Il semble que l'affaiblissement progressif de l'empire ait laissé la place à de nouvelles ambitions, dont celles des rois gutis, mais aussi de personnes originaires des différentes régions de l'empire ou de son voisinage, qui prennent alors leur indépendance, comme il est attesté à Suse avec Puzur-Inshushinak, Lagash avec la « dynastie » de Gudea, ou Uruk avec le royaume d'Utu-hegal, qui est à l'origine de celui de la dynastie d'Ur III fondé par Ur-Nammu après un coup d'État. Les conditions de la chute de l'Empire akkadien restent donc mystérieuses. Il a été proposé qu'un changement climatique, consécutif à une éruption volcanique en haute Mésopotamie, ait pu influer sur ce déclin en entraînant la désertification de certaines régions et des mouvements de population, mais cela reste très débattu[39].
La première mention historique de Suse date de l'époque de l’Empire d'Akkad, dans lequel elle est incorporée depuis le règne de Sargon (2334-2279).
Probablement dominée par les rois élamites d’Awan au début du XXVe siècle av. J.-C., Suse est conquise après 2340 par le roi Sargon d'Akkad, qui l’incorpore dans son Empire. Elle devient alors la capitale de la province la plus orientale de son État, qui lance sous les successeurs de Sargon plusieurs attaques vers l’Élam. Des tablettes de cette période montrent l’activité du gouverneur de la cité, ainsi que celles de marchands agissant pour le compte de l’État[10]. L’art susien dans la céramique et la glyptique est désormais très influencé par la production mésopotamienne. Cette période voit également la mise au point d’une écriture spécifique, appelée élamite linéaire, attestée essentiellement par de la documentation provenant de Suse. Les 18 inscriptions retrouvées sur ce site dans cette écriture sont liées à des réalisations artistiques et architecturales du règne de Puzur-Inshushinak. L’élamite linéaire reste à ce jour indéchiffré ; ses liens avec le proto-élamite sont peu évidents, contrairement à ce qui est parfois écrit. Cette écriture ne survit pas au règne du souverain qui semble être à son origine. Suse sous les Sukkalmah [modifier] Sous la dynastie suivante, celle des Sukkalmah (ou Dynastie d'Eparti), Suse est le lieu de résidence du Sukkal (« le Régent »), le successeur du trône d'Élam. La ville connaît à partir du XVIIIe siècle un développement considérable, sa surface est estimée à 85 hectares contre 46 pour la fin du IIIe millénaire. La campagne entourant la ville semble elle aussi connaître un développement démographique fort, et les textes de la période montrent la présence de plusieurs villages et bourgs aux alentours de la grande cité. Celle-ci est alors une place commerciale de niveau international, servant au commerce entre le plateau iranien et la Mésopotamie, notamment pour le commerce de l’étain[11]. Les rois élamites en tirent un grand profit politique dans leurs rapports avec leurs voisins. De grandes et riches maisons sont construites dans le quartier nord de la Ville royale, signe de l'enrichissement des notables de la cité[12]. Ce quartier se situe à proximité du palais royal, ses résidents étant souvent liés au pouvoir. Leurs demeures sont bâties sur d’autres plus modestes construites aux périodes précédentes. Ces grandes résidences sont habitées par de grands personnages : Rabibi, chambellan du roi Kutir-Nahhunte, et Temti-wartash et Attar-uktush, deux grands propriétaires terriens. Ces maisons avaient une salle de réception principale portée par quatre pilastres qui ouvrait sur une grande cour autour de laquelle s'organisait l'édifice. On y a également repéré des foyers destinés à chauffer les maisons, d’autres pour la cuisine, ainsi que des installations sanitaires (latrines, baignoires). Le réseau de rues de ce quartier s’organise autour de voies larges desservant d’autres qui sont plus petite. Le quartier d'habitation au nord de la Ville Royale a été abandonné vers le XVe siècle. Des écoles et des bibliothèques ont aussi été identifiées dans ce même quartier (il y en avait apparemment une dans la maison de Rabibi), et les tablettes qui y ont été exhumées ont permis de retracer l’apprentissage des scribes de la période. On a également retrouvé des tablettes montrant des activités de divination, des textes littéraires, ou encore mathématiques[13]. La période des Sukkalmah a aussi livré un corpus de 450 documents économiques et juridiques privés découverts au début du XXe siècle, qui n'ont