L'indice de développement humain [modifier]
L'indice de développement humain (IDH) est le premier des indices créés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Utilisé depuis les années 1990, l'IDH combine trois facteurs permettant d'apprécier les « capacités » des résidents de ces pays (leurs capabilitiesselon l'économiste Amartya Sen) :
L'IDH classe les pays en établissant la moyenne entre ces trois indices principaux « normalisés » (c'est-à-dire ramenés à une échelle de 0 à 1).
Le PNUD publie aussi trois autres indicateus synthétiques :
Au début des années 2000, dans la lignée du mouvement impulsé par le PNUD, de nombreuses institutions se sont mises à discuter des limites du PNB pour tenter de les dépasser. En novembre2004 à Palerme, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a organisé un premier Forum mondial de l’OCDE sur ce thème. Fin juin 2007, l'OCDE a organisé un second colloque à Istanbul portant sur « les statistiques, les connaissances et les politiques ». Il a débouché sur une déclaration énergique exhortant les bureaux statistiques du monde entier à « ne plus se limiter aux indices économiques classiques comme le produit intérieur brut (PIB) »[8].
Face aux mises en cause multiformes de la mondialisation, il s’agissait d’abord, comme le déclarait le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria, de « mesurer en quoi le monde est devenu meilleur ». Afin de mettre en œuvre et généraliser cette déclaration signée par l’ONU et le PNUD, laCommission européenne a réuni les 19 et 20 novembre 2007 à Bruxelles un colloque international dénommé Beyond the GDP (Au-delà du PIB), durant laquelle son président, José Manuel Durão Barroso, défendait la mise en place de nouveaux indices pour mesurer les problèmes contemporains.
Ces réunions institutionnelles ont rassemblé une large part des nombreux indicateurs alternatifs mis au point dans le monde entier afin d'évaluer le bien-être social et environnemental. Parmi ces indicateurs synthétiques alternatifs, certains concernent les problèmes sociaux contemporains, d'autres les inégalités et la pauvreté, la sécurité économique et sociale ou le patrimoine écologique.
L’Indice de santé sociale (ISS) a été mis au point aux États-Unis par deux chercheurs, Marc et Marque-Luisa Miringoff. L’ISS est un indice social synthétique visant à compléter le PIB pour évaluer le progrès économique et social. C'est une sorte de résumé des grands problèmes sociaux présents dans le débat public aux États-Unis dans les années 1990. Il se traduit dans seize indicateurs sociaux dont il fait une sorte de moyenne. Sont ainsi regroupés dans cet indice des critères de santé, d'éducation, de chômage, de pauvreté et d'inégalités, d'accidents et de risques divers. L'ISS a acquis une grande réputation internationale en 1996, année de la parution d'un article majeur dans la revue économique Challenge montrant le décrochage des courbes de progression du PNB et de l'ISS aux États-Unis, le premier continuant à progresser alors que le second plongeait durablement après les années 1973-1975. Ce graphique montre ainsi en quoi les années Reagan et Bush père ont porté un rude coup à la santé sociale des États-Unis, laquelle se trouvait en 1996 à un niveau nettement inférieur à celui de 1959, en dépit d’une très belle courbe de croissance économique.
Le BIP 40 est un indicateur synthétique de l'évolution des inégalités en France dont le nom est une référence ironique à la fois au PIB (inversé) et au CAC 40. Cet indicateur a été mis au point et présenté à la presse en 2002 par réaction au fait que la santé économique et la santé boursière ont droit à des indices synthétiques fortement médiatisés, alors que ce n'est pas le cas pour ceux de la « santé sociale ». Cela même si l’INSEE publie de nombreuses études et indicateurs sur le sujet[9]. L'équipe de militants syndicalistes, d'économistes et de statisticiens français qui ont agrégé des indicateurs pour former le BIP 40 est associée à un réseau associatif militant pour la réduction des inégalités, le Réseau d’alerte sur les inégalités (RAI).
De façon récente, des chercheurs de grandes institutions internationales (comme Guy Standing auBIT à Genève) et de pays développés (tels Lars Osberg et Andrew Sharpe au Canada[10] ouGeorges Menahem en France) ont mis au point des indicateurs visant à cerner le degré de protection économique des personnes contre les principaux risques de perte ou de diminution forte de leurs revenus, par exemple en matière de chômage, de maladie, de retraite, etc.
Osberg et Sharpe prennent ainsi en compte quatre composantes caractérisant le bien-être des populations dans la construction d’un Indicateur du bien-être économique (IBEE) :
Grâce à leur indicateur ils sont en mesure de comparer les tendances d’évolution du bien-être économique dans six pays de l’OCDE : États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Norvège et Suède[11].
Des comparaisons sont ainsi données sur le site du laboratoire de ces deux chercheurs canadiens[12]. Une application de l'IBEE au cas de la France a été proposée par Florence Jany-Catrice et Stephan Kampelmann en juillet 2007[13].
Dans les travaux de Guy Standing effectués dans le cadre du Bureau international du travail (BIT), la vision est centrée sur le travail et vise à cerner la sécurité économique dans sept domaines. Dans un deuxième temps, un indice synthétique permet d'effectuer une moyenne de ces sept domaines[14] : les revenus (y compris les prestations sociales), la participation à l’activité économique, la sécurité d’emploi, la sécurité du travail (contre les risques d'accidents ou de maladies professionnels), la sécurité des compétences et qualifications, la sécurité de carrière, et enfin celle de la représentation syndicale et d’expression des salariés.
