Les dirigeants des pays membres du G20 pourraient réaffirmer leurs engagements à promouvoir le libre-échange lors du sommet prévu les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, d'autant plus que le protectionnisme est considéré comme un obstacle à la reprise économique mondiale.
LES TENDANCES PROTECTIONNISTES A LA HAUSSE
"La température monte, le protectionnisme rampant atteint une zone dangereuse", a averti la semaine dernière le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.
"Les actions et les annonces de nouvelles barrières non seulement bloquent le commerce et pourraient entraver une reprise fragile, mais elles risquent de faire sursauter les marchés financiers nerveux", a-t-il indiqué.
Lors du sommet du G20 en avril dernier à Londres, les dirigeants se sont engagés à "s'abstenir d'ériger de nouvelles barrières aux investissements dans le commerce de produits et de services, d'imposer des restrictions sur les exportations... Nous tiendrons cet engagement jusqu'à fin 2010".
Mais les membres du G20 ont adopté plus de cent "mesures évidemment discriminatoires" selon un récent rapport rendu public par Global Trade Alert (GTA), équipe d'analystes commerciaux soutenue par la Banque mondiale et le gouvernement britannique.
Selon le rapport, les gouvernements à travers le monde ont mis en vigueur 280 mesures protectionnistes depuis le premier sommet du G20 sur la crise financière mondiale, qui s'est déroulé en novembre 2008 à Washington.
Ces mesures protectionnistes comprennent des fonds d'aide gouvernementaux, des droits de douane élevés, des restrictions sur l'immigration et des subventions aux exportations.
Plus de 90% des produits échangés dans le monde ont été touchés par certaines mesures protectionnistes.
Aux Etats-Unis, l'administration Obama a annoncé au début du mois courant que dès le 26 septembre, des droits de douane punitifs de 25% à 35% seraient imposés aux importations de pneus chinois pour une période de trois ans.
Cette mesure protectionniste pourrait aboutir à des prix hors du marché pour 17% des pneus vendus aux Etats-Unis et gonfler les prix du marché pour les consommateurs.
Parralèlement, l'Union européenne a lancé au cours du premier semestre de l'année deux procédures anti-dumping, toutes les deux visant la Chine, alors que le Japon a réformé les politiques sanitaires de manière à restreindre les importations alimentaires.
Les pays riches ne sont pas les seuls à adopter des politiques protectionnistes depuis le début de la crise financière.
La Russie a planifié l'augmentation des droits de douane généraux, l'Afrique du Sud modifie les règles des achats gouvernementaux pour favoriser les entreprises locales possédées par les non-blancs, alors que l'Inde a lancé 42 enquêtes anti-dumping au cours du deuxième semestre de l'année dernière.
L'étude de GTA montre que les gouvernements adoptent des mesures protectionnistes à un taux de 70 par trimestre depuis le début de l'année.
La Chine est le pays le plus visé par les mesures protectionnistes. Plus de 50 pays ont adopté des mesures au détriment de la Chine.
UNE CONJONCTURE DANGEREUSE
Un rapport publié par Chad P. Brown, professeur d'études économiques à l'Université de Brandeis, atteste également que les nouvelles demandes de protection contre les importations au cours de la première moitié de l'année 2009 se sont accrues de 18,5% par rapport à la même période de l'année 2008 à travers le monde.
La clé du problème de ce protectionnisme répandu réside dans le conflit entre les intérêts internationaux et nationaux.
"Bien que les décideurs politiques aient conscience de ce danger et aient réaffirmé leur engagement à ouvrir le commerce multilatéral et à conclure le cycle de Doha, il est déjà clair qu'il y a des pressions nationales en faveur de l'adoption de mesures protectionnistes", a fait remarquer Peter Sutherland, président du BP (British Petroleum) et ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Nous sommes dans une conjoncture dangereuse pour assurer la reprise économique mondiale", a récemment estimé William Rhodes, vice-président de Citigroup. "Le choix doit être fait entre le déploiement d'un effort déterminé pour tenir complètement les engagements pris lors des deux sommets précédents du G20, et la poursuite de la politique beggar-thy-neighbor (protectionniste) entreprise de façon catastrophique dans les années 30".
Les pays développés doivent passer de la parole à l'action afin de protéger le système commercial et d'investissement mondial, a souligné M. Rhodes.
Les Etats-Unis, le plus important pays développé, devront prendre la responsabilité de l'échec de la disposition "Buy American" de leur ensemble de mesures de stimulation. Cette disposition a déclenché la nouvelle vague de protectionnisme.
"Aux Etats-Unis, nous devons envoyer les bons signes à nos amis étrangers en ratifiant les accords commerciaux bilatéraux... et en poursuivant activement un agenda de libre-échange", a ajouté M. Rhodes.
"Les pays devront passer de la défense à l'offensive, négocier pour ouvrir les marchés, et non les fermer", a martelé le président de la Banque mondiale Robert Zoellick.
Des analystes politiques se joignent également à la discussion.
"Les actions et non-actions de M. Obama disent au monde que les Etats-Unis abandonnent le leadership mondial dans le cadre du commerce que les présidents des deux partis ont travaillé à maintenir depuis les années 30", indique un article publié par le Wall Street Journal la semaine dernière. Il qualifie même M. Obama de "président protectionniste".
