Apis, Boeuf sacré - veau d'or d'Egypte !!

 

Apis est le nom grec d'un taureau sacré de la mythologie égyptienne vénéré dès l'époque préhistorique. Les premières traces de son culte sont représentées sur des gravures rupestres, il est ensuite mentionné dans les Textes des Pyramides de l'Ancien Empire et son culte perdura jusqu'à l'époque romaine. Apis est symbole de fertilité, de puissance sexuelle et de force physique.

Représentation et hypostase

Statuette en bronze du dieu Apis - Musée du Louvre

Le dieu Apis est d'abord représenté par un taureau au pelage noir tacheté par endroit de marques blanches qui selon un code précis permettait de le distinguer de ses congénères.

Sous sa forme anthropomorphe, il est représenté par un homme vêtu de la chendjit avec une tête de taureau[1] dont les cornes enserrent un disque solaire.

Ce dernier est parfois doté d'un uraeus.

Son incarnation physique était vénérée dans tout le pays sous la forme d'un taureau vivant que les prêtres sélectionnaient selon des signes divins qu'il portait. Il était alors conduit à Memphis et gardé dans un Apieum voisin du grand temple de Ptah[2], dont il était également une incarnation.

Culte

À Memphis, Apis est d'abord le héraut du dieu Ptah, le créateur, puis est associé à son . À partir du Nouvel Empire, il est également associé au dieu , la vie, et commence à être représenté portant le disque solaire entre ses cornes. À sa mort, l'Apis était assimilé au dieu Osiris sous le nom d'Osiris-Apis et se trouve associé au culte funéraire. Ainsi, à la Basse Époque on le trouve représenté sur les sarcophages comme un taureau portant la momie du défunt sur le dos, et l'accompagnant jusqu'à son tombeau. À l'époque gréco-romaine, sa forme funéraire d'Osiris-Apis sera assimilée (notamment à Alexandrie) aux dieux Pluton et Apollon sous la forme du dieu Sérapis. D'où le nom du tombeau des Apis, le Sérapéum.

L'Apis était donc choisi selon des critères très stricts (peut-être vingt-neuf), dont les principaux étaient :

  • un pelage noir ;
  • les poils de la queue doubles ;
  • un triangle blanc sur le front prenant la forme d'un delta inversé ;
  • un signe en forme de faucon aux ailes déployées sur le dos[3];
  • un signe en forme de scarabée sous la langue.

Sa mère devait selon la légende avoir été fécondée par éclair, et une fois identifiée avec son veau sacré elle faisait également l'objet d'une vénération à Memphis où elle partageait la vie de rites et d'offrandes due à son rang de mère du dieu.

On sait aussi que lorsque les prêtres trouvaient le nouvel Apis, il n'était en général âgé que d'à peine un an. Une fois identifié on lui bâtissait dans le champ où il vivait une étable orientée vers le soleil levant et on l'y nourrissait pendant quarante jours, pendant lesquels seuls les prêtres pouvaient l'approcher et lui présenter des offrandes.

Le temps prescrit écoulé il était conduit en grande pompe par un cortège de cent prêtres jusqu'à la ville de Nilopolis où il était accueilli dans le temple de la ville. Il y restait alors quatre mois pendant lesquels toutes les femmes qui le désiraient pouvaient lui rendre visite afin d'obtenir ses faveurs et un gage de fécondité.

Ces cérémonies étaient l'occasion de grandes réjouissances dans tout le pays qui venait adresser ses hommages au nouvel Apis. Au terme de ces quatre mois le taureau et les cent prêtres quittaient la cité et se rendaient à Memphis au cours d'une fastueuse procession descendant le Nil[4]

Il faut imaginer alors le long de ce parcours d'une cinquantaine de kilomètres, le peuple tout entier amassé sur les rives du fleuve acclamant le cortège de barques qui accompagnaient la barge sacrée dans laquelle l'animal divin était abrité, et jetant dans le fleuve des offrandes, afin d'attirer la bénédiction des dieux sur l'Égypte.

