprise délocalise en pays à bas coût et licencie son personnel, elle s'accompagne souvent également de la suppression d'emplois chez de nombreux sous-traitants directs (fournisseurs de pièces diverses) et indirects (restauration, artisans,...). Par exemple : lorsqu'un constructeur automobile délocalise (Ex: PSA), il ne supprime pas non seulement ses emplois mais il supprime des milliers d'emplois chez ses fournisseurs (les équipementiers que l'on appelle les rang 1 : ex: Valeo, Faurecia,...) et les sous-traitants des équipementiers (les rang 2 : entreprises d'injection plastique, de découpage,...). Cette situation est d'autant plus difficile lorsque le sous-traitant réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires avec le constructeur ; si celui-ci n'arrive pas à trouver de marché de compensation, il risque le dépôt de bilan !
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Ces raisons expliquent pourquoi les délocalisations sont souvent mal vécues par les salariés et les sous-traitants des entreprises concernées.

Au plan politique

Les conséquences économiques et sociales ne sauraient laisser indifférents les politiques. Elles entrent d'ailleurs de plus en plus en considérations dans leurs politiques économiques et sociales. Elles peuvent notamment :

  • Expliquer le vote de lois ayant vocation à réduire les différentiels de coûts entre pays subissant les délocalisations et pays bénéficiant des délocalisations. Par exemple en France, Nicolas Sarkozy a évoqué la suppression de la taxe professionnelle qui représenterait 1/3 du différentiel de coût de production (différentiel d'environ 1000 euros) d'une voiture produite en France ou en Tchéquie[6].
  • Favoriser le regain de protectionnisme. Par exemple, George W. Bush a voté de nombreuses lois protectionnistes afin de protéger certains secteurs d'industrie en déclin, comme l'acier. Juin 2009, les États Unis envisagent de taxer à 50% le prix des pneumatiques importés de Chine, afin de sauver l'industrie pneumatique américaine.
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Conséquences dans les pays bénéficiant des délocalisations

Les conséquences sont souvent très positives pour les pays bénéficiant des délocalisations, en particulier les pays émergents. Elles permettent notamment de :

  • Créer de nouveaux emplois, par le transfert des centres de production.
  • Permettre le transfert de savoir faire et de techniques, souvent nécessaire pour que la délocalisation puisse réussir.
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Par voie de conséquence, ces délocalisations permettent de :

  • Augmenter progressivement le niveau de vie de ces pays. Taïwan qui a bénéficié de nombreuses délocalisations notamment du Japon est devenu par exemple un pays riche.
  • Rééquilibrer le partage des richesses entre pays riches et pays pauvres. Par exemple, la Chine a connu un enrichissement moyen tout à fait considérable de 1980 à aujourd'hui.
  • Favoriser progressivement la démocratie dans certains pays non démocratiques, comme voie de conséquence de l'enrichissement progressif de ces pays. Ce dernier point est souvent contesté, et la Chine est souvent cité comme un bon contre-exemple.

 

Solutions

Les pays subissant les délocalisations parlent souvent de solutions à ce qu'ils considèrent comme un problème. C'est par exemple ce que souligne le rapport sous la direction de Francis Grignon du Sénat français, ou encore de très nombreux hommes politiques lorsqu'ils parlent du sujet[7]. Toutefois, les pays qui bénéficient des délocalisations cherchent

 également des solutions non plus pour limiter, mais bien pour développer ce

 phénomène. Ces pays comme la Chine ou l'Inde, cherchent à contrer les freins

 éventuels qui pourraient limiter les délocalisations.

Solutions pour les pays subissant les délocalisations

Les huit questions clés posées dans le filtre Factea[8] permettent de structurer et d'analyser de façon exhaustive les solutions possibles pour freiner les délocalisations dans les pays les subissant.

Question clé 1 : proximité du service / produit. Réorienter la consommation vers des produits et services de proximité qui par définition ne peuvent subir les délocalisations. Par exemple, la Grande-Bretagne a renoncé à contrer les délocalisations, les considérant comme une évolution naturelle de l'économie ; elle a réorienté massivement son économie vers les services, notamment de proximité.

Question clé 2 : préférence nationale. Favoriser la préférence nationale.

  • Inciter les clients à regarder les étiquettes « Made in » ou à consommer local. Par exemple, l'Espagne a fait une grande campagne publicitaire sur ce thème. Développer le patriotisme économique : « nos emplètes sont nos emplois », slogan des années 80. Cet idéal ne s'applique plus que très peu, suite à la forte atténuation du nationalisme. De plus aujourd'hui, dans le cas de la France par exemple, le « made in France » n'est plus synonyme de production 100% française (eg. de nombreux donneurs d'ordre encore implantés en France, ne font que de la distribution ou un assemblage final de leur produit sur lesquels ils impriment « fabriqué en France » mais une partie et dans certains cas la totalité des composants sont importés de fournisseurs basés en zone low cost (exemple : dans l'automobile même si certains véhicules sont assemblés en France, beaucoup de composants et de sous-ensembles proviennent de pays low cost).
  • Favoriser la consommation locale en mettant en avant la prise en compte du développement durable et donc l'exigence d'un bilan carbone faible du produit consommé. Cet argument peut se retourner dans certaines industries : par exemple le bilan carbone d'une rose produite au Kenya est sept fois inférieur à celui d'une rose produite en Hollande où le recours massif aux serres est très consommateur d'énergie. Cette solution n'a jamais été la bonne car elle nourrit les discriminations racistes et les inégalités.

