Édifices
D'après Soustelle, la chronique la plus crédible est celle de Cortés, qui indique que le centre cérémoniel du Templo Mayor comportait une quarantaine de bâtiments publics[s 4].
La grande pyramide (huey teocalli), à l'ouest, était dédiée à Huitzilopochtli et Tlaloc.
Huitzilopochtli étant le dieu tribal originel des Mexicas, ce temple avait une importance fondamentale aux yeux des souverains[s 5] et du peuple aztèques.
Les fouilles ont révélé qu'il y avait eu sept étapes[4] dans la construction de l'édifice, chaque bâtiment venant se superposer au précédent. Découverte conforme à ce que l'on sait de la coutume des peuples mésoaméricains d'élever leurs nouveaux sanctuaires sur des édifices antérieurs. Les Aztèques avaient procédé comme le faisaient les Mayas de l'Époque classique, à la grande joie des archéologues qui ont pu reconstituer l'histoire du temple.
La chronologie du Templo Mayor pose néanmoins encore des problèmes, car il subsiste des contradictions entre ce que nous apprend l'archéologie et les sources écrites, c'est-à-dire les nombreux codex du XVIe siècle, qui parlent de l'achèvement définitif et de l'inauguration du Templo Mayor sous Ahuitzotl.
Ainsi, Soustelle indique que la première pyramide de grande taille fut érigée sous Moctezuma Ier, grâce au soutien, pendant deux ans, de plusieurs cités voisines[s 6], le temple au sommet de cette pyramide étant inauguré en 1455 après la victoire sur les Huaxtèques, et qu'elle fut ensuite agrandie principalement sous le règne de Tizoc, puis inaugurée sous sa forme finale en 1487, un an après la mort de cet empereur.
Le temple rond de Quetzalcoatl se situait au centre de l'enceinte sacrée, en face de l'escalier principal de la grande pyramide et dans l'axe du jeu de paume.
Les autres lieux de cultes
L'interprétation de ce sanctuaire n'est possible qu'à la lumière des conceptions religieuses mésoaméricaines en général et de celles des Aztèques en particulier.
Dans la cosmographie mésoaméricaine, le monde est un carré divisé en quatre quartiers, correspondant aux points cardinaux, avec un centre qui est le pivot de l'univers (un « axis mundi ») et met en contact verticalement la terre avec les différents niveaux du monde souterrain et des cieux. Cette conception est illustrée par la première page du Codex Fejérváry-Mayer. Symboliquement, Tenochtitlán, avec ses quatre quartiers, est une image du monde, et le Templo Mayor, à l'intersection des quatre quartiers en est le centre[7]. Cette vision est illustrée encore plus explicitement par la première page du Codex Mendoza qui représente symboliquement Tenochtitlan. Au centre de l'image, l'aigle représente à la fois Huitzilopochtli et son sanctuaire. Les deux sanctuaires au sommet correspondraient au dernier niveau des cieux aztèques ; l'« Omeyocan » (c'est-à-dire l'« endroit de la dualité »).
Certaines caractéristiques du bâtiment sont associées au mythe spécifiquement aztèque de la naissance de leur dieu tribal, Huitzilopochtli, sur une montagne appelée « Coatepec[7] » ( en nahuatl la « montagne des serpents »). Dans ce mythe, la grossesse miraculeuse de Coatlicue indispose sa fille Coyolxauhqui et ses quatre cents fils, les Centzon Huitznahua. Ils décident de tuer leur mère, lorsqu'elle accouchera au sommet du Coatepec, mais Huitzilopochtli sort tout armé du ventre de sa mère, tue sa sœur, la démembre et précipite les morceaux au bas de la montagne. Ensuite il poursuit ses frères et les extermine. Le sanctuaire d'Huitzilopochtli au sud du Templo Mayor symbolise le Coatepec. On comprend parfaitement de cette manière la présence au bas de l'escalier qui y mène de la fameuse sculpture représentant Coyolxauhqui démembrée. Lorsqu'une victime est immolée au sommet du temple et que son corps est précipité vers le bas, c'est cet épisode du mythe qui est répété symboliquement.
Par ailleurs, le Templo Mayor traduit la soif de légitimité des Aztèques: certains auteurs pensent[8] que les derniers arrivants dans la vallée de Mexico souffraient d'un « complexe d'infériorité » et voulaient se poser en successeurs des grandes civilisations mésoaméricaines, dont les ruines se trouvaient encore sous leurs yeux: Teotihuacan et les Toltèques, que ce soit sous la forme d'offrandes enterrées sous le Templo Mayor (masques de Teotihuacan) ou l'imitation consciente de détails architecturaux : (talud-tablero de Teotihuacan ou chac mool de Tula).
Comme nous l'avons dit plus haut, le Templo Mayor était une pyramide double, avec un double escalier et deux sanctuaires à son sommet, l'un consacré à Huitzilopochtli, l'autre à Tlaloc. Selon Ester Pasztory, cette forme architecturale, présente en d'autres endroits, permettait aux Aztèques d'associer leur dieu tribal Huitzilopochtli à la principale divinité locale[9]. A Tenochtitlan, capitale de l'empire, c'est à la grande divinité panmésoaméricaine Tlaloc qu'on associe Huitzilopochtli. Dans ce binôme riche en symbolique certains voient l'association de la petite tribu nomade arrivée récemment dans la vallée de Mexico avec les vieilles populations sédentaires du Plateau central. L'archéologue mexicain Matos Moctezuma y voit l'expression sacralisée de deux fonctions économiques : Huitzilopochtli préside à la guerre qui permet d'obtenir le tribut des vaincus, tandis que Tlaloc préside aux activités agricoles. On peut aussi y voir l'association du Nord aride représenté par Huitzilopochtli et de l'Est humide et aquatique représenté par Tlaloc. Aucune de ces associations n'est d'ailleurs exclusive des autres.
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