En annonçant un plan d'aide d'au moins 30 milliards d'euros pour éviter une faillite à court terme de la Grèce, les dirigeants de la zone euro ont calmé les inquiétudes, mais l'horizon n'est pas complètement dégagé pour Athènes, selon des analystes.
L'euro, qui payait depuis janvier les spéculations sur un éventuel effondrement financier de la Grèce, a repris dès lundi de la vigueur en renouant avec le seuil symbolique de 1,36 dollar.
Plus significatif, le taux auquel la Grèce peut emprunter à court terme sur les marchés a baissé à 6,498%, contre 7,126%. Il avait dépassé les 7,50% jeudi, un record depuis l'entrée de la Grèce dans la zone euro en 2001.
Le plan sans précédent d'aide financière à la Grèce, annoncé dimanche par les pays de la zone euro, est "une bonne nouvelle pour l'euro et peut conduire à une baisse significative des taux obligataires grecs", ont souligné les analystes de BNP Paribas.
Selon eux, cet accord a permis de lever quelques-unes des incertitudes, aux effets néfastes, qui entouraient Athènes sur sa capacité à rembourser une dette estimée à plus de 300 milliards de dollars et à réduire un déficit public chiffré à 12,9% du PIB.
Les seize pays de la zone euro sont disposés à prêter 30 milliards d'euros à la Grèce à un taux favorable de 5%, soit un tiers de moins que le taux de 7,5% dont devait s'acquitter l'Etat grec sur les marchés.
Le Fonds monétaire international (FMI) devrait aussi prêter de l'argent à la Grèce.
Mais "pour que les Grecs puissent tirer, ils doivent d'abord demander aux Européens d'activer le prêt", relève ainsi Erik Nielsen, chef économiste à la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, qui reprend à son compte la métaphore du fusil posé sur la table utilisée par le Premier ministre grec Georges Papandréou au sujet de l'aide de l'UE.
Si ce compromis éloigne le spectre de faillite immédiate, les analystes s'accordent à dire qu'il laisse en suspens nombre de questions, d'autant que la Grèce, face à une tâche herculéenne, doit encore mettre en place de grandes réformes et regagner la crédibilité auprès des investisseurs.
"Les problèmes d'Athènes restent extrêmement difficiles", avertissent les analystes de Barclays Capital arguant que le plan de l'UE ajoute de la dette à la dette.
"Le sauvetage UE-FMI n'est pas sans risque pour les créanciers de la Grèce", observent-ils.
Plus pessimiste, le commentateur Wolfgang Münchau dans le Financial Times se dit persuadé que même si "la Grèce ne fera pas faillite cette année", elle ne pourra pas y échapper à moyen terme.
"L'histoire grecque à moyen terme reste incertaine", estime également l'économiste Padharic Garvey de la banque néerlandaise ING, car "la Grèce va devoir poursuivre ses efforts pour réduire son déficit".
Toutefois d'autres analystes comme Irwin Stelzer dans le Wall Street Journal font valoir qu'une fois passées les élections régionales en Allemagne le 9 mai (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Berlin va s'atteler au sauvetage de la Grèce.
http://actu.voila.fr/actualites/a-la-une/2010/04/11/l-europe-prepare-un-sauvetage-de-la-grece-d-au-moins-30-milliards-d-euros_528243.html
La Grèce est confrontée depuis plusieurs mois à une crise budgétaire sans précédent.
Du fait de l'ampleur de ses déficits, beaucoup plus élevés que prévu, et de sa dette (300 milliards d'euros), le pays éprouve des difficultés grandissantes à emprunter sur les marchés financiers qui ont perdu confiance et exigent des taux toujours plus élevés.
Ces derniers atteignent actuellement plus du double de ceux que doit payer l'Allemagne.