Endroit des dieux !!???

 

Teotihuacan

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Cité préhispanique de Teotihuacan*
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Vue sur la Chaussée des Morts depuis la Pyramide de la Lune
Vue sur la Chaussée des Morts depuis la Pyramide de la Lune
Coordonnées 19° 41′ 30″ Nord
       98° 50′ 30″ Ouest
/ 19.69167, -98.84167
Pays Mexique Mexique
Subdivision État de Mexico
Région** Amérique latine et Caraïbes
Type Culturel
Critères (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
Numéro d'identification 414
Année d’inscription 1987 (11e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Teotihuacan (qui s'orthographie également Teotihuacán, et vient du toponyme nahuatl Teōtīhuahcān) est la plus grande cité de l'Amérique précolombienne à l'Époque classique. Le nom désigne aussi la civilisation dont l'influence, à son apogée, s'étendait à la plus grande partie de la Mésoamérique.

La cité se trouve à l'emplacement actuel des municipalités de San Juan Teotihuacán et de San Martín de las Pirámides, situées dans l'État de Mexico au Mexique, à environ 40 kilomètres au nord-est de la ville de Mexico et qui couvre une superficie totale de 82,66 km2 (19°41′N 98°50′W / 19.683, -98.833).

Des fouilles archéologiques ont montré que Teotihuacan était une cité multiethnique avec des quartiers distincts pour les Zapotèques, les Mixtèques ou les Mayas. Selon le chroniqueur espagnol Juan de Torquemada, les Totonaques affirmaient qu'ils en étaient les bâtisseurs[1].

Étymologie et traduction [modifier]

Les sources divergent sur l'étymologie de ce nom. Sa traduction est souvent abrégée en « cité des dieux »[2],[3] car toutes les interprétations désignent un sanctuaire révéré[4] et identifient le suffixe locatif -can, généralement traduit par « lieu »[5], « endroit »[6] ou « cité »[2].

Certains auteurs se fondent sur l'hypothèse que le radical est composé du verbe teotia et de la particule passive hua, et traduisent Teotihuacan par « lieu de divinisation » (teotia pouvant signifier « diviniser »)[5]. Une autre traduction classique est « lieu des adorations » ou « lieu d'adoration »[7] (d'après l'acception « adorer (un dieu) » de teotia)[8],[9].

Certains découpent davantage le mot en distinguant teo(tl) (dieu) de la ligature ti. Ils traduisent Teotihuacan par « l'endroit de ceux qui ont des dieux »[6] ou « lieu de ceux qui adorent des dieux »[4].

Une autre étymologie décompose le radical en teo(tl) et chihua (faire)[10]. Certaines traductions concordent avec cette interprétation : « lieu où un dieu est fait[11] », « lieu où se font les dieux[12] », « Là-où-se-font-les-dieux[13] » ou encore « lieu où les dieux naquirent[14] ».

Bernardino de Sahagún présente comme traduction une expression qui a fait fortune : « Le lieu où les dieux se réunirent ». En effet, dans la mythologie aztèque, c'est l'endroit où les dieux se réunirent pour créer le sixième soleil, celui de notre ère. La cité était également mentionnée sous le nom de Tollan, nom qui désignera des siècles plus tard la capitale toltèque Tula (Tōllān Xīcohcotitlān en nahuatl

La principale avenue centrale de la cité, l'« Allée des morts » (Miccaotli en nahuatl), est aujourd'hui encore bordée d'une architecture cérémoniale impressionnante, comprenant les immenses Pyramide du Soleil (la deuxième plus importante pyramide du Nouveau Monde après la Grande Pyramide de Cholula) et Pyramide de la Lune, le Temple de Quetzalcoatl ou Temple du Serpent à plumes et de nombreux palais et temples de moindre importance.