"M. Obama n'aurait pas l'intention de déclencher une guerre commerciale", admet toutefois l'article, en référence à la dispute sur les pneus entre les Etats-Unis et la Chine," mais les passions commerciales, une fois déclenchées, seront impossibles à contrôler".
Source: xinhua
Le vice-ministre chinois du Commerce, Chen Jian, a souligné mardi l'importance de la lutte contre le protectionnisme dans le cadre de l'actuelle situation économique, la qualifiant de cruciale pour le redressement économique.
Lors d'un discours prononcé à la 2e Conférence internationale du capital (CIC) du Forum de Boao pour l'Asie (FBA) tenue à Londres ce mardi, M. Chen a indiqué que la lutte permanente et ferme contre le protectionnisme, la promotion de la libéralisation du marché et la fluidité du commerce et de l'investissement sont cruciales pour la relance économique mondiale.
"Dans le monde d'aujourd'hui, toutes les économies sont si profondément interdépendantes qu'aucun pays ne peut être immunisé à la crise, ni ne peut accomplir son redressement en appliquant le protectionnisme", a précisé M. Chen.
Il a attribué les succès des pays asiatiques à leurs politiques ouvertes et à leur engagement actif à la mondialisation. "L'Histoire nous montre qu'une coopération étroite apportera des opportunités au monde pour sortir de la récession et réinstaurer la prospérité."
Le vice-ministre a souligné que "nous pouvons mieux satisfaire aux intérêts fondamentaux de tous les pays seulement en approuvant la politique d'ouverture et en élargissant l'investissement, le commerce, ainsi qu'en améliorant leurs capacités de développement résistant contre la menace et de long terme".
Source: xinhua
Le Ministre chinois du Commerce Chen Deming a écrit un article, qui a été publié sur le quotidien italien « La Republica » paru le 6 juillet, dans lequel il est indiqué que la Chine s'oppose fermement au protectionnisme commercial dans ses paroles comme dans ses actes et que nombreuses sont les entreprises étrangères installées en Chine qui obtiennent beaucoup d'avantages grâce à l'application par le gouvernement chinois de la politique macroéconomique visant à accroître la demande intérieure. De même, celui-ci souhaite ouvrir davantage aux fournisseurs étrangers le marché d'acquisition gouvernementale, ce afin de créer des conditions favorables à l'adhésion de plus vite possible de la Chine à l' « Accord sur les achats gouvernementaux ». Il est insisté dans l'article que la Chine est en fait la plus grande victime du protectionnisme commercial.
Dans cet article qui porte le titre de « La Chine s'oppose au protectionnisme dans ses paroles comme dans ses actes », Chen Deming réitère que la soi-disant politique appelant à l'«achat des produits chinois » est une méprise de la presse occidentale. Il indique que les départements concernés du gouvernement chinois, en vue de normaliser les actes d'achat de ce dernier, ont rappelé, d'après la loi chinoise sur les achats du gouvernement, que les acquisitions gouvernementales à caractère de fonds financiers doivent en premier lieu acquérir les produits nationaux, et cela vise principalement et particulièrement la façon de faire de certaines régions qui méprisent et discriminent les produits nationaux dans le lancement d'appel d'offres aux achats. Les produits nationaux stipulés et prescrits comprennent entre autres les produits des entreprises à capitaux étrangers installées en Chine conformément à la loi.
Il a fait remarquer qu'à l'heure actuelle, la Chine ne fait pas encore partie des pays membres de l'accord d'OMC sur les achats gouvernementaux et que les règlements chinois concernés ne violent aucunement les obligations internationales. Quant au gouvernement chinois, il souhaite ouvrir davantage son marché d'acquisition aux fournisseurs étrangers, mais il désire également que ces derniers adoptent plus souple et plus pragmatique en diminuant leurs prix, ce afin de créer les conditions favorables permettant à la Chine d'adhérer le plus tôt possible à l' « Accord sur les achats gouvernementaux ».
Chen Deming a déclaré qu'en réalité un grand nombre d'entreprises étrangères sont en train d'obtenir de grands avantages grâce à l'application en Chine de la politique macroéconomique en vue d'étendre et d'accroître activement la demande intérieure. Il a cité comme exemple la soumission réussie de nombreux produits de marques étrangères dans l'application de la politique chinoise de « vente de produits électroménagers dans les régions rurales », ce qui leur permet de jouir de la politique de soutien du gouvernement chinois.
Il a conclu en affirmant que l'opposition de la Chine au protectionnisme commercial n'est absolument pas un slogan vide de sens ni un acte intentionnel. A l'heure actuelle, a-t-il ajouté, le niveau général du droit de douane est de 9,8% en Chine, alors que le taux fiscal moyen des produits agricoles est de 15,2%, soit le quart du niveau moyen mondial. La Chine est la plus grande victime du protectionnisme commercial. Selon les statistiques établies par l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), en 2008, la Chine a subi 73 enquêtes antidumping et 10 enquêtes anti-subvention, soit respectivement 35% et 71% du nombre de ce genre d'enquêtes dans le monde et elle est le pays membre de l'OMC qui a souffert le plus d'enquêtes d'assistance commerciale.
Source: le Quotidien du Peuple en ligne