Une série de grandes enquêtes ont ainsi été menées par les missions locales du BIT dans une vingtaine de pays. Les pays scandinaves sont à nouveau aux premières places pour cet indicateur.
En France, Georges Menahem a mis au point en 2005 un indicateur baptisé taux de sécurité économique (TSE). Selon ses dernières publications[15], la sécurité économique peut être décomposée entre une partie « marchandisée » dépendante des relations salariales et de la vente des produits, et une partie "démarchandisée" relative aux prestations et aides auxquelles les individus ont droit indépendamment de leurs relations actuelles avec le marché (comme la retraite, les allocations familiales, de logement, de chômage ou le RMI). Ses estimations sur une trentaine de pays montrent que le taux de sécurité démarchandisée est un bon indicateur de l'efficacité du système de protection sociale : il est maximum enSuède et dans les pays Nordiques, il est encore important dans les pays continentaux tels l'Autriche, l'Allemagne ou la France, mais il est faible au Royaume-Uni et dans les pays Européens du Sud comme l'Italie, la Grèce ou l'Espagne et très limité dans les pays d'Europe Centrale et Orientale tels la Lettonie ou laLithuanie. Quant aux États-Unis, leur taux de sécurité démarchandisée est négatif, ce qui témoigne du mauvais état des protections sociales dans ce pays présenté comme un modèle de l'économie de marché. Ce taux n'est que faiblement positif dans deux autres exemples du modèle « libéral » selon le sociologue danois Gosta Esping-Andersen[16] : en Australie et au Canada, à un niveau à peine plus élevé pour ce dernier car les programmes sociaux y sont plus étendus.
L'Empreinte écologique est un indicateur visant à mesurer les pressions économiques sur l'environnement. L’empreinte écologique d’une population est la surface de la planète, exprimée en hectares, dont cette population dépend compte tenu de ce qu’elle consomme. Les principales surfaces concernées sont dédiées à l’agriculture, à la sylviculture, à la pêche, aux terrains construits et aux forêts capables de recycler les émissions de CO2. Il s’agit d’un indicateur synthétique, qui « convertit » en surfaces utiles de multiples pressions humaines sur l’environnement, mais pas toutes.
On peut calculer cette empreinte pour une population allant d’un seul individu à celle de la planète, et par grands « postes » de la consommation. Par exemple, la consommation alimentaire annuelle moyenne d’un Français exige 1,6 hectare dans le monde ; son empreinte totale (alimentation, logement, transports, autres biens et services) est de 5,3 hectares[17]. Pour un Américain, on obtient 9,7 hectares : le record du monde.
Or l’empreinte par personne « supportable » par la planète aujourd’hui, compte tenu des rythmes naturels de régénération des ressources était de 2,9 hectares en 1970, et elle ne cesse de diminuer sous l’effet de la progression de la population, de la régression des terres arables, des forêts, des ressources des zones de pêche, etc. Elle est passée à 2 hectares en 1990 et elle n’est plus que de 1,8 hectares en 2001. Si tous les habitants de la planète avaient le mode de vie des Américains, il faudrait 5,3 planètes pour y faire face. Si tous avaient le niveau de vie moyen des Français, il en faudrait près de trois.
De nombreux rapports ont déjà été produits, dont ceux particulièrement documentés et fiables du Global environmental conservation organization[18] (soit le World Wide Fund for Nature ou WWF). Mais leurs conséquences sont limitées compte tenu de la faible visibilité dans la sphère publique de ce problème, ses conséquences négatives sur la vie quotidienne ne touchant pas encore vraiment les acteurs économiques, politiques et médiatiques dominants et les nations les plus favorisées même si leur empreinte écologique est pourtant de loin la plus importante. De ce fait, elles peuvent croire encore dans les bénéfices d’une croissance matérielle soutenue et indéfinie, les indicateurs des limites de notre planète matériellement finie étant difficiles à percevoir.
Limites
L'empreinte écologique est un indicateur abstrait et synthétique qui ne traduit qu'une faible part des conséquences du dérèglement du climat et des dégradations des écosystèmes. La comparaison de l'empreinte de l'Afrique et de l'Europe montre certes que les pays les plus pauvres ont encore, pour quelque temps, une empreinte écologique par personne très supportable par la planète, ce qui permet aux pays favorisés d'utiliser bien plus que leur surface. Ainsi, les dommages restent au faible niveau des premiers signes que nous observons actuellement. Selon le WWF, ce résultat traduit une dette écologique des pays riches par rapport aux pays pauvres : les premiers « empruntant » aux seconds[19] d’énormes surfaces de ressources naturelles, terres arables, forêts, aux pays du Sud. Tout se passe comme s'ils y exportaient leur pollution, au moins celle qui ne connait pas de frontière, à commencer par celle des gaz à effet de serre.
Mais l'empreinte écologique est limitée car elle ne permet d'illustrer que très indirectement l'importance des conséquences du réchauffement climatique :
L'importance et la diversité de ces catastrophes à venir suggère qu'il faudrait compléter l'empreinte écologique par une batterie d'indicateurs d'inégalités économiques et sociales afin d'évaluer en quoi certaines populations plus pauvres sont davantage touchées par ce que les populations riches nomment les « aléas » climatiques[20]. La moitié de la population mondiale vit ainsi dans des zones côtières qui risquent d'être submergées si le niveau des mers s’élevait d’un mètre, évolution possible pour le siècle à venir selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) si les tendances actuelles persistent[21].
SUITE ! http://www.noella1.com/pages/coefficient-de-gini.html