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Activités agricoles [modifier]

Les activités agricoles de la Mésopotamie antique tournent autour d'un triptyque champs céréaliers/palmeraies/jardins-vergers, le tout complété par de l'élevage, à dominante ovine. La céréaliculture irriguée atteint des rendements particulièrement élevés, et, avec la variété des plantes cultivées (notamment dans les jardins), c'est l'un des points forts de l'agriculture mésopotamienne.

La céréaliculture [modifier]

La Mésopotamie est une grande terre céréalière. Au premier rang vient l'orge (sumérien ŠE, akkadien še'u(m)). Avant tout parce qu'elle était mieux adaptée au sol sec et salin et au temps chaud de la région. Elle était l'aliment de base des populations du pays, et servait également d'étalon pour les échanges avant l'introduction de l'argent pour la remplacer. Le blé (ZIZ, zizzu(m)), de type amidonnier, était lui aussi cultivé, mais dans des quantités moindres, tout comme l'épeautre (GIG, kibtu(m)). Au Ier millénaire, le riz (kurangu) est introduit, mais il n'est pas très répandu.

Araire à versoir, détail du kudurru de Melishipak, XIIe siècle.

Le matériel agricole servant pour la céréaliculture est resté stable durant l’histoire mésopotamienne, il est en gros fixé au début du IIIe millénaire (ce qui ne veut pas dire que de lentes améliorations ne se soient pas produites). Les labours étaient effectués avec un araire (apparu à la période d'Uruk), dont certains modèles ont été assez complexes et dotés d’un semoir (à partir des Dynasties archaïques). On employait également la bêche (ou houe) triangulaire pour le travail du sol. Les moissons étaient effectuées à la faucille, en argile ou en silex. Une amélioration possible a été l’usage du métal pour confectionner certaines parties de ce matériel, dont le soc de l’araire.

Un texte sumérien baptisé l’Almanach du fermier[18] nous renseigne sur les techniques mises en œuvre pour la culture céréalière. Un père explique à son fils, agriculteur comme lui, les techniques permettant d'obtenir un meilleur rendement, qui lui ont été transmises par la divinité agraire Ninurta en personne. En premier lieu, il faut irriguer. Le cultivateur doit veiller à ce que l'eau ne se propage pas trop. Après l'évacuation des eaux, il fallait protéger la terre humidifiée du bétail et des autres rôdeurs, qui pourraient l'endommager. Puis il faut défricher le champ et l'enclore. On divise ensuite le champ en parties égales, pendant qu'il « brûle au soleil d'été », tandis que, d'un autre côté, les domestiques mettent les outils agricoles en état. Une fois le champ suffisamment bien entretenu, on peut labourer et semer. Ces deux opérations s'effectuaient selon le texte simultanément (mais il semble qu’on ait parfois pratiqué un hersage entre les deux), au moyen d’un araire, et les ouvriers agricoles étaient chargés de passer derrière la charrue pour enfoncer les graines dans le sol à profondeur convenable. Dans les textes de la pratique, on voit effectivement que les laboureurs sont regroupés par équipes, souvent dirigées par un chef, pouvant utiliser jusqu’à deux ou trois animaux de trait dans le cas des exploitations les plus importantes. Ces phases se déroulaient en automne.

La seule technique de bonification des terres attestée est la fumure, lors du passage des troupeaux d’ovins après la récolte. Cela étant assez limité, il fallait donc généralement recourir à la jachère une année sur deux s'il s'agissait de terres de qualité moyenne, et si une exploitation trop intense les avait affaiblies ou avait provoqué leur salinisation. Les meilleures terres pouvaient éventuellement s’en passer. En revanche, on pratiquait quelquefois un lessivage des terres avec les eaux des canaux, visant à évacuer le sel qui était remonté en surface.

Quand « le grain a percé le sol », il faut faire une prière à la déesse de la vermine des champs Ninkilim pour qu'elle éloigne tous ceux pouvant nuire à la récolte. Une fois les premières pousses sorties du sol, il faut arroser, puis l'opération sera répétée trois fois encore à différents stades de l'évolution des plants, et alors le rendement sera excellent. Le jour propice, on procède à la moisson. Les moissonneurs oeuvraient par groupes de trois : un faucheur, un lieur et un autre à la tâche non définie. La moisson devait s’effectuer au printemps, avant que ne survienne la crue des fleuves.

Après la moisson vient le battage, qui était fait grâce à un tribulum, une planche de bois à laquelle étaient collés des silex séparant le grain de la tige et coupant la paille, tiré par des bœufs. Grâce à ce système, très efficace et rapide comparé au fléau, on obtenait les grains et la paille qui allait servir aux matériaux de construction. Ensuite, on vannait le grain avec des fourches pour le nettoyer.

Une fois la récolte finie, le grain est stocké dans des greniers, dont on a pu conserver des traces par l’archéologie. On conservait le grain dans son enveloppe (non comestible), pour une conservation plus longue, à condition de le préserver de l’humidité.

Les céréales pouvaient être cuisinées sous forme de bouillie, de galettes de pain, ou de nourriture pour les animaux. L'orge pouvait aussi être utilisée pour faire de la bière (KAŠ, šikaru(m)), après fermentation. De nombreuses variétés de bières sont attestées. C’était la boisson alcoolisée la plus consommée en Mésopotamie, de loin ; sa production était de ce fait très rentable. Les femmes s’occupaient généralement de la production de bière.

Les grains d’orge servaient également de moyen de paiement courant, et sont un étalon de valeurs. On s’en servait également comme une partie des salaires en rations attribués aux travailleurs des grands organismes.