Question clé 3 : infrastructures. Développer des infrastructures performantes susceptibles de conserver les entreprises en leur permettant d'améliorer leur compétitivité grâce à ces infrastructures. C'est l'un des enjeux que s'est fixé l'Union européenne. C'est aussi ce que fait la France en développant des pôles de compétitivité.

Question clé 4 : reproductibilité. Favoriser la migration vers de nouveaux produits / services à forte valeur ajoutée, et donc a priori peu reproductibles. C'est la solution la plus souvent mise en avant par les économistes qui soulignent que c'est l'évolution naturelle pour les pays industrialisés. Sans doute cette solution sous-estime-t-elle la rapidité avec laquelle les pays émergents acquièrent et développent des technologies de pointe.

Question clé 5 : régulation. Mettre en place des barrières permettant de limiter les délocalisations.

  • Par exemple, restreindre voire interdire l'importation de certains produits. Cette solution radicale risque de compromettre l'exportation des produits français (ex. : vins, produits de luxe,...). Par exemple, l'Europe et la France ont appliqué des quotas dans de nombreux secteurs d'industrie : automobile, textile… D'ailleurs la suppression des quotas sur le textile explique les très fortes délocalisations qui en ont découlé.
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  • Une autre solution mise en avant serait d'interdire l'importation de produits (low cost ou non) qui ne sont pas fabriqués avec les mêmes normes que l'on impose aux entreprises implantées dans les pays subissant les délocalisations. C'est-à-dire : interdire l'importation de produits qui comportent des matières potentiellement dangereuses, dont les usines de production ne respectent pas les normes environnementales, dont les salariés travaillent dans des conditions non acceptables selon la législation des pays importateurs…
  • Conditionner l'aide de l'État à l'absence de délocalisation, comme cela a pu être proposé en France pour le secteur automobile. Toutefois certaines entreprises peuvent contourner cette solution. En effet il suffit de laisser mourir un produit, ou de ne pas renouveler le modèle en fin de vie. Et de développer les nouveaux produits sur son site low cost. L'entreprise finit par fermer et licencier tous ses salariés en France tout en bénéficiant d'aides de l'État, mais on ne considèrera pas qu'elle a délocalisé (exemple : l'avenir nous le dira mais, fin 2008, nous parlons peut-être de la fermeture de l'Usine Renault de Sandouville, en parallèle nous avons la construction d'usines Renault au Maroc et en Russie pour des nouveaux modèles de véhicules dont une majorité sera destinée au marché européen, mais les chaînes d'assemblage de Sandouville ne seront pas délocalisées).

Question clé 6 : différentiel de coût. Réduire le différentiel de coût de production des produits / services entre les pays subissant et bénéficiant des délocalisations. Tous les pays ont étudié cette problématique et mis en place des mesures très diverses, touchant tous les éléments de la structure de coût : niveau des salaires, charges sur les salaires (en France : 44% de taxe sur le salaire net), avantages sociaux des salariés (congés payés, RTT, arrêt maladie...), taxes diverses (par exemple en France : taxe professionnelle, taxe versement de transport selon les communes...), contraintes diverses (normes de sécurité, procédures environnementales,…).

  • Concernant en particulier le différentiel de salaire : réduire voire supprimer les charges salariales sur les salaires en concurrence avec les pays low cost (constructeurs automobiles, équipementiers, industrie du jouet, du textile, de l'électroménager,…). Cette perte de ressources pour les organismes sociaux serait compensée par une réduction du chômage (arrêt des délocalisations) et une relance de l'économie nationale.
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  • Concernant les coûts de transport : en augmenter leur coût. Cette solution en augmentant le coût global inciterait à produire au plus près du client final. Dans le cas de l'industrie et de l'assembleur final, cette solution fonctionnerait si le donneur d'ordre est encore en dans le pays subissant la délocalisation, mais si celui-ci est basé déjà en zone low cost, alors l'effet risquerait d'être inverse : tous ses fournisseurs devraient le rejoindre et donc délocaliser. Par ailleurs, la question du coût des transports est fondamentale, car s'ils représentent aujourd'hui une relativement faible part de la structure de coût totale, c'est qu'ils sont liés à un pétrole bon marché. Mais avec l'augmentation du prix du pétrole liée a la raréfaction de cette ressource (voir pic pétrolier), les coûts de transports précédemment marginaux deviennent significatifs. Cela pourrait diminuer à terme le différentiel de coût et donc la rentabilité et l'intérêt d'une délocalisation. D'ailleurs, certains économistes considèrent que cela conduira à une relocalisation de certaines industries (celles concernant des produits pondéreux tels que l'outillage) qui ont par le passé migré vers des pays low cost.