pas fait l'objet d'études récentes[14]. Ils sont écrits en majorité en akkadien. Leurs sujets sont divers : on trouve des actes de mariage, de divorce, testaments, d'adoption, de vente, de prêt, de remboursement, des donations, des décisions de justice sur des litiges. Les décisions de justice sont souvent placées sous les auspices des dieux Inshushinak ou Nahhunte, ou bien sous l'égide du souverain. Les instances judiciaires sont dirigée par le « chambellan » (teppir en élamite), assisté de juges. Divers termes inconnus rendent parfois très difficile la compréhension des particularités juridiques de ces documents. La justice est tantôt présentée comme émanant des dieux ou des souverains, selon les textes. On saisit mal cette imbrication entre les deux, qui est une originalité du droit susien. Les pénalités en cas de non-respect d’un contrat sont diverses : amendes, main ou langue coupées, mort, ordalie dans une rivière. On a noté dans ces textes que les femmes avaient une situation meilleure que celles de la Mésopotamie : elles peuvent témoigner, ester en justice, héritent à part égales avec leurs frères, et peuvent même être désignées comme héritières principales devant leurs frères par leur père, ou par leur mari (sans qu’il soit nécessaire de recourir à une fiction juridiques les masculinisant comme à Nuzi), charge à elle de reprendre le culte des ancêtres familiaux (fonction masculine normalement). Mais la société susienne reste patriarcale. Du point de vue économique, les principaux acteurs paraissent être la famille royale et les temples, ainsi que des grandes familles liées au pouvoir. Certaines possèdent de grands domaines ruraux, mais également des biens-fonds urbains, et font des prêts, souvent assortis de gages, qui portent sur des terres ou du bétail, mais jamais sur des personnes à la différence de la Mésopotamie contemporaine. Il existe des patrimoines gérés en indivision par des membres d’une même famille. Ils ne nous sont néanmoins connus que quand on procède à leur division entre chaque ayant droit. Mais Suse n'est pas délaissée pour autant, et reste prospère. Le roi Untash-Napirisha, fondateur de Dur-Untash, y construit et restaure plusieurs temples, Ces souverains sont aussi d'ardents bâtisseurs. Shilhak-Inshushinak, à la suite de son frère Kutir-Nahhunte III, est le plus actif : il restaure tous les quartiers sacrés de Suse, dont les temples d'Inshushinak et de Ninhursag bâtis par Shulgi, ainsi que la ziggurat et le bosquet sacré (husa), et il l'entoure d'une muraille. Le palais (hiyan) des rois élamites est restauré, avec son temple (kumpume kiduya). Celui-ci était décoré par des façades en briques émaillées, qui ont été retrouvées sur le tell de l'Apadana où ils avaient servi à l'époque achéménide pour faire les murs d'une canalisation. Le bas-relief qui y est sculpté représente en alternance une divinité et un homme-taureau protégeant un palmier. Les textes nous apprennent que l’on trouvait dans ce sanctuaire une salle appelée suhter, où se trouvaient apparemment des statuettes de la famille royale et des insignes du pouvoir. Des tombes, peut-être royales, ont été découvertes à proximité. Les corps avaient probablement été incinérés. Divers objets y ont été découverts : bijoux, statuettes, cachets anciens, etc. C'est aussi à cette époque que de nombreuses œuvres mésopotamiennes, telles que la célèbre stèle du Code d'Hammurabi et la Stèle de la victoire de Naram-Sin d'Akkad sont amenées à Suse à la suite des expéditions en basse Mésopotamie. Une partie d'entre elles fut alors entreposée à côté du temple d'Inshushinak, dans un bâtiment spécifique dont la fonction n’a pas été identifiée. La religion de Suse à l'époque élamite [modifier] Suse présente une religion originale, fortement influencée par le monde mésopotamien (Sumériens et Akkadiens)[15]. L'influence élamite se fait néanmoins sentir dès l'époque paléo-élamite, même si elle ne devient prégnante que durant la période médio-élamite. Le panthéon de Suse est dominée par la figure d'Inshushinak, littéralement « le Seigneur (IN) de Suse (ŠUŠINA(K)) » en sumérien. Il est présenté comme celui qui pourvoit la royauté au souverain dominant Suse, et de nombreux souverains portent un nom théophore composé à partir de ce dieu. Son temple principal, situé dans le quartier sacré de la ville, a été bâti par le roi Shulgi d'Ur au début du XXIe siècle, puis il a été restauré par les principaux