Le témoignage de l’islam sera devenu assez semblable à celui de l’Église, selon ce que j’ai cru pouvoir dire de ses épreuves futures[51]. Il aura appris la pauvreté et pureté de sa foi, à cause de l’apostasie de ses masses dégoûtées des crimes et des guerres du passé. Les derniers musulmans fidèles, rendus humbles par les malheurs subis dans leurs défaites militaires, diront: « Des membres de notre religion se sont conduits en fanatiques par le passé. Ils ont, par leur crime et les atrocités commises au nom d’Allah, précipité le rejet par les générations suivantes du nom de Dieu. Pardon pour leurs crimes. Dieu n’en fut pas responsable mais les hommes et leur orgueil. Le Dieu d’Abraham n’est pas ce Dieu du culte de l’homme. Il aime l’homme quand il est humble et miséricordieux. Il a créé l’homme et attend de lui adoration et soumission. Il nous donnera dans l’autre monde le bonheur éternel auprès de lui. »
A cette époque de la fin, Israël* sera en paix. D’après les prophéties, il sera revenu dans sa terre de Palestine, installé de nouveau dans Jérusalem unifié. L’attitude du peuple juif devant l’Antéchrist sera analogue à celle du reste du monde. La plus grande partie sera séduite par son message. Ils y verront même le Messie de la gloire annoncé par la Bible et qui doit venir pour régner sur toutes les nations, pour instaurer la paix. Quelques-uns, peu nombreux, resteront fidèles à la foi d’Abraham et des prophètes, dénonçant conjointement aux chrétiens et aux musulmans le faux messianisme, le « messianisme luciférien » de l’Homme impie.
Ce dernier combat spirituel sera terrible et sans merci. Il ne se fera pas d’abord avec des armes d’acier mais dans les cœurs. Aux yeux de Dieu, tout échec en ce domaine de la part du peuple de ses saints serait bien plus terrible que le meurtre car c’est de la vie éternelle qu’il s’agit. C’est pourquoi l’Apocalypse et les diverses prophéties de l’Écriture décrivent ces combats de l’Antéchrist comme des guerres et des meurtres abominables, inimaginables. De fait, il est probable que l’Antéchrist ne triomphera que par des armes spirituelles, celles de ses idées, de son intelligence, de ses ruses[52]. C’est ainsi. Plus l’humanité approchera de son terme et se spiritualisera, plus ses guerres seront celles de l’Homme sans Dieu contre l’Homme au service de Dieu. Ce sont les deux conceptions opposées du monde, celles de Dieu et celle de Lucifer. Elles sont, révélées à la face du monde de manière explicite, le combat sous-jacent, depuis la création du monde, toutes les tribulations de l’humanité. Alors sera réalisée la prophétie de saint Paul[53] : « Auparavant doit se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. »
(Chose certaine pour l’aspect général, probable pour le particulier)
« Et la puissance fut donnée à la Bête sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, sur toute nation. » (Apoc., XIII, 7.) Cette accumulation d'expressions ne laisse aucun doute sur l'universalité de l'empire de l'Antéchrist. Il deviendra, soit par lui-même, soit par ses lieutenants, maître du monde. L’Histoire et le démon qui la manipule auront puissamment préparé les peuples au nouvel évangile de l’Homme libéré. Très vite, porté par l’enthousiasme des nations* devant son projet politique, l’Antéchrist étendra son pouvoir sur le monde entier: “Il consolidera une alliance avec le grand nombre[55]”. Il n’aura d’ailleurs que l’opposition de quelques groupes spirituels isolés à son action puisque le monde entier, disposé par des années d’apostasie*, sera en communion avec lui, selon saint Paul [56]: « Mais que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera ». Il sera très efficace. Soit lui personnellement, soit le courant de l’histoire qui l’aura précédé de peu, établira un gouvernement mondial. L’Évangile fait même de la disparition des nations l’un des signes important du temps de la fin. « Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens jusqu’à ce que soient accomplis les temps des nations[57]. » Il semble que cet événement sera politiquement visible et qu’il s’accomplira parallèlement à la récupération par l’État d’Israël de la totalité de Jérusalem[58]. Intelligemment et avec respect des différentes mentalités humaines, le dernier Antéchrist centralisera le gouvernement du monde en un seul endroit. Il fera des nations (France, Belgique etc.) de simples provinces. Le but de cette œuvre sautera aux yeux de tous, bannir à jamais les guerres nationales ou