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Elamite linéaire !! ??

 

La première mention historique de Suse date de l'époque de l’Empire d'Akkad, dans lequel elle est incorporée depuis le règne de Sargon (2334-2279).

Probablement dominée par les rois élamites d’Awan au début du XXVe siècle av. J.-C., Suse est conquise après 2340 par le roi Sargon d'Akkad, qui l’incorpore dans son Empire. Elle devient alors la capitale de la province la plus orientale de son État, qui lance sous les successeurs de Sargon plusieurs attaques vers l’Élam. Des tablettes de cette période montrent l’activité du gouverneur de la cité, ainsi que celles de marchands agissant pour le compte de l’État[10]. L’art susien dans la céramique et la glyptique est désormais très influencé par la production mésopotamienne.

Cette période voit également la mise au point d’une écriture spécifique, appelée élamite linéaire, attestée essentiellement par de la documentation provenant de Suse. Les 18 inscriptions retrouvées sur ce site dans cette écriture sont liées à des réalisations artistiques et architecturales du règne de Puzur-Inshushinak. L’élamite linéaire reste à ce jour indéchiffré ; ses liens avec le proto-élamite sont peu évidents, contrairement à ce qui est parfois écrit. Cette écriture ne survit pas au règne du souverain qui semble être à son origine.

La région de Suse, auparavant liée à la Basse-Mésopotamie, tombe alors sans doute sous la coupe des montagnards du Haut-Pays élamite, comme le montre le changement culturel qui s'y produit vers 3100, qui l'éloigne de l'influence mésopotamienne pour la faire rentrer dans le contexte proto-élamite[1].

L’élamite était une langue agglutinante sans lien décelable avec les langues sémitiques voisines (à commencer par l’akkadien) ni avec les langues indo-européennes (dont les langues indo-iraniennes font naturellement partie) et pas davantage avec les langues caucasiennes (auxquelles appartenaient peut-être les langues des Hourrites). Les rapprochements de l’élamite avec le sumérien se sont révélés infructueux, en revanche un lien avec les langues dravidiennes (dont l'actuel Brahoui) est possible, quoique controversé[1]. Celles-ci sont parlées de nos jours dans le sud du Deccan mais on soupçonne une extension bien plus vaste à l’âge du Bronze, jusqu’au contact de l’aire culturelle indusienne[2].

La langue élamite en bref [modifier]

Le plus vieux document en élamite retrouvé : traité entre Naram-Sin d'Akkad et un souverain d'Awan, vers 2250 av. J.-C., musée du Louvre

La langue élamite nous est très mal connue en raison de la relative rareté des textes qui nous sont parvenus rédigés dans cette langue. L’élamite n’était manifestement apparenté à aucune autre langue environnante, pas plus au sumérien qu’à l’akkadien, ni aux langues dravidiennes ni même aux langues paléo-sibériennes et pas davantage aux langues caucasiennes. Cette langue semble équidistante des familles nostratique et afroasiatique, avec peut-être une proximité légèrement plus grande avec la famille afroasiatique, mais plus éloignée de la famille dené-caucasienne. On notera par exemple que des parties du corps comme le pied et la main étaient désignées en élamite par des mots dont les racines se retrouvaient en indo-européen : respectivement « bat »/« pat » (cf. le grec ποδός) et « kur » (cf. le grec χείρ), les langues étant habituellement très conservatrices vis-à-vis des parties du corps.

L’élamite ne connaissait pas les flexions, mais usait au contraire de suffixes et de particules grammaticales. Les noms étaient répartis en genres animé et inanimé, les animés étant déclinés non pas en cas mais en personnes, tandis que les inanimés étaient répartis en trois classes :

Animés :
Locutif : -k le nom animé est celui qui parle (1ère personne du singulier)
Allocutif : -t le nom animé est celui à qui on parle (2ème personne du singulier)
Délocutif : -r le nom animé est celui dont on parle (3ème personne du singulier)
Pluriel : -p le prédicat porte sur plusieurs instances du nom animé (toutes les personnes du pluriel)
Inanimés :
Classe en : -me noms abstraits ou de choses, collectifs animés et inanimés, fonctions et qualités humaines
Classe en : -n classe ancienne, dite dialectale, contenant des noms de lieux et d’inanimés du genre neutre
Classe en : -t classe ancienne, dite dialectale, contenant des inanimés représentant un ensemble d’éléments