Arrivée dans la grande métropole de la Basse-Égypte qui est le lieu de culte principal du dieu, la procession prenait alors le chemin des temples, faisant halte à chaque station spécialement préparée pour l'occasion afin d'y recevoir sa bénédiction. La ville devait être en effervescence et les offrandes affluaient de partout. Le taureau était officiellement introduit dans le temple de Ptah où il devait rencontrer le grand dieu de la cité au plus profond de son sanctuaire. Puis, il était enfin conduit dans le temple qui lui était réservé pour ne le quitter que lors de cérémonies religieuses précises qui rythmaient l'année des anciens égyptiens, comme notamment la grande fête du Nouvel An, à l'occasion de l'arrivée de l'inondation. Selon les témoignages des historiens de l'Antiquité classique, une fois par an on présentait au dieu dans son temple une génisse afin de satisfaire ses ardeurs sexuelles, génisse qui était le jour même abattue rituellement et donnée en offrande aux dieux.

C'est à partir de cette époque que l'oracle du dieu Apis qui était rendu dans son temple est largement diffusé. Le dieu qui y avait son étable sacrée, que les grecs baptisèrent du nom générique de secôs, était présenté aux pèlerins et suivant ses mouvements répondait à leurs interrogations par l'affirmative ou la négative. À l'époque romaine cet oracle pouvait aussi s'exprimer au travers d'enfants qui jouaient dans le temple ou devant le sanctuaire, et y répondaient par leurs expressions, gestes ou exclamations, interprétés et traduits par les prêtres d'Apis aux dévots qui assistaient à la scène.

Mort et culte funéraire

Les récits des historiens grecs et romains qui abordent la question du culte d'Apis, font souvent référence à une pratique sacrificielle concernant l'Apis. Selon ces témoignages et de leur temps, le dieu ne pouvait vivre au-delà de vingt-cinq années[5]. Ce temps aurait été prescrit dans les textes sacrés égyptiens eux-mêmes. Une fois atteint cet âge les prêtres auraient conduit l'animal sur les bords du Nil ou dans un bassin spécialement prévu à cet effet et l'y auraient noyé afin de respecter à la lettre les écrits et le mythe. Cette mise-à-mort rituelle achevant la vie du taureau sacré pourrait l'identifier à la destinée d'Osiris qui mourut une première fois de noyade par les mains de son propre frère le dieu Seth[6]. Pour Pline le Jeune ce chiffre de vingt-cinq années correspondait à des calculs astronomiques liés au cycle combiné du soleil et de la lune, dont l'Apis était l'incarnation.

Quoi qu'il en soit, la légende veut qu'à sa mort, l'Apis se réincarne dans l'un de ses congénères, que les prêtres étaient chargés de retrouver aussitôt. Ainsi, un seul taureau était vénéré à la fois.

La mort du taureau Apis était un événement majeur et qui conduisait à un deuil national de soixante-dix jours, le temps de sa momification. L'embaumement du taureau faisait l'objet d'un rituel complexe, connu par un long papyrus de Vienne dont la première colonne se trouve à Zagreb. Les funérailles de l'Apis étaient fastueuses ; embaumé, il était déposé dans un sarcophage et inhumé dans le Sérapéum de Saqqarah, un tombeau commun grandiose aménagé au Nouvel Empire et continuellement agrandi par la suite jusqu'au derniers Ptolémées. La mère de l'Apis avait également droit à un traitement de faveur, et était inhumée dans une nécropole particulière non loin de l'Iséum de Saqqarah.

