De ce fait, le terme « Aztèque », selon l'origine, l'époque, la formation et le parti pris des auteurs, est employé pour désigner :
La civilisation aztèque, depuis sa rencontre avec la civilisation occidentale, a le plus souvent été représentée comme barbare, sauvage, démente voire démoniaque, par rapport à d'autres civilisations antiques, non seulement dans les publications grand public et les fictions mais également par certains universitaires contemporains[9].
Les causes principales de cette représentation sont les sacrifices humains pratiqués régulièrement par les Aztèques[10] et l'absence d'écriture alphabétique[11].
Les sacrifices humains, cependant, objecte Esther Pasztory, n'étaient pas forcément plus violents ni plus moralement répréhensibles que les combats de gladiateurs romains qui, eux, étaient un simple divertissement et non un rituel religieux, ou encore que l'Inquisition ou le bombardement d'Hiroshima[10]. Cette représentation particulièrement négative de la civilisation aztèque s'explique selon elle en partie par le fait que, contrairement à la civilisation romaine, l'absence de témoignages exprimant le point de vue des Aztèques sur leur propre civilisation, avant toute interférence avec la culture chrétienne, a occulté les nuances possibles de la perception européenne[10].
Le système d'écriture aztèque, utilisant des logogrammes appelés plus couramment glyphes, était trop différent des systèmes d'écriture alphabétiques connus de la majorité des Occidentaux pour être considéré par ceux-ci comme plus évolué qu'une simple représentation picturale ou un outil mnémotechnique[11]. Or, l'écriture était considérée comme l'élément distinctif entre la barbarie et la civilisation[10].
Les Aztèques partageaient effectivement avec ces peuples la même langue (le nahuatl), les croyances astrales, la pratique des sacrifices humains et une organisation militariste de la société[17].
Il semble que les Nahuas avaient commencé à quitter le nord du Mexique actuel au VIe siècle de notre ère pour s’installer en Mésoamérique, au centre de l'actuel Mexique, et avaient fini par se mélanger avec les populations locales. Pendant l’époque postclassique, ils aménagèrent à Tula, à l'époque du développement de la civilisation toltèque. Il semble que c’est au XIIe siècle que les derniers Chichimèques, dont les Aztèques, ont immigré dans la vallée de Mexico, qui était alors dominée par les Tépanèques d'Azcapotzalco.
Les codex affirment tous que les Aztèques, comme leur nom l'indique, étaient originaires d’Aztlan.
Dans ces textes anciens, la localisation de cette cité, qui est le plus souvent représentée sous la forme d'une montagne entourée d'eau[18], n'est généralement pas indiquée, ou est vaguement qualifiée de lointaine[19]. Les sources plus précises la situent le plus souvent au nord, mais parfois aussi à l'ouest ou au nord-est[20]. On ne sait pas non plus exactement le sens du nom de cette cité mystérieuse[21]. Aucune convention pictographique aztèque ne lui a été non plus attribuée, contrairement aux autres cités qui sont toutes représentées par un glyphe spécifique[22].
Ces incertitudes et ces contradictions sont à l'origine de nombreuses hypothèses émises par les historiens[23], tandis que nombre d'entre eux tiennent pour acquis le caractère mythique de cette cité, dont la description est fortement chargée de symboles. Christian Duverger, dans sa monographie L'origine des Aztèques, considère même que la grande similarité entre Aztlan et Mexico est un indice (parmi de nombreux autres) d'une réécriture a posteriori des origines des Aztèques, qui leur aurait permis de légitimer leur occupation de Mexico, en tant que site naturel jumeau d'Aztlan[24].
D'après les codex aztèques, ils auraient quitté leur territoire d'origine en l'an 1-couteau de silex (1116) ou peut-être au moment de la chute de Tula en 1168[25]. Guidés par le dieu Huitzilopochtli, ils auraient erré pendant plusieurs générations avant de se fixer sur le site actuel de Mexico.
Pendant cette période migratoire, ils seraient passés par Chicomoztoc (« lieu des sept cavernes » en nahuatl) d'où différentes tribus seraient parties les unes après les autres, et notamment les Toltèques. Ils seraient également passés par Tula[25] avant d'arriver à Chapultepec vers 1248[26].