Les noms animés prenaient ainsi au singulier un suffixe indiquant la personne qui parle (locutif : "sunkik" « (moi) le roi »), la personne à qui l’on parle (allocutif : "*sunkit" « (toi) le roi ») et la personne dont on parle (délocutif : "sunkir" « (lui) le roi »), mais le pluriel était indifférencié ("sunkip" « les rois »), tandis que les noms inanimés ne connaissaient pas semblable distinction ("sunkime" « le royaume », "murun" « la terre »). Ces suffixes étaient répétés sur tous les déterminants : "nappip kikkip ak murip" « les dieux du ciel et de la terre » (et non pas « les dieux des cieux et des terres » malgré les suffixes pluriels répétés sur ciel et terre) ; "sunkik sunkimek" « (moi) le roi du royaume » ; "sunkir sunkimer" « (lui) le roi du royaume » ; "sunkir pahir" « (lui) le roi protecteur » ; "takkime ume" « ma vie » (littéralement « la vie de moi »). Ce type de construction est en soi suffisamment original pour écarter tout lien évident de l'élamite avec les langues contemporaines géographiquement voisines, par exemple le sumérien ; l'absence de caractère ergatif est une autre divergence fondamentale entre l'élamite et le sumérien.

Le génitif pouvait être exprimé par l’inversion des termes et un suffixe de possession : "Nahhunte-utu pare" « la progéniture de Nahhunte-utu » (littéralement « Nahhunte-utu la progéniture ("par-") de ("-e") »). Une autre forme de génitif, plus idiomatique (jamais sur des noms étrangers), reposait sur le suffixe -me : "siyan Inšušinakme" « le temple d’Inšušinak ». Des post-positions pouvaient exprimer un locatif ("Parsip ikka" « chez les Perses », "Našir ma" « à Našir », "siyan appa kuših ma" « dans le temple que j’ai construit »). L’aspect agglutinant se manifestait dans des locutions telles que "duma" « acquérir < prendre-vouloir », ou bien "dama" « attribuer < placer-vouloir ».

Le verbe « faire » à l’aspect accompli ("hutta-") se conjugait de la façon suivante :

j’ai fait huttah
tu as fait huttat
il a fait huttaš
nous avons fait huttahu
vous avez fait huttaht
ils ont fait hutta

La phonologie de l’élamite est encore plus mal connue que celle du sumérien, car cette langue nous est parvenue rédigée en cunéiformes, qui s’avèrent ne la retranscrire que très approximativement. Au mieux pouvons-nous identifier certains éléments de grammaire et préciser plus ou moins assurément la signification de certains mots racines. L’énoncé était structuré en racines et bases, qui pouvaient être nominales, verbales ou nominoverbales, sur lesquelles étaient sufixées des particules précisant la nature des unités lexicales ainsi constituées. Les racines terminées par une voyelle pouvaient directement servir de base à des dérivations, mais celles terminées par une consonne devaient recevoir une voyelle thématique pour ce faire.

La langue désignée par le géographe arabe Istakhri au Xe siècle de notre ère comme xuzi (du Xuzistān, c’est-à-dire le Khuzistan, nom moderne de la Susiane) était peut-être un avatar tardif de l’élamite, car elle était décrite comme ne ressemblant à aucune autre langue de la région, ni à l’arabe, ni au persan.

L'écriture élamite [modifier]

Au cours du temps, trois graphies élamites se sont succédé :

Le proto-élamite est la plus ancienne. On la retrouve dès -2900 à Suse, capitale d' Élam. L'écriture proto-élamite aurait été développée à partir d'une écriture sumérienne préexistante. Elle utilise environ un millier de signes, et serait partiellement logographique. N'ayant pas encore pu la déchiffrer, on ne sait pas encore avec certitude si ces signes représentent l'élamite ou une autre langue.

L'élamite ancien est un syllabaire dérivé du proto-élamite et fut utilisé avec certitude entre -2250 et -2220, bien qu'il ait pu être mis au point plus tôt. Il n'a été que partiellement déchiffré, en particulier grâce aux travaux de Walther Hinz. L'élamite ancien consiste en 80 symboles écrits en colonnes verticales, lues de haut en bas et de gauche à droite.

L'écriture cunéiforme élamite fut en usage de -2500 à 330, adaptée à partir de l'akkadien. Cette écriture consiste en 130 symboles, soit bien moins que la plupart des autres écritures cunéiformes.

La période proto-élamite voit un développement artistique particulier, autour de la statuaire notamment. Mais le phénomène le plus notable de cette période est l'expansion des réseaux marchands des proto-élamites en direction du Plateau iranien, que l'on peut suivre grâce à la découverte dans plusieurs sites iraniens de tablettes portant une écriture dite proto-élamite : à Suse, Anshan, Tepe Yahya, Tepe-Sialk, Shahdad ou Shahr-i Sokhteh. Cette écriture, sans doute apparue sous l'influence de celle qui se développe alors à Sumer, est la plus ancienne forme d'écriture attestée après l'écriture sumérienne et les hiéroglyphes d'Égypte. Sa disparition sans postérité avec la culture proto-élamite nous prive de toute possibilité de traduction, et de compréhension des textes proto-élamites (qui sont selon toute vraisemblance de nature commerciale et comptable).

