http://atheisme.free.fr/Votre_espace/Livredor_science_1.htm
Je viens de parcourir votre site qui est très bien fait. En tant qu'athée, j'écris pour manifester mon désaccord au sujet du statut de l'athéisme tel que vous le présentez.
Je vous cite :
"Au contraire, penser et affirmer que quelque chose, affirmée sans preuve, n'existe pas, ce n'est pas croire."
Il est vrai que NE PAS croire que Dieu existe, ce n'est pas une croyance mais une incroyance. Toutefois, croire que Dieu N'existe PAS, c'est par définition une croyance.
Je m'explique. Dès lors que personne ne peut démontrer que Dieu n'existe pas, il faut nécessairement reconnaître qu'il est possible qu'il existe. Celui qui affirme "Dieu n'existe pas" sort du champ scientifique : il porte un jugement sur ce qu'il ne connaît pas. Est-ce que cela signifie que l'existence et l'inexistence de Dieu sont équiprobables, et donc qu'on ne peut se prononcer à ce sujet ?
Non, bien sûr. Car en l'absence de preuve, il existe des arguments. Mais on sort de la science et on entre dans la philosophie. Affirmer, en raison d'arguments même très puissants, que Dieu N'existe PAS (ce qui est bien sûr mon cas), est bel et bien une croyance, même si elle est négative. C'est une croyance en l'inexistence de quelque chose, mais c'est une croyance tout de même. Croire ne signifie pas "croire, à tort, en l'existence de". Croyance n'est pas nécessairement erreur.
D'autre part, l'argument qui consiste à affirmer qu'une chose n'existe pas tant qu'on ne peut en démontrer l'existence est absurde et ne correspond pas à la démarche scientifique.
- Absurde, car il y a là une faute de logique : imaginons un instant que Dieu - ou le yéti, ou ce que vous voudrez - prouve son existence demain matin. Alors il donnera définitivement tort aux athées, et particulièrement à ceux qui affirmaient que, faute de preuve, son inexistence était certaine. Ceux-ci admettrons alors leur erreur et sauront désormais avec certitude que Dieu existe, ce qui est en contradiction totale avec la certitude affichée qu'ils avaient de son inexistence. En d'autres termes, Dieu n'aura pas commencé d'exister le jour où nous en aurons la preuve !
De manière générale : l'inexistence de la preuve n'est pas la preuve de l'inexistence". C'est seulement un fort argument (d'autant plus fort en tout cas que la preuve de l'existence pourrait être apportée plus facilement), pour CROIRE tout à fait légitimement à cette inexistence.
- Antiscientifique, car la démarche de la science est la suivante : tant que l'existence d'un objet n'est pas démontrée, on ne reconnaît pas cette existence et donc on n'étudie pas cet objet.
Cela s'applique aussi bien au yéti qu'à la télékinésie ou qu'à Dieu. Prenons un exemple : la science n'a jamais démontré l'existence de la télékinésie. Est-ce à dire qu'elle la déclare impossible ? Non, seulement elle refuse, faute de preuve, d'affirmer qu'elle existe et donc de l'étudier. C'est la moindre des choses si elle veut rester viable et cohérente. Mais les scientifiques, eux, qui sont des hommes comme les autres, peuvent légitimement CROIRE à son inexistence. Ils disposent pour cela d'un fort argument parmi tant d'autres : "Si la télékinésie existait, la preuve en serait facile. Or il n'y a toujours pas de preuve. Donc je crois fermement qu'elle n'existe pas". Mais ils ne peuvent pas SAVOIR qu'elle n'existe pas, puisque la science ne le dit pas.
La science n'avance qu'au rythme des démonstrations. Mais partout où elle se tait (Dieu, ...), ce n'est pour l'individu qu'une affaire de croyance - encore une fois, une croyance peut être raisonnable - et une question de poids des arguments. Car nous sommes d'accord pour dire que l'existence de la licorne est extrêmement improbable. Mais si nous parlons d'une vie extraterrestre (pas forcément intelligente), alors les probabilités sont plutôt inversées. Nous n'avons pas la preuve qu'une telle vie existe, mais n'est-ce pas assez probable ? Autrement dit, n'est-il pas raisonnable de penser que les extraterrestres existent (tout en reconnaissant que c'est loin d'être une certitude) ? Affirmerez-vous encore si catégoriquement qu'ils n'existent pas, sous prétexte que nous n'en avons pas la preuve ? Imaginez que les scientifique nous démontrent demain que la probabilité de leur existence est de 70%, ou bien de 90%, ou encore de 99%, ou même de 99,99%. Si vous deviez parier, même en l'absence de preuve, que choisiriez-vous ?
Les croyants pensent que les arguments en faveur de l'existence de Dieu sont infiniment plus puissants que ceux en faveur de son inexistence. Je ne partage bien sûr pas ce jugement, mais la tolérance nous impose de le respecter.
...
(25 avril 2003)
Merci de m'avoir signalé ces articles.
Je n'y ai rien trouvé d'extraordinaire. En fait, les titres des articles se veulent accrocheurs, mais à la lecture, on reste sur sa faim (pour ceux qui ont faim de Dieu ou de spiritualité). En général, la conclusion des articles tempère l'enthousiasme de certains chercheurs en quête de Dieu.
Voici un exemple d'une de ces conclusions:
"Fonder une foi sur les insuffisances de la science actuelle, c'est laisser les croyants avec rien de plus qu'un Dieu des lacunes […]
La solution raisonnable, même si elle est ennuyeuse, c'est de s'en tenir à l'idée que la science et la religion sont des sphères de compréhension bien différentes et qu'il est faux de chercher à expliquer ou à réfuter l'une par l'autre."