Au XIVe siècle, la région du plateau central mexicain comptait 28 « altepeme » (cités-États)[27] : les plus puissants étaient Culhuacan au sud (d'origine toltèque) et Azcapotzalco à l’ouest (d'origine incertaine). Ces « altepeme » étaient tantôt en état de guerre, tantôt alliés en « excan tlatoloyan ». Une fois établis à Chapultepec, les Mexicas seraient tombés sous la domination des Colhuacas, mais les Tépanèques d’Azcapotzalco les auraient ensuite expulsés de Chapultepec. Les Mexicas n'auraient alors pas tardé à se révolter et auraient dû sauver leur vie en se réfugiant dans les zones marécageuses du lac. En 1299, Cocoxtli, le dirigeant de Culhuacan les aurait autorisés à se fixer sur les terres pauvres de Tizapan[28], où ils se seraient intégrés à la culture de Culhuacan.
Cette vision de l'aigle sur le nopal aurait été interprétée par les prêtres comme un message surnaturel du dieu Huitzilopochtli leur indiquant qu’il leur fallait s’établir à cet endroit pour y fonder ensuite un puissant empire. Les Mexicas se seraient alors définitivement sédentarisés à cet emplacement, autour duquel ils ont ensuite édifié progressivement la ville de Mexico-Tenochtitlan[33].
En 1426, Maxtla, tlatoani d'Azcapotzalco et héritier de Tezozomoc, capture le tlatoani mexica Chimalpopoca, qui meurt peu après (assassiné ou suicidé). Les Aztèques considérant Maxtla responsable de la mort de leur souverain, le successeur de celui-ci, Itzcoatl, s’allie avec le chef exilé de Texcoco, Nezahualcoyotl afin de vaincre Maxtla[36]. Tlacopan rejoint alors la coalition, qui s'empare vers 1430 de la capitale tépanèque, met fin aux jours de Maxtla et remplace la domination d'Azcapotzalco sur le bassin de Mexico par celle de leur Triple alliance[37] .
Tenochtitlan devint alors progressivement l’État le plus puissant sur le plateau central du Mexique, réussissant à imposer sa domination sur la vallée de Mexico puis à étendre progressivement son influence jusqu'au golfe du Mexique à l'est et au littoral du Pacifique au sud et à l'ouest.
Deux souverains de Texcoco surent garder son influence à la troisième ville de la Triple Alliance qui devint la capitale intellectuelle de l'empire : Nezahualcoyotl, protecteur des arts et des sciences et Nezahualpilli, qui mit en application les idéaux de son père Nezahualcoyotl. Après les règnes d'Itzcoatl et de Moctezuma Ier, puis la mort de Nezahualcoyotl en 1472, les souverains mexicas héritèrent d'un véritable empire[38].
deux principaux architectes de l’empire aztèque furent les demi-frères Tlacaelel et Moctezuma I (1440-1469), qui étaient aussi les neveux d’Itzcoatl. Moctezuma I succéda à Itzcoatl comme Hueyi Tlatoani en 1440 ; il étendit la domination aztèque sur les états actuels de Guerrero, Puebla et Oaxaca[39]. Tlacaelel, qui était une sorte de vice-empereur, réforma l’État et la religion. On lui attribue également la responsabilité, pendant le règne d'Itzcoatl, de la destruction des codex existants après la victoire de la Triple alliance sur Azcapotzalco[13], qui lui aurait servi à mieux asseoir et légitimer la domination aztèque sur le bassin de Mexico en modifiant profondément l'historiographie. Tlacaelel serait également à l’origine des rituels guerriers (guerre fleurie) mais aussi de la nécessité de sacrifices permanents pour perpétuer la course du Soleil.