religieuses. Les armées nationales seront dissoutes au profit d’un corps d’armée mondial chargé de bannir toute guerre locale. Ce sera une réussite. “ Quand les hommes diront paix et sécurité (...)”, commente saint Paul[59]. Il saura mettre les sciences et les techniques au service de tous. Il supprimera définitivement la famine. De même, la médecine fera reculer la maladie de manière unique et universelle. L’Antéchrist multipliera les lois de ce genre et il réussira. Il établira pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité une paix universelle. Chacun pourra le constater. Ce sera bien sûr aux yeux de Dieu une fausse paix, c’est-à-dire non fondée sur la charité mais sur l’intérêt commun. Mais elle sera réelle, palpable. Le commerce mondial en sera dopé, le capital des anciennes nations croîtra sans effets pervers trop visibles, étant encadré par des lois sociales justes. Chacun sera obligé de constater la réalisation des promesses. On se réjouira en disant: « Maintenant que la paix est acquise sur le monde, rien ne sera plus impossible à l’homme, prolonger la durée de la vie, conquérir de nouveaux espaces habitables, vivre de loisirs dans le travail et de travail dans le loisir, profiter des joies les plus douces ou les plus fortes. Ce sera un véritable paradis sur terre. » La puissance de l’Antéchrist semblera alors définitivement consolidée devant les nations. (Chose certaine pour le fait, probable pour la manière) Sûr de sa force, “ il s’exaltera dans son cœur et détruira un grand nombre par surprise[60]”. En effet, il saura discerner le risque considérable que représentent les restes des religions pour la durée de son oeuvre. Il sera intelligent et ne négligera pas la puissance des idées. Il connaîtra la faille de son système d’humanité coupée du vrai Dieu, cette soif insatiable du cœur de l’homme vers l’amour absolu, la Lumière infinie, en un mot vers le Dieu d’amour, le Dieu de Jésus-Christ. Sans doute ce danger lui paraîtra-t-il d’autant plus réel que l’Église, dans un dernier sursaut (les deux témoins), aura su prêcher avec un certain succès les failles présentes dans son humanisme en adoration devant le faux dieu froid du pouvoir et de la liberté solitaire. Aussi, appuyé sur ses premiers succès, il proposera aux peuples la loi suivante. L’Antéchrist final installera sa royauté dans les cœurs humains et sur les nations. Sa religion sera de manière ultime celle du « 666* » puisque l’homme devenu Dieu adorera dans la paix la puissance de l’ange révolté. Ses méthodes ne laisseront place à aucune ambiguïté. Au contraire, le vrai pape et la vraie Église de cette époque auront à subir un martyre, très souvent annoncé par l’Écriture et qu’il faut contempler maintenant. « Quand tu étais jeune, dit Jésus au pape Pierre[66], tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il indiquait ainsi, commente saint Jean, par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: “suis-moi”. Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, s’était penché sur sa poitrine et avait dit: «Seigneur, qui est-ce qui te livre? Le voyant donc, Pierre* dit à Jésus: Seigneur, et lui? Jésus lui dit: “S’il me plaît qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi”. Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus avait dit à Pierre: «si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne”. et non: il ne mourra pas. » Je l’ai dit, ce texte est l’annonce, sous forme symbolique, de la fin de l’Église. Il s’agit d’un exemple typique du style des prophéties de Jésus. Pierre* est vraiment mort martyrisé et Jean de vieillesse, le jour où le Seigneur est venu le chercher par son apparition à l’heure de sa mort. Pierre y figure comme le symbole de l’Église visible, hiérarchique. Cette partie de l’Église est composée de tous ceux qui ont reçu une mission officielle d’évangélisation dans le monde (pape, prêtres, évêques, personnes consacrées). Elle ne cesse de paraître aux yeux de tous par ses interventions extérieures, ses prédications. Jean symbolise pour sa part cette partie de l’Église qui se laisse moins voir car elle siège au fond du cœur des chrétiens par la prière. Jean ne fut-il pas le contemplatif par excellence, celui qui prit Marie* chez lui? Dans un autre sens et pour montrer la correspondance de toute l’Écriture, Pierre et l’Église hiérarchique sont Élie*, puisqu’ils doivent témoigner comme lui de la vérité devant les peuples. L’Église dans son intériorité est symbolisée par Jean est Énoch