souverains qui occupèrent la ville par la suite (Kindattu, Puzur-Inshushinak, Shilhak-Inshushinak). À côté de ce temple se trouvait une ziggurat dédiée elle aussi à ce dieu, qui n'a pas été retrouvée car elle a sans doute été détruite. Inshushinak est également une divinité liée au monde des morts. Il est chargé du jugement des âmes des défunts, tâche dans laquelle il est assisté par deux autres divinités, Ishme-karab et Lakamar (parfois rapprochée de Nergal, le dieu mésopotamien des Enfers). Les parèdres d'Inshushinak varient selon la période. Les autres divinités identifiées dans les monuments ou les textes à Suse sont pour une grande partie d'origine mésopotamienne. On trouve ainsi Shamash, Inanna/Ishtar, Ninhursag (qui dispose d'un temple important), Enki/Ea, etc. Le culte des divinités varie selon les périodes. Ainsi, durant la dynastie des Sukkalmah, le temple d'Inshushinak est aussi un lieu de culte pour Ea et Enzag (une divinité originaire de Dilmun, l'actuel Bahreïn). Durant la période médio-élamite, les divinités d'origine élamite font leur entrée à Suse, sous le patronage des rois des dynasties Igehalkides et Shutrukides. Auparavant, seule la déesse Narundi disposait d'un temple à Suse. À cette période, des temples sont construits pour les dieux élamites à proéo-ximité de Suse, à Dur-Untash (Chogha Zanbil), par le roi Untash-Napirisha. À Suse même des temples dédiés aux divinités élamites sont bâtis. À l'époque élamite, de nombreuses divinités d'Élam ont un lieu de culte à Suse. Dans les inscriptions assyriennes commémorant la prise de la ville en 648, sont mentionnés des temples dédiés à Inshushinak, Shimut, Lakamar, Pinikir, Hutran. F. Vallat a proposé une reconstitution de la localisation des temples de Suse d’après l’étude des sources textuelles. Le quartier sacré (élamite kizzum) de Suse était situé sur le tell de l'Acropole. S'il est assez mal connu par l'archéologie, il est en revanche mentionné par des textes de l'époque Shutrukide (XIIe siècle). Ce quartier était dominé par la ziggurat d'Inshushinak, sur laquelle se trouvait un temple haut (kukunnum). En contrebas se trouvait le temple bas (haštu). Le complexe dédié à Inshushinak se trouvait dans un bosquet sacré (husa), une particularité élamite. Une porte monumentale se trouvait à l'entrée. D'autres temples entouraient cet édifice, mais il en existait aussi en dehors du quartier sacré. Le roi Shutruk-Nahhunte II construit un temple carré sur le tell de l'Acropole. Les grands temples d'Inshushinak et de Ninhursag sont sans doute restaurés. En ce qui concerne les pratiques funéraires, une tombe collective voûtée a été retrouvée dans la Ville Royale. D’autres tombes ont été exhumées en divers endroits du site. On y a retrouvé des bijoux en or, des objets en faïence. Lors de l'ultime bataille, qui voit la défaite du roi Humban-haltash III contre Assurbanipal en 648, Suse est ravagée par les Assyriens. Dans son récit du sac de Suse, le souverain assyrien évoque la terrible punition infligée à la capitale de ses plus farouches adversaires : pillage des lieux sacrés, destruction des principaux monuments, ravage de la campagne alentour. Inshushinak est le dieu tutélaire de la ville de Suse, dont le nom signifie en sumérien « Seigneur (in) de Suse (shushinak) ». Avec l'intégration de cette ville dans le royaume élamite à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C., il devient un des dieux principaux des rois d'Élam. De nombreux souverains élamites portent un nom théophore faisant référence à lui, comme Indattu-Inshushinak, Puzur-Inshushinak ou Shilhak-Inshushinak. Inshushinak est avant tout le dieu principal de Suse, et c'est lui qui accorde à un souverain le pouvoir sur cette ville, selon les conceptions théologiques de l'Orient ancien. A côté de cela, c'est une divinité du monde des morts. Assisté de deux autres dieux, Ishme-karab et Lagamar, il juge les âmes des défunts. Son temple principal se trouvait dans le quartier sacré de Suse, et une ziggourat (connue uniquement par les textes) lui était adjointe. Selon la tradition religieuse locale, sans doute d'origine élamite, ce temple se trouvait au milieu d'un bosquet sacré. Un autre temple d'Inshushinak se trouvait dans la ville de Dur-Untash (Choga-Zambil), et était aussi accompagné d'une ziggourat. Le dieu susien le partageait avec Napirisha, la dieu de la région d'Anshan.Inshushinak
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