L’empire aztèque connut son apogée sous le règne d’Ahuitzotl entre 1486 et 1502[39]. En moins de 200 ans, l’humble peuple nomade chassé par plus puissant que lui était devenu le maître de la vallée de Mexico et de ses environs. Les Mexicas attribuaient leur succès à Huitzilopochtli et adoraient conter la glorieuse épopée de leur longue errance dans le désert. L'« empire » qu'ils bâtirent rapidement et la soumission des nations occupant ce territoire trouvaient leur légitimité dans le fait que les Tenochcas (autre nom pour désigner les Aztèques) étaient d'après eux-mêmes le peuple élu du Soleil pour diriger le « Monde ».
Le successeur d’Ahuitzotl, Motecuzōma Xocoyotzin (plus connu sous le nom de Moctezuma II), poursuivit l'organisation administrative de l'empire[40].
Les causes de la défaite
La rapidité de la conquête espagnole s’explique par diverses causes. Tout d’abord, les conquistadores possédaient un armement supérieur : cuirasses, épées et lances d'acier, arbalètes, arquebuses et canons (en faible quantité), cavalerie. Les Aztèques se battaient avec des armes en obsidienne et en silex, des boucliers et des protections légères ornées de plumes.
Elle s'explique aussi par le fait de la légende de Quetzacóatl qui avait dit qu'il reviendrait par l'Est sous les traits d'un homme roux ce qui correspondait parfaitement aux caractéristiques de Hernán Cortés (un homme roux venant d'Espagne et donc à l'Est de l'Amérique). Voyant Cortés, Moctezuma II pensa immédiatement à Quetzacóatl et accueillit Cortés avec tous les honneurs. C'est d'ailleurs ce qui lui a valu la mort en 1520.
Les Espagnols étaient ensuite très supérieurs tactiquement : en effet, les conquistadors sont pour une grande partie d'entre eux des vétérans des guerres d'Italie. Ils ont une solide expérience des combats, en dépit de leur méconnaissance du terrain et de leur faible nombre (compensé en partie par leurs alliés totonaques, tlaxcaltèques, otomis, mécontents de la domination mexica).
Enfin, les buts de guerre sont différents : les Espagnols combattent pour éliminer l'ennemi du combat (de façon temporaire ou définitive), alors que les Aztèques tentent de faire des prisonniers en vue de sacrifices futurs pour les dieux. Ces derniers avaient des règles et des rituels précis liés à la guerre. Chaque faction prévenait l'autre de son attaque prochaine et lui fournissait même des armes (souvent en quantité plus symbolique qu'utile). D'ailleurs une guerre ne se terminait jamais par un massacre généralisé ou un asservissement total. Les gagnants et les perdants discutaient ensemble des conditions de soumission, des tributs à payer, etc.
Les Espagnols pratiquèrent le pillage et n'hésitèrent pas à tuer. Cette guerre fut également un affrontement idéologique entre deux cultures très différentes[41]. L'indécision initiale de Moctezuma qui croyait assister au retour de Quetzalcoatl était hanté par l'antique prophétie et par de mauvais présages, se prépara à livrer son empire : Quetzalcoatl devait revenir l'année ce-acatl (du roseau) et Cortés débarqua une année ce-acatl[42]. Le facteur de surprise et de peur n’est pas à négliger pour expliquer l’effondrement aztèque. Devant l'ennemi et leurs nouvelles technologies, les différents peuples amérindiens du continent faisaient face à une nouvelle menace. Le bruit du tonnerre entre les mains, les conquistadores maîtrisaient les foules. Devant la destruction des lieux sacrés, la profanation des cultes et l'élimination des différentes idoles, l'absence de réponse divine ne faisait qu'accentuer le pouvoir des Espagnols et la peur des conquis. Enfin, la variole, maladie transportée d'Europe en Amérique par les Espagnols, affaiblit considérablement les Aztèques.