puisque, comme lui elle « marche avec Dieu[67] ». Ainsi, le texte de saint Jean raconte comment se produira le martyre final de l’Église. Appuyé sur ses succès antérieurs, l’Antéchrist rendra les religions illégales dans le monde entier. Il fera adopter par toutes les nations « une interdiction définitive de prêcher ou de rendre un culte même privé à travers les anciennes religions liées à l’humilité ou à n’importe quelle divinité inventée par le passé. Seule la religion du Dieu de l’homme libéré de toute soumission sera tolérée ». Chacun sera invité à consacrer son temps à la construction du monde d’ici-bas, au-delà des superstitions que la peur suscite. Le culte de Dieu ne pourra donc subsister qu’au fond de la conscience individuelle, domaine incontrôlable par définition aux autorités politiques. Les enfants devront être protégés des superstitions religieuses en foi de quoi il ne sera pas autorisé aux parents de les influencer par leurs propres croyances. Il n’est pas sûr que, dans le domaine privé, la contrainte de cette loi aille plus loin. Le monde de l’Antéchrist respectera les libertés privées. Ce sera même une de ses forces, accompagnée d’un réel bien-être matériel. Il ne sera d’ailleurs pas nécessaire de faire davantage. L’homme ne recherche pas le vrai Dieu quand il n’a pas besoin de lui pour être heureux. Par contre, au niveau politique, la loi sera sévère. L’Écriture est nette sur ce point[68]: « La corne (la puissance de l’Antéchrist) grandit et s’étendit en direction du pays de la Splendeur (le pays où l’on adore Dieu, à savoir les religions et en premier celle du Christ). Elle grandit jusqu’aux armées du ciel (ceux qui servent Dieu), précipita à terre des armées (les apôtres qui luttent pour l’Évangile) et des étoiles (des docteurs qui enseignent la bonne direction à suivre) et les foula aux pieds. Elle s’exalta même contre le Prince de l’armée (le Christ), elle abolit le sacrifice perpétuel (pour les Juifs, il s’agit de l’holocauste du Temple et, pour les chrétiens, la messe et tous les sacrements de l’Église), et renversa le fondement de son autel (le pape sur qui l’Église est bâtie) et l’armée (les serviteurs de Dieu). Sur le sacrifice elle posa l’iniquité (c’est-à-dire qu’elle déclara mauvais tout culte divin) et renversa à terre la vérité. Elle agit et elle réussit ». Ce texte comme tous les autres traitant du même sujet ne laisse aucun doute sur l’ampleur de la destruction opérée par l’Antéchrist. Il ne laissera rien subsister de l’Église vivante, surtout pas le sacerdoce. Il ne subsistera que les cadavres du passé (bâtiments du culte transformés à d’autres usages, écrits anciens transformés en pièces archéologiques). L’apocalypse décrit symboliquement ce fait. «Leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans qu’il soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre s’en réjouissent et s’en félicitent; ils échangent des présents, car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments.[69]» Rien ne permet d’être définitif sur les méthodes qu’il emploiera. Beaucoup de théologiens du passé affirmèrent à partir de ces textes et de la vie de saint Pierre qu’il s’agirait d’un martyre sanglant, d’une mise à mort physique des quelques milliers d’hommes que sont dans le monde le pape, les évêques et les prêtres. C’est une chose en définitive assez facile à réaliser dans un monde confiant devant sa liberté. Mais ce sens littéral du martyre n’est pas une certitude. Pour faire disparaître le sacerdoce de la vie des peuples, il suffit, après l’avoir vu s’affaiblir durant des siècles, de l’empêcher de s’exercer: convocation d’un faux concile oecuménique le ridiculisant, surveillance, emprisonnement, déportation, toutes méthodes policières dans un monde où rien n’est laissé au hasard[70]. Je ne peux affirmer qu’une chose de manière certaine. Vers la fin du monde, de par l’action de l’Antéchrist, le dernier pape vivra un sacrifice total dans son ministère désormais banni de la terre. Il sera crucifié comme saint Pierre dans son âme de pasteur (et peut-être aussi dans son corps). Afin que le caractère qui fait le prêtre ne subsiste en personne, il est possible que son martyre s’accompagne de celui des prêtres. Pour se faire une opinion définitive, il convient ici de citer le texte d’une apparition privée officiellement reconnue par l’Église. Le troisième secret de Fatima[71]* est rapporté ainsi par Lucie[72]. La fin des nations, le gouvernement mondial
L’interdiction des religions