Fumée, Feu et Soufre! Suite 5 !!

 

L'accusé principal en Amérique du Sud est le phénomène « El Niño », ensuite l'homme

Le phénomène « El Niño » est une anomalie climatique qui se produit « aléatoirement » presque tous les trois ans, lorsque les alizés, qui soufflent d’est en ouest sur le Pacifique, perdent de leur vigueur et forment une énorme masse d’air chaude. Cette masse, de la taille des Etats-Unis, habituellement bloquée par les vents près de l’Indonésie, s’échappe vers les côtes du Pérou, puis repart en sens inverse. Ce mouvement est une des phases d’un système de fluctuation du climat appelé Enso (El Niño Southern Oscillation) qui serait responsable des dérèglements climatiques sur toute la planète en 1997-1998. Ces fluctuations climatiques ont provoqué de grands changements dans la direction des vents, entraînant des courants d'air plus violents : les feux de forêts sont donc plus fréquents et se propagent rapidement.

Cependant, l’homme reste le principal responsable direct des feux de forêts en Amérique du Sud, à cause de la pratique intense de déboisement par le feu.
Au Brésil, en 1998, la forêt de l’Etat amazonien du Roraima s’est enflammée suite à cette pratique regrettable de déboisement. En effet, dans cet Etat, le feu est la conséquence avérée de la surexploitation de la forêt par des nouveaux agriculteurs, arrivés en surnombre depuis 1978 et encouragés par les autorités brésiliennes pour coloniser l’Amazonie. Selon les statistiques de l’Institut de recherches d’Amazonie (INPA) : en 1978, il y avait 80 000 habitants dans le Roraima qui était couvert à 72 % par les forêts, alors qu’en 1996, on comptait plus de 262 000 habitants. Pour conquérir l’Amazonie, les nouveaux colons ont déboisé en brûlant d’immenses superficies de forêts. Entre 1978 et 1996, la superficie dénudée est multipliée par 50 à cause de la forte spéculation foncière : la valeur d’un hectare déboisé dans le Roraima est 10 fois supérieure à celle d’un hectare de forêt. L’Institut de l’environnement brésilien (IBAMA) estime que le plus souvent les incendies de forêts sont d’origine criminelle, provoqués par les exploitants agricoles. On sait à quel point la possession de la terre est un enjeu vital dans un pays où 2% des propriétaires « latifundiaires » détiennent plus de la moitié des superficies exploitées.

Le dérèglement climatique et l’homme sont également accusés en Asie du Sud-Est

En Asie du Sud-Est, le dérèglement climatique est également accusé d’être à l’origine des feux qui ont endommagé de grandes surfaces de forêts de certains pays. Une sécheresse exceptionnelle, avec un climat sec, a persisté dans l'Est Kalimantan jusqu'en 1998, contribuant au déclenchement d'incendies catastrophiques. Pendant la saison d'incendies de 1997 et de 1998, plusieurs rapports émanant des autorités politiques et scientifiques indonésiennes indiquent que la sécheresse qui a frappé le pays était à l’origine de ces feux. Il vrai qu’en Indonésie, le feu a pris en août 1997 lors d’une des sécheresses les plus graves des 50 dernières années, à cause probablement du retard de la saison des moussons (fortes pluies) suite à l’effet d’El Niño. Le territoire du Kalimantan, déjà dégradé par l’intense exploitation forestière, a été dévasté par des feux immenses ; même les fortes pluies, certes tardives, ont eu du mal à éteindre les braises.

Pour l'été 2005, les autorités de Kuala Lumpur soupçonnent franchement les propriétaires et les sociétés de plantations malaisiennes pour la provocation d’immenses feux de forêts en Malaisie et en Indonésie, qui ont contaminé l'air jusqu'à l'île touristique de Phuket, en Thaïlande. Jakarta affirme également que huit plantations sur dix, défrichées de façon illégale par le feu, sont malaisiennes.

Chaque année, lors de la saison sèche, les agriculteurs et les exploitants forestiers en Indonésie et en Malaisie défrichent et préparent des terrains pour les cultures en y mettant le feu. Cette pratique des brûlis, interdite par la loi, est fréquente à Sumatra et Kalimantan . En 1997 et 1998, ces incendies incontrôlés avaient obscurci le ciel d'une partie de l'Asie du Sud-Est pendant des mois, entraînant une forte pollution de l’air et des pertes en vies humaines, provoquant de nombreuses perturbations, notamment dans le trafic aérien, et causant des pertes économiques estimées à 9,3 milliards de dollars.