Plaque de jade représentant un souverain maya retrouvée à Teotihuacan (British Museum)

Aucun texte non idéographique de cette ville n'existe ou n'a existé. La cité est toutefois mentionnée sur certains monuments mayas, montrant que la noblesse de Teotihuacan voyageait et contractait des alliances matrimoniales avec les potentats locaux jusqu'à Copán dans l'État actuel du Honduras. Des inscriptions mayas font référence à un individu surnommé par les archéologues « Spearthrower (= propulseur, atlatl, arme caractéristique de Teotihuacan) Owl (= chouette) », qui serait un dirigeant de Teotihuacan ayant régné près de 60 ans et qui aurait imposé ses parents comme rois de Tikal et Uaxactun[16] (dans l'État actuel du Guatemala). Ces relations étaient réciproques : on a retrouvé à Teotihuacan des objets provenant de la zone maya. Plus éclairant encore : l'analyse isotopique de trois squelettes retrouvés récemment dans une tombe de la Pyramide de la Lune a permis de déterminer qu'ils étaient originaires des Hautes-Terres mayas[17].

 

Site archéologique [modifier]
Maquette de Teotihuacan. Au centre, l'Allée des Morts qui en constitue l'axe nord-sud avec à son extrémité la Pyramide de la Lune, à droite la Pyramide du Soleil

Le site archéologique de Teotihuacan couvre une superficie de 25 km2, dont seuls 2 % ont fait l'objet de fouilles systématiques[19]. Il est orienté nord-sud avec une déviation de 15° 50' vers l'est. Sous la forme qui se présente à nous, la cité est divisée en quatre quadrants par deux grandes artères qui se coupent à l'emplacement de la « Citadelle » et du « Grand Ensemble ». D'un point de vue religieux, cette disposition constitue un cosmogramme, c'est-à-dire la représentation symbolique du monde sur un plan horizontal, ici à l'échelle d'une ville, avec en son centre un bâtiment qui en constitue le pivot, l'axe vertical. On retrouve une telle disposition à Tenochtitlan, la capitale des Aztèques.

La ville est dessinée à partir d'un axe central, l'« allée des Morts » qui traverse le site du nord au sud sur une perspective d'environ quatre kilomètres et d'environ quatre-vingt dix mètres dans sa plus grande largeur, avec au nord la « pyramide de la Lune », au sud le quadrilatère de la « Citadelle » et à mi-chemin, la plus haute structure de la ville, la « pyramide du Soleil ». De part et d'autre de l'« allée des Morts » se dressent de nombreux temples consacrés aux dieux secondaires.

Pyramide du Soleil [modifier]
Pyramide du Soleil

À l'origine de sa construction se trouve une grotte d'origine volcanique longue d'une centaine de mètres[20]. Il convient de rappeler que les grottes jouent un rôle important dans les religions mésoaméricaines : elles sont un symbole de fertilité, le lieu d'émergence de l'homme, mais aussi un accès à l'inframonde, celui de la mort. Le soin avec lequel cette cavité a été aménagée témoigne de l'importance que les Teotihuacanos lui attachaient. La pyramide du Soleil, construite au-dessus de la grotte, comporte cinq degrés en talus. Haute de 65 mètres, elle forme approximativement un carré de 225 mètres de côté, dont le volume totalise plus d'un million de mètres cubes. Contrairement à beaucoup d'autres pyramides mésoaméricaines, elle a, pour l'essentiel, été construite d'un jet. Son avant-corps constitue la principale adjonction ultérieure. Le temple qui occupait son sommet a disparu.

 Allée des Morts [modifier]
Peinture murale du Complexe de Tepantitla représentant un joueur de balle

Parallèlement à la façade ouest de la pyramide du Soleil court l'artère principale de Teotihuacan, que les Aztèques appelaient déjà Miccaotli : l'Allée des Morts, car ils croyaient que les monuments qui la longeaient étaient des tombeaux[21]. Sa largeur peut varier considérablement, de 40 à 95 mètres. Elle est entrecoupée de marches et de paliers. On pense que certaines sections de l'Allée des Morts auraient pu servir de terrains de jeu de balle : en effet, bien qu'il existe des témoignages — essentiellement des peintures murales — que le jeu était bien pratiqué à Teotihuacan, on n'a jamais retrouvé de terrain semblable à ceux d'autres régions de la Mésoamérique[22].

Pyramide de la Lune [modifier]

Pyramide de la Lune

Vers le nord, l'Allée des Morts mène à la pyramide de la Lune, derrière laquelle se profile un ancien volcan, le Cerro Gordo. Devant l'édifice se trouve la place de la Lune, longée par des plates-formes qui répondent à une symétrie rigoureuse.