Les conditions de l'effondrement de la civilisation proto-élamite, entre 2800 et 2600, restent encore mystérieuses. Quand on obtient les premières attestations historiques sur l'Élam dans les sources mésopotamiennes vers 2600, ce pays est dominé par la dynastie d'Awan.

La langue élamite est divisée en trois grandes périodes, les mêmes que les périodes historiques : paléo-élamite, médio-élamite et néo-élamite, auxquelles on peut rajouter l'élamite tardif des tablettes de Persépolis[8].

Il y a eu trois types d'écritures attestés en Élam[9]. Le plus ancien, le proto-élamite, se développe à la fin du IVe millénaire av. J.-C., et est attesté surtout à Suse, mais aussi à Anshan et dans d'autres sites iraniens. Il s'agit d'une des plus anciennes formes d'écriture connues, avec l'écriture mésopotamienne et les hiéroglyphes égyptiens. Elle n'a toujours pas été traduite, mais on sait que les exemplaires connus sont relatifs à des opérations administratives ou commerciales.

L'élamite linéaire n'est attesté qu'à la fin du IIIe millénaire av. J.-C., durant le règne de Puzur-Inshushinak. On a supposé qu'il s'agissait d'un dérivé du proto-élamite, mais cela n'est pas sûr. Il n'a pas été traduit non plus. Il est cependant fort probable que cette écriture et la précédente ont servi à noter la langue élamite.

Les tablettes écrites retrouvée récemment à Konar Sandal (Jiroft) pourraient bien être d'une forme d'écriture d'élamite, il faut cependant attendre que les découvertes progressent et que l'on établisse les liens de celle-ci avec le proto-élamite et l'élamite linéaire.

L'élamite a été noté avec l'écriture cunéiforme mésopotamienne à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C.. Le plus ancien texte en élamite cunéiforme attesté est un traité de paix conclu entre un roi d'Awan et le roi Naram-Sin d'Akkad. L'élamite cunéiforme est écrit jusqu'à l'époque achéménide, le dernier lot de tablette de cette écriture qui nous soit connu est celui du palais de Persépolis. La forme de cunéiforme employée par les Élamites a tendance à faire un usage restreint des idéogrammes, pour privilégier une écriture plus phonétique qu'en Mésopotamie[10].

Les rois élamites ont également souvent écrit en akkadien, et les archives privées de Suse connues pour la période paléo-élamite sont dans cette langue (qui était probablement parlée dans cette ville) ; d'autres tablettes akkadiennes ont été retrouvées à Haft Tepe[11].

 

Apparition de l’écriture [modifier]

Tablette en écriture pictographique retrouvée à Kish.

L’écriture apparaît vers 3400-3300 av. J.-C.[3], quelque part dans le sud de la Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, fleuves de l'Irak actuel, sans doute à l’initiative de populations sumériennes, car elle présente des caractéristiques qui s’adaptent à la structure de cette langue. Les premières formes d’écriture attestées ne sont cependant pas cunéiformes, mais linéaires, que ce soit l’écriture mésopotamienne, ou le proto-élamite, même si on emploie déjà les tablettes d’argile comme support. Dès ses premiers siècles l'écriture comprend à la fois des logogrammes (un signe = une chose, qu'elle soit réelle ou idéelle, auquel cas on parle d'idéogramme) et des phonogrammes (un signe = un son), et des signes polysémiques (qui peuvent avoir plusieurs sens, idéographiques ou phonétiques). Les bases du fonctionnement ultérieur de l'écriture cunéiforme sont d'ores et déjà établies.

Développement et affirmation de la graphie cunéiforme [modifier]

Tablette en cunéiforme archaïque retrouvée à Shuruppak, milieu IIIe millénaire.

La graphie de l’écriture mésopotamienne (le proto-élamite étant resté linéaire) devient cunéiforme vers le milieu du IIIe millénaire (Dynastique archaïque III), quand au lieu de tracer des traits linéaires on choisit d’appliquer la tête du calame de roseau, instrument servant à écrire sur les tablettes d’argile, qui est de forme triangulaire, avant de tracer un trait constituant le caractère que l’on veut écrire[4]. C’est sans doute parce qu'elle est pratique, plus simple à inscrire sur de l'argile qu'une écriture linéaire, que cette forme se répand. Elle connaît un tel succès qu’elle est finalement reprise dans les inscriptions monumentales (longtemps restées linéaires), qui adoptent alors une graphie proche de celle des tablettes d’argile (mais souvent plus soignée), progressivement au cours des deux derniers siècles du IIIe millénaire.

 

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