Le taureau continuait à recevoir un culte après sa mort sous la forme du dieu Osiris-Apis. Les grecs l'assimilèrent au dieu Sérapis et le culte s'exporta d'abord à Alexandrie puis à travers toute la Méditerranée dans les principales villes du monde hellénistique puis romain. Pendant la période romaine, le Sérapéum d'Alexandrie est réputé avoir également contenu des catacombes destinées à l'enterrement des taureaux sacrés et de fait nous n'avons pas encore retrouvé la trace des sépultures des Apis au-delà des derniers lagides.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_de_Ptah_(Memphis)

Voici comment l'historien arabe Ahmad al-Maqrîzî décrit le monument qui se voyait encore un siècle plus tard :

« On voyait à Memphis (...) une maison de cette pierre dure de granit, sur laquelle le fer ne mord point ; elle était d'une seule pièce. On voyait dessus des figures sculptées et de l'écriture ; sur la face de la porte étaient des figures de serpents qui présentaient leur poitrail[25]. »

Nul doute que cette description correspond à celle du naos du grand temple de l'Hout-Ka-Ptah, qu'Abdul al-Latif médecin et non moins célèbre géographe arabe du XIIIe siècle de notre ère, décrit comme « placée dans un magnifique temple construit de grandes et énormes pierres assemblées avec la plus grande justesse et l'art le plus parfait »[26].

À l'intérieur de ce naos monolithe devait se trouver une autre chapelle de plus petite dimension abritant la statue du dieu, objet du culte du temple.

Une évocation de cette chapelle sacrée nous a probablement été transmise par une petite amulette en or trouvée sur la momie du général Oundjebaoundjed, ministre de Psousennès Ier, inhumé dans la nécropole royale de Tanis aux côtés de son maître et souverain. Ce petit bijou représente un naos en miniature contenant une statuette du dieu Ptah en lapis-lazuli. Les parois du naos sont en effet couverts de reliefs miniatures figurant des divinités tandis que le linteau de la porte est orné d'un disque solaire ailé. De chaque côté de la porte on peut voir deux colonnes en forme de piliers djed supportant deux oiseaux coiffés de disques solaires[27]. On peut y reconnaître les deux oiseaux , symbolisant les âmes du dieu , ou encore sa progéniture les dieux Shou et Tefnout qui ainsi figurés étaient associés au culte du dieu Ptah. De telles représentations se retrouvent sur les grands piliers des tombes de dignitaires des XVIIIe et XIXe dynasties mises au jour à Saqqarah[28], nous livrant ainsi un témoignage précieux sur les symboles qui entouraient la divinité au plus profond de son sanctuaire memphite.

Statuette représentant Ptah-Sokar-Osiris au-devant duquel est figuré le tombeau d'Osiris

Le pilier djed est un des symboles les plus sacrés de la mythologie égyptienne. Associé au dieu Osiris, il sera rapidement un des symboles du dieu Ptah, reliant encore un peu plus ces deux divinités qui par syncrétisme avec le dieu Sokaris, formaient à Memphis une seule et même divinité particulièrement honorée dans les grandes nécropoles qui s'étalent à l'horizon occidental de la cité.

Le dieu Ptah est souvent représenté tenant un sceptre composite dont l'un des éléments est précisément le pilier sacré en question. Selon la tradition ce pilier était conservé dans le grand temple du dieu à Memphis et Pharaon devait régulièrement s'y rendre et y pratiquer un rite connu sous le nom d'érection du djed, rite assurant la restauration de la stabilité de l'univers en même temps qu'il symbolisait la résurrection du dieu.

Lors des fouilles que Petrie effectua au début du XXe siècle, les sondages qu'il pratiqua sur un axe ouest-est à partir de la salle hypostyle du temple afin de découvrir les fondations du temple révélèrent des vestiges du sanctuaire principal du temple. Des blocs de parois sculptés dans un quartzite jaune mettant en scène la déesse Sekhmet à laquelle le roi fait offrande, appartiennent à une chapelle ou une salle du sanctuaire édifiée sous Amenhotep III. Elle reposait sur un soubassement de granite rouge de la même époque.

 

Statue de Ramsès II et du dieu Ptah-Taténen trouvée dans l'Hout-ka-Ptah

Suite !!

 

 

 

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