Les fouilles menées en 1998 ont permis de vérifier que, contrairement à la pyramide du Soleil et à l'instar de nombreuses autres pyramides mésoaméricaines, elle est le résultat de la superposition de plusieurs monuments : les archéologues ont dénombré pas moins de sept phases de construction[23]. En creusant des tunnels dans la pyramide, les archéologues Subiro Sugiyama et Rubén Cabrera Castro ont découvert une tombe correspondant à la quatrième phase. Elle contenait le corps d'un individu probablement sacrifié accompagné d'un dépôt d'offrandes : objets divers en jade, obsidienne, pyrite ainsi que des restes d'animaux, notamment des pumas et un loup qui auraient été enterrés vivants. Quatre autres individus auraient été sacrifiés lors de la cinquième phase : la position de leurs mains semble indiquer qu'elles auraient été liées dans le dos. Esther Pasztory a émis l'hypothèse que la Pyramide du Soleil était dédiée à la «Grande Déesse» de Teotihuacan, tandis que la Pyramide de la Lune aurait été dédiée au «Dieu de l'Orage», mais reconnaît volontiers que ce pourrait être l'inverse, ou même ni l'un ni l'autre. Il a été établi que ces pyramides successives ont été érigées tous les 52 ans, cycle qui correspond au retour du calendrier religieux (260 jours) sur les mêmes jours du calendrier terrestre (365 jours)[24].

La Citadelle

Maquette de la Citadelle
L'intérieur de la Citadelle avec le temple de Quetzalcóatl
Décor sculpté du Temple du Serpent à Plumes
Quelques-uns des squelettes retrouvés sous et autour de la Pyramide du Serpent à plumes

En empruntant l'Allée des morts vers le sud, à l'intersection avec la grande artère est-ouest, se dresse un immense complexe que les archéologues appellent « la Citadelle ». L'ensemble occupe une surface 160 000 m2 et forme une enceinte de 400 mètres de côté, qui lui donne l'apparence d'une citadelle, bien qu'elle n'ait aucune fonction de défense. L'enceinte délimite une esplanade au fond de laquelle se dresse le Temple du Serpent à Plumes, parfois encore appelé Temple de Quetzalcoatl. Il est flanqué de deux complexes d'habitations. Le Temple du Serpent à Plumes est une pyramide à sept degrés en talud-tablero, construite vers 150[25]. Par la suite, on lui a adjoint sur sa façade occidentale un avant-corps (adosada en espagnol) qui, en dissimulant ce côté de la pyramide, assurait la préservation de son décor, les autres côtés ayant été volontairement détruits. Cette décoration en haut-relief des talud-tableros, est unique à Teotihuacan[26]. Les talus sont ornés de serpents à plumes ondulants. Sur les panneaux verticaux des têtes de reptiles jaillissant d'une collerette de plumes alternent avec des sculptures difficilement définissables, d'allure géométrique. À cause de leurs « yeux cerclés », elles ont souvent été identifiées[27] à tort[28] avec la divinité aztèque Tlaloc. L'archéologue Saburo Sugyiama les considère comme des représentations de coiffures. De nombreux auteurs parlent de « coiffures de Serpents guerriers[29] ». Le Temple du Serpent à plumes est la dernière des grandes structures à avoir été édifiées à Teotihuacan[30]. Elle a requis la mise en œuvre de moyens considérables : chaque tête de serpent, fixée par un tenon, ne pèse pas moins de quatre tonnes. À l'époque de sa splendeur, ces sculptures étaient peintes, comme on peut l'apprécier sur la reconstitution présentée au Musée National d'Anthropologie de Mexico.

Lors des fouilles effectuées à la fin du XXe siècle, on a découvert sous et autour de la pyramide un grand nombre de squelettes. Dans leur majorité, il s'agit d'individus jeunes, de sexe masculin, dont la position des mains, croisées derrière le dos, semble indiquer qu'elles étaient liées et qu'il s'agit de victimes de sacrifices humains[31

 

 

 

Suite !!

 

 

 

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