Il est clair que les incendies qui se sont produits récemment en Indonésie résultent de la conjonction d'une sécheresse extrême et des activités agricoles, notamment l'agriculture traditionnelle sur brûlis et les défrichements à grande échelle pour l'établissement de plantations industrielles. Il est évident que ces pratiques agricoles et forestières rendent de plus en plus les forêts vulnérables au feu.

En effet, en Indonésie, la surexploitation commerciale des forêts dégrade depuis plus de 15 ans la forêt tropicale en toute légalité, et avec pour seul objectif le profit rapide et maximal. Le feu est un moyen qui permet de remplacer rapidement et facilement les espèces d’arbres sans valeur marchande par des essences rentables, comme le palmier à huile ou l’eucalyptus. Selon le ministère indonésien de la forêt, de 500 000 à 700 000 ha de forêts ont été transformés en plantations en 15 ans. Sur les 560 départs d’incendies qui ont été constatés, la plupart est due à une volonté délibérée de destruction. Pourtant, les autorités indonésiennes avaient interdit, depuis 1995, d’allumer des feux. En vain, au moins pour ce qui est des grandes sociétés agricoles et forestières. En 1997, la culpabilité de 160 entreprises indonésiennes a été établie et sur les 46 enquêtes menées à leur terme, cinq ont donné lieu à des poursuites. A signaler qu’en Malaisie, 17 entreprises condamnées pour les feux de forêts ont versé seulement 8000 dollars d’amende !

La sécheresse et l’homme restent les principaux accusés en Méditerranée

Sécheresse lors de la canicule de 2003 en France
Sécheresse lors de la canicule de 2003 en France
Crédit : notre-planete.info

La sécheresse a fortement affecté, ces dernières années, l’ensemble des pays du bassin méditerranéen, en particulier le Maroc, l’Algérie, le Portugal, l’Espagne et la France. Conséquence à cette sécheresse exceptionnelle : le désolant enchaînement d’incendies de forêts dans ces pays, auquel on assiste impuissant chaque année et qui ne semble jamais prendre fin. Chaque été, les médias rapportent la destruction des forêts méditerranéennes par le feu, ici et là, dans presque tous les pays du pourtour méditerranéen.

Au Maroc, 230 incendies en moyenne sont déclarés par an, pour une superficie moyenne de 3000 ha, avec un maximum en 1983 de 11 300 ha. L’année 2004 a été caractérisée par des incendies très violents, dont la forêt d’Izaren dans la région de Sidi Kacem qui a perdu 4500 ha en flammes. La région connue au Maroc pour être la zone à haut risque pour les feux de forêts et où on enregistre le plus important nombre de départs de feux, est celle du Rif. La seule région de Tétouan et de Chefchaouen a enregistré depuis le début de l’année 2005 plus de 30 incendies qui ont détruit environ 2500 ha de forêts. Dans la région de Kétama, province d’Al-Hoceima, les paysans brûlent chaque année des milliers d’hectares de forêts en pleine montagne pour gagner des nouvelles terres cultivables pour le cannabis.

En Algérie, cet été, suite à la canicule (plus de 50°C) qu’a connu le pays, plusieurs foyers de feux ont été constatés sur certains massifs forestiers. Dans la région de Batna, la plus forestière d’Algérie, le djebel Belezma et les Bni Fedhla ont été atteints par un brasier accentué par le sirocco, vent soufflant à plus de 80 km/h. Le feu a ravagé une importante partie de la forêt de cette région. En 2002, les feux ont détruit plus de 2000 ha, dans le Djebel Kimmel, dans la zone d’Arris.

La situation dans le sud de l'Europe est plus dangereuse et plus critique qu’en Afrique du Nord. Les experts constatent, après une baisse du nombre des incendies en 2004, que les feux de forêts se multiplient de façon dramatique cette année, avec une situation comparable à la saison estivale 2003, où les feux ont brûlé 740.000 ha et provoqué la mort de 40 personnes. Selon les statistiques fournies début juillet 2005, 76 000 ha de forêts ont déjà été ravagés par les feux au Portugal, auxquels s'ajoutent plus de 37.000 ha en Espagne, 14.000 ha en Italie et 15.000 ha en France depuis début août.

L'Espagne et le Portugal ont connu cette année la plus grave sécheresse de leur histoire climatique. Au Portugal, la sécheresse couvrait, fin juin, 97% du territoire mais c’est l’Algarve, la région la plus au sud, qui est la plus touchée. En Espagne, on n'avait pas vu une telle désolation depuis les années 40, et les réserves d'eau sont tombées à moins de 20% de leur capacité. En plus de la sécheresse, principale cause des incendies, la négligence humaine (barbecue allumé en forêt, randonneurs mal intentionnés, ...) et les « pyromanes » sont les causes directes de la récente hausse du nombre des feux de forêts à travers l'Europe, estime la Commission européenne. Seuls 10% à 15% des feux sont dus à des causes naturelles.