Moctezuma II était huey tlatoani depuis 17 ans lorsque le conquistador Hernán Cortés débarqua sur les côtes mexicaines au printemps 1519. Ce dernier conclut une alliance avec la confédération de Tlaxcala qui était depuis longtemps ennemie des Aztèques. Les Espagnols et leurs alliés amérindiens arrivèrent devant Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Moctezuma les accueillit d’abord pacifiquement ; puis la méfiance et l’hostilité s’installèrent pour culminer avec le massacre du Templo Mayor et la mort du chef aztèque. Les conquistadores durent fuir la ville le 1er juillet 1520 après les affrontements de la Noche Triste (« la nuit triste »). Ils revinrent pour assiéger Tenochtitlan avec leurs alliés amérindiens au printemps 1521. Le 13 août, ils entrèrent dans la cité et la réduisirent à néant. Après la mort de Moctezuma II, l’empire aztèque tomba entre les mains d’empereurs affaiblis comme Cuitláhuac ; puis il fut dirigé par des chefs fantoches comme Andrés de Tapia Motelchiuh, choisi par les Espagnols. L'exécution de Cuauhtémoc en 1524 marque la fin de l'Empire aztèque[40]. Le déclin de l’empire aztèque provoqua la libération des autres cultures amérindiennes du centre du Mexique. Les dignitaires aztèques furent considérés comme des nobles par les conquérants et furent respectés comme tels. Les Tlaxcalans restèrent fidèles aux Espagnols et participèrent aux autres conquêtes menées par Cortés et ses hommes.
L’altepetl était une sorte de cité-État regroupant plusieurs calpollis et dirigée par un tlatoani. Le mot désigne non seulement un territoire mais aussi sa population. Ces cités-États pouvaient conclure des alliances, comme celle qui unissait Tlacopan, Texcoco et Tenochtitlan contre Azcapotzalco. Lorsqu'un altepetl étendait sa domination à d'autres altepetl, on lui donnait alors le titre de « huey altepetl » (« grand altepetl »).
À la veille de la conquête espagnole, l'altepetl de Mexico-Tenochtitlan avait soumis à sa domination de nombreux autres altepetl, gagnant ainsi le titre de « huey altepetl » (grand altepetl).
Cet empire était divisé en 38 provinces plus ou moins assujetties, qui constituaient des cadres économiques et de perception du tribut[49]. Il était composé de plusieurs ethnies différentes les unes des autres, dont certaines ne parlaient pas le nahuatl[42]. Il ne formait pas un ensemble territorial cohérent : par exemple, la région méridionale et périphérique de Xoconochco ne se trouvait pas en contact direct avec le centre de l’empire. Tlaxcala au centre, Metztitlan au nord et Teotitlan au sud, étaient des enclaves indépendantes à l'intérieur de l'empire aztèque[50]. Les frontières étaient surveillées par des garnisons et protégées par quelques fortifications comme à Oztoman[51].
D’après Alexander J. Motyl[52], l’Empire aztèque était de nature informelle ou hégémonique car il n’exerçait aucune autorité suprême sur les territoires conquis et n’attendait qu'un tribut de leur part sous forme de balles de coton, plumes de quetzal, mesures d'or, vêtements précieux, etc.[53] Après leur défaite, les chefs héréditaires étaient en général restaurés dans leur fonction de commandement et les Aztèques n’intervenaient pas dans les affaires locales, pourvu que le tribut soit honoré[54]. Les altepetl devaient tous renoncer à leur politique militaire et célébrer le culte de Huitzilopchtli[55]. Beaucoup d'entre eux conservaient une relative autonomie de fait au sein de la confédération[56]. Ils furent l’un des rouages de la domination hégémonique des Aztèques sur les autres peuples de la Mésoamérique[57]. Les gouverneurs aztèques (tlacatecuhtli, « chef des guerriers ») résidaient dans les provinces sensibles[55].
Le tribut devait être acquitté entre une et quatre fois par an selon sa nature[58]. Il était levé par un fonctionnaire (calpixque) aidé d'une équipe de scribes. Deux registres des tributs sont parvenus jusqu'à nous : le Matricula de Tributos et le Codex Mendoza[59]. Le tribut était en nature : il était souvent composé de coton ou de l’ixtle (fibre d’agave). Mais il pouvait également être fourni en, produits agricoles, en métaux, en turquoises, en bois, en animaux, en vêtements et en objets divers. La monnaie n'existait pas, mais le quachtli et son multiple la charge faisaient office d'étalon[60]. L'ensemble des impôts était entreposé dans le trésor (petlacalco) du palais impérial[61].
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