L'attribution traditionnelle à saint Jean l'apôtre
On trouve dans l’Apologie des Chrétiens de Justin Martyr (~100 - ~165), envoyée à l'empereur romain Antonin vers 150, des citations de l'évangile de Jean[15]. La première mention de l'évangile en tant que tel, et son attribution à l'apôtre Jean est celle d'Irénée de Lyon (~130-207)[16], qui aura une influence déterminante sur la définition du canon des quatre évangiles (et le rejet des évangiles apocryphes) et l'affirmation de son inspiration divine. Selon Eusèbe de Césarée(~265–339), un siècle et demi plus tard, Irénée tenait cette information de Polycarpe de Smyrne, lui-même disciple de Jean[17].
Néanmoins, selon le père de l'église Épiphane de Salamine (~315 - 403), une secte du christianisme primitif, les alogiens[18], attribuait cet écrit à un gnostique du deuxième siècle, Cérinthe. Mais selon Eusèbe de Césarée (dans son Histoire ecclésiastique, 7, 25, 2), Denys d'Alexandrie (mort en 265) affirme que l'Apocalypse de Jean (mais non son évangile) était attribué à Cérinthe par certains de ses aînés. Cette discussion sur les alogiens est le seul exemple d'une attribution primitive divergente de la tradition ultérieure[19].
En ce qui concerne la datation, selon Clément d'Alexandrie
, cité dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, Jean aurait écrit son évangile comme un supplément aux trois autres évangiles, ce qui explique sa place classique dans le Nouveau Testament.
Attribution moderne
C'est à partir du XIXe siècle que l'historicisme critique questionnera plus avant la paternité johannique du texte, soulignant que celui-ci avait été rédigé des décennies après les événements qu'il décrit. Les universitaires de ce courant appuient leur opinion sur les différences linguistiques du grec à l'intérieur même de l'évangile, sur les ruptures et les incohérences constatées dans certains passages, sur les répétitions du discours aussi bien que l'insertion de séquences de textes très clairement hors de leur contexte, ce qui suggère plusieurs auteurs et des remaniements. Les historiens considèrent généralement que l'évangile de Jean a été composé par couches, la datation de la première restant difficile (entre 50 et 70 après J.-C.) et s'achevant pour la dernière vers 95-100. Cette dernière date correspondrait à la deuxième ou troisième génération de disciples après la mort de Jésus (vers 33), au sein d'un groupe de chrétiens appelé communauté johannique.
Christologie
Stephen L. Harris affirme que Jean décrit Jésus comme « une brève manifestation du Verbe éternel, dont l'esprit immortel reste toujours présent auprès du chrétien fidèle[26] ». L'évangile de Jean se concentre beaucoup plus que les autres sur la relation mystique qui unit le Père et le Fils.
On affirme souvent que c'est en
s'appuyant sur celui-ci qu'a été produite la doctrine de la Trinité. Le quatrième évangile traite plus spécifiquement que les autres de la relation du rédempteur aux croyants, de l'annonce du Paraclet, assimilé à l'Esprit Saint, comme réconfort et comme défenseur. Ce qui marque avant tout les esprits, c'est bien sûr le développement du thème (johannique par excellence) de la primauté de l'amour dans la doctrine chrétienne et la vie du chrétien.
Un point théologiquement très important, dans l'évangile de Jean, est qu'il ne contient pas de référence explicite à la Parousie, nom que l'on donnait à cette époque au retour du Christ. Certains universitaires ont même suggéré que pour Jean, le Christ est déjà revenu spirituellement[26]. Mais l'Apocalypse de Jean est consacré à la Parousie.L'absence de parousie