Question clé 7 : capacité à délocaliser. Cette question clé s'interroge sur la capacité d'une entreprise à délocaliser le produit / service qu'elle fabrique. Sachant que ce sont surtout les grandes entreprises qui délocalisent, la solution est de favoriser le développement des PME qui sont moins enclines à délocaliser. C'est sur ce point, qu'en France, certains économistes ont reproché à l'ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) d'être en partie à l'origine de délocalisations. En effet, après avoir été rachetées par de grands groupes, certaines PME ont vu leur production délocalisée par ces grands groupes. Alors que si ces entreprises étaient restées indépendantes, elles n'auraient sans doute pas eu les moyens et ressources internes pour délocaliser.

Question clé 8 : volonté de délocaliser. Cette question clé s'interroge sur la volonté de délocaliser des dirigeants et / ou actionnaires. En effet, même si une entreprise a tout intérêt à délocaliser sur le plan économique ; elle peut ne pas souhaiter le faire pour d'autres considérations. Par exemple, en France l'État actionnaire peut mettre son veto à une délocalisation.

Solutions pour les pays bénéficiant des délocalisations 

Si les pays subissant les délocalisations souhaitent les limiter, il n'en est pas de même des pays bénéficiant des délocalisations, synonymes pour eux d'enrichissement. C'est pourquoi, ces derniers font tout ce qui est possible pour favoriser ces délocalisations. Les huit questions clés posées dans le filtre Factea[8] permettent de structurer et d'analyser de façon exhaustive les solutions possibles pour favoriser les délocalisations et donc l'implantation de nouvelles entreprises.

Question clé 1 : proximité du service / produit. Favoriser la consommation de produits et services délocalisés. Par exemple, créer des marques à forte attractivité. Rendre la fabrication dans leur pays synonyme de qualité.

Question clé 2 : préférence nationale. Limiter la préférence nationale. Par exemple, mettre en avant qu'elle est synonyme de valeurs anciennes dans un monde globalisé.

Question clé 3 : infrastructures. Développer des infrastructures performantes susceptibles d'attirer les entreprises en leur permettant d'améliorer leur compétitivité avec ces infrastructures. C'est l'un des enjeux que s'est fixée l'Inde, qui souffre aujourd'hui encore d'infrastructures insuffisantes.

Question clé 4 : reproductibilité. Favoriser le transfert de technologies par tout moyen. C'est par exemple ce que fait la Chine en conditionnant l'obtention de grands marchés, au transfert de technologies, comme dans le nucléaire.

Question clé 5 : régulation. Limiter les barrières empêchant les délocalisations. Par exemple, faire appel à l'OMC pour condamner des pratiques protectionnistes.

Question clé 6 : différentiel de coût. Maintenir le différentiel de coût de production des produits / services entre les pays subissant et bénéficiant des délocalisations. Notamment en freinant l'augmentation des salaires ou encore des contraintes environnementales ou autres.

Question clé 7 : capacité à délocaliser. Aider les PME a délocaliser. Par exemple, en leur proposant des modèles économiques attractifs "prêts à l'emploi" (e.g. sur le recyclage de bouteilles plastiques).

Question clé 8 : volonté de délocaliser. Convaincre les dirigeants et actionnaires de délocaliser. À défaut, racheter des entreprises dans les pays subissant les délocalisations. Puis une fois rachetée, délocaliser en continuant à bénéficier de la marque.

Considérations sur les délocalisations en France

Quelques faits dans les secteurs industriels et de services français

Dans le secteur industriel, les délocalisations croissent passant de 12000 emplois détruits depuis 1995 en moyenne annuelle à 15000 depuis 2000[9].

Par ailleurs, les délocalisations observées dans les métiers de service, semblent poursuivre des objectifs liés bien plus à des aspects de restructuration et d'optimisation des ressources des entreprises, d'accès à de nouveaux marchés, ou à des ressources humaines indisponibles sur le territoire national, qu'à des considérations de réduction du coût du travail. Les travaux de la Commission des Finances du Sénat ont pu estimer le potentiel de délocalisation de ces métiers de service à 202 000 emplois entre 2006 et 2010[10].

Selon Élie Cohen, économiste français, il ne faut pas confondre les délocalisations avec la désindustrialisation[11].

 

Une délocalisation conséquence de l'internationalisation

La délocalisation est un choix incontestable des entreprises françaises[12]. Dans l'U.E. à 25, c'est la Pologne qui reçoit le plus de filiales françaises (153 813 salariés). Les autres pays où les entreprises françaises délocalisent le plus sont : La Tunisie, le Maroc, la Roumanie et la Chine.

Cette délocalisation se traduit le plus souvent par une politique d'implantation de longue date sur les marchés étrangers, tant au niveau des ressources que des débouchés, permettant de renforcer ces entreprises françaises dans le cadre mondial. Les investissements étrangers en France sont de leur côté créateurs d'emploi et renforcent le tissu économique et technologique du pays.

 

 

Suite !! 

 

 

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