Les feux de forêts dans le bassin méditerranéen représentent une part importante des incendies de la planète. On recense en moyenne 60.000 feux par an dans les pays à risque d'incendie de la zone méditerranéenne. Dans certains pays méditerranéens, on enregistre plus de 20.000 feux de forêt par an. Ces feux détruisent chaque année jusqu'à 700.000 ha en région méditerranéenne et le plus souvent ces incendies éclatent durant la saison sèche. Quelques 140.000 ha sont déjà partis en fumée dans les feux de forêts qui ont ravagé le sud de l'Europe au cours des sept premiers mois de l'année, selon des chiffres publiés récemment par la Commission européenne. L'an dernier, 346.766 ha de forêts avaient été détruits: au Portugal (129.600 ha), en Espagne (127.900 ha), en France (10.500 ha), en Italie et en Grèce (10 000 ha), selon le rapport annuel établi par la Commission. Les chiffres, réunis par le Système d'information des feux de forêts européen (EFFIS), montrent que la saison 2005 risque d'être assez mauvaise par rapport à l'année précédente.

 http://www.ecosociosystemes.fr/feux_foret.html

 

Une étude récemment publiée par des scientifiques du Centre national de recherche atmosphérique (NCAR) et de l’université du Colorado indique que les grands incendies de forêts touchant un état de l’ouest ou du sud des États-Unis peuvent rejeter en quelques semaines autant de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que l’ensemble des véhicules à moteur de l’État en un an.

Le rapport intitulé "Estimates of CO2 from fires in the United States : implications for carbon management" (Estimation du CO2 issu des incendies aux Etats-Unis : les implications pour la gestion du carbone) a été publié le 1er novembre dans la revue « Carbon Balance and Management ». La partie du projet de recherche réalisée par le NCAR fut financée par la National Science Foundation, l’un des principaux sponsors du NCAR.
Les deux auteurs (Christine Wiedinmyer du NCAR et Jason Neff de l’université du Colorado) ont utilisé des observations satellites des incendies ainsi qu’un nouveau modèle informatique développé par Mme Wiedinmyer. Celui-ci permet d’évaluer le dioxyde de carbone émis en se basant sur la superficie de végétation brûlée. Ils attirent toutefois l’attention sur une marge d’erreur possible de leurs estimations de près de 50 %, à la fois en raison de données inexactes sur l’étendue des feux et des estimations variables de la quantité de dioxyde de carbone émise par les différents types de flammes.

Les feux de forêts aux Etats-Unis contribuent pour près de 6% aux émissions de CO2 d'origine fossile du pays

 Au total, l’étude indiquerait que les incendies qui se déclarent aux Etats-Unis et en Alaska libèrent environ 290 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 4 à 6 % des émissions de CO2 du pays dues à la combustion de carburants fossiles. Cependant, ces feux sont responsables d’une plus grande partie des émissions de ce puissant gaz à effet de serre dans certains pays de l’ouest et du sud des Etats-Unis, notamment l’Alaska, l’Idaho, l’Oregon, le Montana, Washington, l’Arkansas, le Mississipi et l’Arizona. Les incendies les plus violents peuvent libérer en très peu de temps d’importantes quantités de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
« Une saison d’incendies particulièrement violents d’un mois ou deux peut impliquer la libération d’autant de carbone que n’émettrait l’ensemble du secteur du transport ou de l’énergie d’un État en un an », affirme les auteurs de l’étude.

Incendies californiens

Les incendies recensés fin octobre au sud de la Californie se sont déclarés après la publication du rapport mais cela n’a pas empêché Mme Wiedinmyer d’utiliser son nouveau modèle informatique pour analyser les émissions de carbone provoquées lors de ceux-ci. D’après ses premières estimations, il semblerait que ces feux aient entraîné l’émission de 7,9 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur la seule semaine du 19 au 26 octobre, soit environ 25 % des émissions mensuelles de CO2 de toute la Californie liées à la combustion de carburants fossiles.
« Les incendies de cette ampleur peuvent rejeter d’impressionnantes quantités de dioxyde de carbone dans l’atmosphère en un temps record », insiste Wiedinmyer. « Cela ne nous aide malheureusement ni à comprendre notre bilan de carbone, ni à lutter efficacement contre le réchauffement global. »

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1439_feux_forets_USA_quantites_CO2.php

Suite !

http://www.noella1.com/pages/desertification-des-sols-secheresse.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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