La céréaliculture mésopotamienne réclamait donc un travail important, bien organisé. Il supposait une organisation collective des ouvriers agricoles pour la gestion de l’eau aussi bien que pour les travaux des champs. Dans les périodes où la mise en valeur des terres peut être faite convenablement, il était possible d’atteindre des rendements forts sur les terres de basse Mésopotamie, jusqu'à 20/1 dans les meilleurs cas, même si 10/1 paraît plus courant, d'après certaines estimations. En haute Mésopotamie, la situation est plus difficile et des pénuries sont susceptibles de se produire. Les terroirs sur lesquels on pratique une agriculture sèche auraient eu un rendement faible, de l'ordre de 3/1, tandis que dans les zones irriguées la situation était meilleure (jusqu'à 7/1).

La culture du palmier-dattier [modifier]

La culture du palmier-dattier occupait une place majeure en Mésopotamie, surtout dans la moitié sud. Cet arbre avait besoin de beaucoup d’eau, et on en trouvait de ce fait beaucoup le long des cours d’eau à l’état naturel. Il supporte de plus les sols salinisés, tout en appréciant le soleil et les fortes chaleurs. Autant de conditions favorables à son développement en basse Mésopotamie.

Le palmier était cultivé dans de grandes palmeraies que l'on voit représentées sur certains bas-reliefs à la période néo-sumérienne. Elles étaient irriguées, et divisées en plusieurs lots regroupant des arbres plantés au même moment. Plus courantes dans le sud mésopotamien, elles dépendaient de l'administration des grands organismes. Le palmier étant très répandu à l’état naturel, les palmeraies ne se sont imposées que quand il fallut améliorer la culture et le rendement de cet arbre. Les grands palmiers servaient d'abri à d'autres cultures maraîchères, les protégeant du vent, des tempêtes de sable et des trop grandes chaleurs (par le système des ombrages protecteurs). Les palmeraies et les jardins sont donc généralement une seule et même chose.

Le palmier ne commence à produire des fruits que vers la cinquième année, et vit une soixantaine d’années ; il faut donc un investissement à moyen terme pour développer une palmeraie, et ensuite planter régulièrement de nouveaux arbres. Les Mésopotamiens avaient développé la technique de fertilisation des palmiers : le pollen mâle était fixé sur les tiges femelles se trouvant au sommet de l'arbre, et ainsi on augmentait le rendement de celui-ci.

Le palmier est un arbre très pratique, car en le cultivant on peut disposer de nombreuses choses. Tout d'abord le bois. Il est en effet l'un des seuls arbres poussant dans le sud mésopotamien, et donc la seule source de bois, bien que sa qualité ne le place pas parmi les meilleurs arbres pour cela ; il est pratique pour construire des bateaux, et sert également à faire des poutres pour soutenir les toitures des habitations. Le palmier donne des dattes, qui constituent alors l'un des éléments de base de l'alimentation des habitants de la Mésopotamie, et ne sont pas une simple friandise. Leur forte teneur en calorie en fait de plus un aliment pratique. Son noyau peut de plus soit servir de combustible, ou bien, concassé, d'aliment pour le bétail. On peut de plus en tirer une boisson forte, du vin de palme (en réalité une sorte de bière).

L’élevage [modifier]

Les exploitants individuels disposaient de leurs propres têtes de bétail, mais c’étaient les grands organismes qui avaient les plus grands troupeaux. Ils les confiaient à des bergers et bouviers qu’ils rétribuaient. Ces derniers doivent notamment conduire les troupeaux vers différentes régions en fonction de la saison, selon un principe analogue à la transhumance. Les grands organismes organisent la reproduction du bétail, et parfois même des croisements sont tentés. On veille à s’assurer du remplacement des bêtes tuées. L’engraissement fait également l’objet d’attentions, parfois des hommes sont assignés à cette tâche.

Les temples sont de grands consommateurs de bétail pour les besoins du culte : les sacrifices destinés aux divinités, et aussi pour la divination par hépatoscopie (à partir du foie des ovins), très répandue à l’époque paléo-babylonienne.

Les bêtes les plus répandues étaient les ovins (UDU, immeru(m) ) et les caprins (ÙZ, enzu(m)), de loin. Les pasteurs étaient chargés de les tondre et de donner leur laine à leur employeur ; si les animaux mouraient, ils devaient fournir la laine, les peaux et les tendons. Le lait (de chèvre, mais aussi de vache) était consommé, et servait à fabriquer du beurre ou du fromage, dont diverses variétés sont attestées.

Fragment d'une statue de bovin, calcaire ; Uruk, période de Djemdet Nasr (fin du IVe millénaire).

Les bovins (GU4, alpu(m) ) et les ânes (ANŠE, imēru(m) ) étaient surtout destinés aux travaux agricoles et aux transports. On trouvait également des porcs (ŠAH, šahū(m)). Les chevaux (ANŠE.KUR.RA, sīsu(m)) font leur apparition progressive à partir du début du IIe millénaire, et les dromadaires (ANŠE.A.AB.BA, ibilu) mille ans plus tard. On élevait également des chiens (UR.GI7, kalbu(m)) de chasse pour les souverains, comme sous la Troisième dynastie d’Ur.

Les oiseaux de basse-cour attestés depuis les débuts de l’histoire mésopotamienne sont les oies, les canards, et les pigeons. Les poules et les coqs n’apparaissent que plus tardivement, depuis l’Inde, sans doute vers le début du Ier millénaire.

L’apiculture ne se développe en Mésopotamie qu’au début du Ier millénaire, avant cela le miel et la cire devaient être importés, notamment depuis la Syrie.

Les nomades prenaient une part importante dans l’élevage ovin, qui était une de leurs activités principales, ainsi que dans celui des équidés. Ils pouvaient être embauchés comme pasteurs par les grands organismes, du fait de leur très bonne connaissance des terrains de parcours et des points d’eau dans les zones plus sèches.

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