(article de ''New scientist'')
Dans un pays où la foi en Dieu fait partie intégrante du conformisme et où elle constitue un certificat de civisme et donc la condition sine qua non de toute réussite sociale, certains chercheurs américains, peuvent avoir tendance à rajouter à leur recherche de la connaissance, celle de la quête de Dieu. Malheureusement pour lui, Dieu, qui jadis trônait sur son nuage au-dessus de la Terre, a été repoussé par la science aux confins de l'univers, voire dans une autre dimension que la nôtre.
Pour résumer, cette citation de Max Nordeau:
"Dieu est le nom que depuis le début des temps jusqu'à nos jours les hommes ont donné à leur ignorance."
(atheisme.free.fr / 26 mars 2003)
Il semble que l'heure soit au dialogue, après des siècles de conflit et de séparation, entre science et foi, ou science et théologie. On ne compte plus les séminaires et les rencontres consacrés à ce thème. Des scientifiques éminents comme Friedrich von Weizsacker et Paul Davies ont reçu le prix "pour le progrès de la religion", offert par la fondation Templeton. L'American Association for the Advancement of Science a organisé récemment (en avril 1999) un débat public sur l'existence de Dieu (2). L'hebdomadaire Newsweek n'hésite pas à proclamer sur sa couverture que "la science découvre Dieu" (27 juillet 1998). Plus près de nous, l'Université Interdisciplinaire de Paris (3) (UIP) organise de nombreuses conférences sur le thème de la convergence entre science et foi, avec la participation de scientifiques de très haut niveau et cette "université" jouit de soutiens puissants. Le 'positivisme' n'est plus de mise en philosophie et la science, post-quantique et post-gödelienne, s'est faite modeste. D'autre part, les théologiens se sont mis à l'écoute de la science qu'ils ont renoncée à contredire ou à régenter.
Tout ne va-t-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non. Je vais plaider une thèse qui va à l'encontre de cette tendance et montrer que, si elles sont bien comprises, la démarche scientifique et la démarche religieuse sont en fait inconciliables. Évidemment, la démarche religieuse est aujourd'hui difficile à cerner, parce qu'elle est devenue terriblement vague et diversifiée, ce qui rend la critique malaisée. On peut toujours me répondre que je n'ai pas compris l'essence de la démarche et me renvoyer à la lecture d'un nouvel auteur. Je limiterai par conséquent ma critique à quatre axes qui me semblent caractériser les principales attitudes adoptées aujourd'hui par les croyants face à la science : d'abord, le concordisme, c'est-à-dire l'idée que la science bien comprise mène à la religion. Deuxièmement, la doctrine, opposée à la première, selon laquelle il existe différents ordres de connaissance, l'un réservé à la science, l'autre à la théologie (avec parfois la philosophie entre les deux). Troisièmement, la thèse, réactualisée récemment par le paléontologue Steven Jay Gould (4), affirmant que la science et la religion ne peuvent pas entrer en conflit parce que l'une s'occupe de jugements de fait, l'autre de jugements de valeur. Et, finalement, ce qu'on pourrait appeler le subjectivisme ou le postmodernisme chrétien. Pour conclure, je ferai quelques remarques sur l'actualité et l'importance de l'athéisme.
Pour le dire d'un mot, la racine de l'opposition entre science et religion porte essentiellement sur les méthodes que l'humanité doit suivre pour obtenir des connaissances fiables, quel que soit l'objet de ces connaissances. Un des principaux effets que la naissance des sciences modernes a eu sur notre façon de penser, c'est la prise de conscience, à l'époque des Lumières, des limites que la condition humaine impose à nos possibilités d'acquérir des connaissances qui vont au-delà de l'expérience. Par ailleurs, je suis parfaitement conscient du fait que les idées avancées ici ne peuvent paraître neuves que dans la mesure où elles ont été en partie oubliées. Néanmoins, la confusion qui existe dans une partie du monde intellectuel à propos des rapports entre science et religion force malheureusement les incroyants à réaffirmer régulièrement leurs propres "vérités éternelles" (5).
http://atheisme.free.fr/Contributions/Science_religion_2.htm
A une époque où il est de bon ton de dénoncer le "politiquement correct" et la soi-disant politisation des universités américaines par la gauche académique, il n'est peut-être pas inutile de signaler les élans d'enthousiasme que l'argument anthropique suscite chez certains commentateurs de droite ; par exemple, Patrick Glynn, ancien expert de l'administration Reagan, consacre un ouvrage à cette idée qui, d'après lui, offre un "argument puissant et presque incontestable" en faveur de l'existence "de l'âme, de la vie après la mort et de Dieu". Cet argument permet de combattre "les conséquences néfastes des politiques et de l'expérimentation sociales inspirées par l'athéisme", telles que les atrocités soviétiques et la révolution sexuelle américaine. Un éditorialiste de droite renommé, George Will, ironise en disant que les laïcs devront "porter plainte contre la NASA parce que le télescope Hubble apporte un soutien anticonstitutionnel à ceux qui sont enclins à croire". Robert Bork, autre intellectuel de droite, se réjouit de ce que cet argument détruit les bases intellectuelles de l'athéisme parce que "la croyance religieuse est probablement essentielle si l'on veut que l'avenir soit civilisé". Voir : SILBER (Kenneth), Is God in the details ?, Reason, Juillet 1999 (disponible sur http ://www.reasonmag.com/9907/fe.ks.is.html).
Comme l'a correctement fait remarquer Einstein, le plus mystérieux dans l'univers, c'est qu'il soit compréhensible. Mais il ne l'est que partiellement.
"L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est une exigence de son bonheur réel. Exiger que le peuple renonce à ses illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il abandonne une condition qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc virtuellement la critique de la vallée de larmes dont la religion est l'auréole."
Karl Marx (29) |